Pour mieux maîtriser l'explosion des colis arrivés de Chine, le gouvernement a détaillé mardi son plan d'action musclé. Bercy entend rééquilibrer le marché et renforcer les contrôles sur les plateformes comme Shein, AliExpress et Temu.

Des colis Shein et Temu entassés © Gouvernement
Des colis Shein et Temu entassés © Gouvernement

La riposte française à l'invasion des plateformes chinoises d'e-commerce a d'un seul coup pris une autre tournure. Ce mardi 29 avril, quatre ministres se sont déplacés à Roissy pour présenter un plan d'action ambitieux contre les dérives du commerce en ligne. Contrôles renforcés, fin des exemptions douanières et lutte contre la fraude fiscale constituent les principales armes que le gouvernement compte déployer face aux géants comme Temu et Shein.

Des contrôles triplés pour filtrer le tsunami de colis

Il y a quelques jours, nous vous expliquions qu'en 2024, pas moins de 4,6 milliards de colis sous les 150 euros ont déferlé dans l'Union européenne, dont 91% en provenance de Chine. Un volume qui a quadruplé en quatre ans, et doublé sur les deux dernières années. En France, ce sont 1,5 milliard de colis qui ont été livrés l'an dernier, avec une valeur moyenne de seulement 8 euros pour les articles des plateformes chinoises. De quoi inquiéter sérieusement les industriels français.

Le premier volet du plan gouvernemental détaillé mardi depuis l'aéroport Charles de Gaulle porte sur la sécurité des consommateurs. « Dès cette année, les prélèvements ciblés sur les colis e-commerce seront triplés », annonce le ministère de l'Économie.

La DGCCRF, à savoir la Répression des fraudes, mettra également en place une nouvelle doctrine de contrôle « à 360° », en analysant simultanément la conformité aux normes de sécurité, l'étiquetage et les allégations environnementales. Un rappel utile, quand on sait que 19% des jouets contrôlés en 2023 étaient dangereux. Eux auront bientôt droit à leur passeport européen, d'ailleurs.

L'information des consommateurs sera aussi renforcée, avec une communication amplifiée autour des produits retirés. Via Rappel'Conso, les réseaux sociaux et le site de la DGCCRF, les Français seront alertés non seulement des produits dangereux, mais aussi que « les produits similaires sont susceptibles de présenter les mêmes défauts ». Une coordination européenne permettra que les produits repérés dans un pays soient immédiatement écartés dans toute l'Union.

La fin du régime de faveur pour l'e-commerce chinois

Le second volet crucial concerne la lutte contre les distorsions économiques. La situation actuelle désavantage clairement les entreprises françaises. Comment rivaliser avec Shein, qui expédie 5 000 tonnes de vêtements quotidiennement par voie aérienne (10 000 tonnes au total pour les trois plus grandes plateformes) et lance 7 000 nouvelles références chaque jour ? La France portera donc auprès de l'Union européenne une demande claire, celle de la fin de l'exemption des fameux droits de douane pour les petits colis de moins de 150 euros.

En attendant cette réforme, qui prendra sans doute du temps, le gouvernement envisage d'instaurer des « frais de gestion » forfaitaires sur chaque colis. « Pour que ce projet soit opérationnel et évite les contournements, il devra être porté à l'échelle européenne », nous dit le gouvernement.

Les contrôles seront par ailleurs dirigés en priorité vers les plateformes les plus importantes, avec un principe simple : un contrôle sur un acteur de petite taille s'accompagnera automatiquement du même contrôle sur les géants.

Enfin, il y aura un renforcement de la traque aux fraudeurs fiscaux. Les importateurs qui ne présenteront pas leurs registres après demande de l'administration ou les représentants fiscaux sans garanties de solvabilité seront radiés. Ces mesures interviennent dans un contexte international qui se tend, le gouvernement craignant que « l'augmentation des droits de douane » décidée par Donald Trump « pourrait entraîner la redirection des flux de marchandises asiatiques vers l'Europe ».