Pour tenter de mettre fin à l'explosion du e-commerce transfrontalier et protéger les consommateurs des produits dangereux, l'Union européenne vient de dévoiler son plan. Dans son viseur, on retrouve les colis de moins de 150 euros.

L'UE vise les colis, comme ceux expédiés de Shein, qui viennent de loin, dans sa dernière sortie sur le commerce en ligne © Alexandre Boero / Clubic
L'UE vise les colis, comme ceux expédiés de Shein, qui viennent de loin, dans sa dernière sortie sur le commerce en ligne © Alexandre Boero / Clubic

Le commerce en ligne a changé nos habitudes d'achat, avec 70% des Européens qui font régulièrement leurs emplettes sur Internet. Une donnée illustre cette croissance folle : en 2024, pas moins de 4,6 milliards de colis ont franchi les frontières de l'UE, soit trois fois plus qu'en 2022. La Commission européenne a donc annoncé, ce mercredi 5 février, tout un arsenal de mesures pour encadrer les importations et protéger les consommateurs.

Un commerce en ligne qui explose, des risques qui s'intensifient

Les chiffres donnent le vertige. Imaginez que chaque jour, ce sont 12 millions de colis qui entrent dans l'Union européenne. Cette croissance exponentielle, qui montre tout le dynamisme du secteur, soulève néanmoins de sérieuses inquiétudes quant à la sécurité des produits. Les autorités ont ces derniers mois constaté une augmentation préoccupante des articles non conformes aux normes européennes.

« Le moment est venu pour l'équipe d'Europe de se réunir pour faire face à ces menaces et protéger les consommateurs européens », a déclaré Michael McGrath, commissaire à la protection des consommateurs. Un appel qui fait écho aux nombreuses saisies de produits contrefaits, dont la moitié provient d'achats en ligne.

Le problème est d'autant plus important que les vendeurs européens sont également victimes de cette situation. En respectant des normes strictes en matière de sécurité et de qualité, ils se retrouvent confrontés à une concurrence déloyale de la part de vendeurs étrangers moins scrupuleux. Sans oublier l'impact environnemental considérable généré par cette multiplication des livraisons.

Des mesures concrètes, contre les colis notamment, pour un e-commerce plus sûr

La Commission européenne ne compte donc pas rester les bras croisés. Première mesure phare dégainée par Bruxelles : la suppression de l'exonération des droits de douane pour les colis d'une valeur inférieure à 150 euros. Cette décision s'accompagne d'un renforcement significatif des contrôles douaniers, et d'une meilleure coordination entre les différentes autorités de surveillance.

L'initiative de la Commission prévoit aussi le déploiement d'outils numériques dédiés. « Nous devons doter nos autorités douanières des instruments appropriés », souligne le commissaire au commerce Maros Sefcovic. L'intelligence artificielle sera notamment mise à contribution pour détecter les produits potentiellement non conformes, tandis qu'un passeport numérique des produits facilitera leur traçabilité.

Enfin, l'Union européenne mise sur la sensibilisation des consommateurs. Des campagnes d'information seront lancées dans la zone pour informer le public de ses droits et des risques potentiels, tandis que les places de marché en ligne devront redoubler de vigilance. Une action coordonnée a d'ailleurs déjà été lancée concernant le géant chinois Shein, signe que l'UE entend bien faire respecter ses nouvelles règles.

La Commission européenne appelle désormais à une coopération immédiate, pour déployer ces nouvelles mesures. Un bilan complet sera établi dans un an, et si les résultats s'avèrent insuffisants, des règles supplémentaires pourront éventuellement être mises en place.