La Commission européenne envisage de supprimer l'exemption de droits de douane sur les produits importés de moins de 150 euros. Cette mesure viserait principalement les géants chinois de l'e-commerce comme Temu, Shein et AliExpress, qui inondent le marché européen de produits à bas prix.
L'Union européenne s'apprête à lancer une offensive contre les géants chinois du commerce en ligne. Dans son viseur : Temu, Shein, AliExpress et consorts. Ces plateformes ont conquis les consommateurs européens à grand renfort de produits à prix cassés.
Mais voilà, Bruxelles ne l'entend pas de cette oreille. La Commission mijote un plan qui pourrait bien faire grincer des dents du côté de Pékin. Son arme secrète ? Une réforme des droits de douane qui risque de chambouler le business model de ces mastodontes de l'e-commerce. Un coup de tonnerre dans le ciel du shopping en ligne qui promet de faire des vagues.
La Commission européenne s'attaque aux importations bon marché chinoises
L'exécutif européen a une idée derrière la tête : mettre fin à l'exemption de droits de douane pour les produits importés d'une valeur inférieure à 150 euros. Cette mesure, si elle est adoptée, frapperait de plein fouet les géants chinois de l'e-commerce.
Actuellement, les colis achetés en ligne depuis un pays hors UE ne sont pas soumis à des droits de douane s'ils valent moins de 150 euros. Une véritable aubaine pour les plateformes comme Temu, Shein ou AliExpress, qui inondent le marché européen de produits à bas prix. Mais la fête pourrait bientôt être finie.
La Commission a déjà montré les muscles en imposant des droits de douane sur les voitures électriques chinoises, avec des taux allant jusqu'à 38,1 %. Cette fois, c'est au tour du petit commerce en ligne d'être dans le collimateur. Bruxelles veut accélérer l'adoption de cette mesure pour endiguer le flot d'importations bon marché.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : en 2023, pas moins de 2 milliards de colis d'une valeur déclarée inférieure à 150 euros sont arrivés dans l'UE en provenance de pays tiers. De quoi faire tiquer les douaniers européens, débordés par ce tsunami de petits paquets.
Pourquoi cette décision et comment réagissent les sites concernés ?
L'Union européenne ne cache pas ses motivations. Elle pointe du doigt ce qu'elle considère comme une concurrence déloyale de la part des entreprises chinoises. Ces dernières bénéficieraient de subventions de Pékin, notamment sur les frais de port, leur permettant de casser les prix. Elle avait d'ailleurs déjà sévi en augmentant considérablement les droits de douane sur les véhicules électriques importés depuis l'empire du Milieu.
Mais ce n'est pas tout. Bruxelles s'inquiète aussi de la qualité des produits importés. Le nombre d'articles dangereux (comme 9 jouets sur 10 vendus sur Temu) signalés a bondi de plus de 50 % entre 2022 et 2023, selon un rapport de la Commission européenne. Cosmétiques, jouets, appareils électriques, vêtements... la liste des produits problématiques s'allonge.
Face à cette offensive, les réactions des sites concernés sont mitigées. Shein joue la carte de la coopération, déclarant « soutenir pleinement les efforts des législateurs pour réformer la disposition de minimis ». Temu, de son côté, se dit ouvert à tout ajustement politique, tant que celui-ci est équitable et dans l'intérêt des consommateurs.
Mais ne nous y trompons pas, l'enjeu est de taille pour ces plateformes. Leur modèle économique repose en grande partie sur cette exonération de droits de douane. Si la mesure passe, elles devront revoir leur copie. Augmenter les prix ? Absorber les coûts ? Délocaliser une partie de leur production en Europe ? Toutes les options sont sur la table.
L'industrie européenne, elle, applaudit des deux mains. Les fabricants de jouets, par exemple, accusent depuis longtemps les détaillants chinois d'inonder le marché de produits dangereux. Pour eux, cette réforme est une bouffée d'oxygène.
La balle est maintenant dans le camp des États membres. Reste à voir s'ils valideront cette proposition, sachant qu'elle risque d'augmenter considérablement la charge de travail des douaniers. Un casse-tête en perspective pour Bruxelles, qui devra jongler entre protection du marché européen et satisfaction du consommateur friand de bonnes affaires.
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Source : The Financial Times, Digimedia, Commission européenne