Sous le sceau de la « cyber-résilience », la Commission européenne a présenté, jeudi, une proposition législative qui viendrait renforcer la protection informatique des consommateurs et entreprises de la zone.
La Commission européenne veut prendre les choses en main sur le terrain de la cybersécurité. Bruxelles a dévoilé, le 15 septembre, une proposition de législation visant à rendre obligatoire, pour les éditeurs et fabricants de produits numériques et logiciels, certaines exigences en matière de sécurité informatique, afin de mieux protéger les consommateurs de la zone. Une démarche inédite de la part de l'institution européenne.
Face à l'état de la menace, l'UE veut introduire la cybersécurité dès la conception des produits et logiciels
Alors qu'une entreprise ou organisation est victime d'une attaque par rançongiciel toutes les 11 secondes dans le monde, la cybercriminalité a eu un coût faramineux de 5 500 milliards d'euros en 2021. D'où l'urgence pour la Commission européenne d'assurer aux entreprises, organisations et citoyens de l'UE un niveau élevé de cybersécurité et de réduire les vulnérabilités des produits numériques, l'un des vecteurs majeurs des attaques.
Bruxelles entend renforcer la protection autour des ordinateurs, téléphones, voitures, appareils ménagers, dispositifs d'assistance virtuels et même des jouets, qui constituent des centaines de millions d'objets connectés en circulation dans l'Union européenne. Et chacun d'entre eux « peut servir de porte d'entrée à une cyberattaque », rappelle Thierry Breton.
Le commissaire au Marché intérieur regrette qu'« aujourd'hui, la plupart des produits matériels et logiciels ne sont soumis à aucune obligation en matière de sécurité ». Une motivation suffisante, aux yeux de l'institution européenne, pour introduire la sécurité informatique dès la conception des produits. « L'acte législatif sur la cyber-résilience contribuera à protéger l'économie européenne et la sécurité de tous », ajoute l'ancien ministre.
Une responsabilité cyber accrue pour les fabricants et vendeurs
Cet acte avait déjà été annoncé par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen il y un an, avec la volonté de garantir que les produits numériques – ce qui englobe donc tous logiciels ‑, produits sans fil ou filaires, soient mieux sécurisés.
L'UE veut faire peser davantage de responsabilité sur les fabricants et les vendeurs, de sorte que ces derniers puissent fournir une assistance en matière de sécurité et des mises à jour logicielles pour remédier aux vulnérabilités identifiées. Pour prolonger la mesure, les consommateurs devront aussi bénéficier d'informations suffisantes sur la sécurité des produits et logiciels qu'ils achètent.
Bruxelles veut ainsi garantir une cybersécurité suffisamment importante aux produits comportant des éléments numériques, et ce sur l'ensemble de leur cycle de vie. « Tout comme nous pouvons faire confiance à un jouet ou à un réfrigérateur muni d'un marquage CE, nous pourrons, grâce à l'acte législatif sur la cyber-résilience, avoir l'assurance que les objets et les logiciels connectés que nous achetons offrent des garanties solides en matière de cybersécurité. Cet acte fera peser la responsabilité sur ceux qui doivent l'assumer, c'est-à-dire ceux qui mettent les produits sur le marché », conclut la vice-présidente exécutive de la Commission, Margrethe Vestager.
Le chantier sera long, mais on peut saluer cette prise de conscience des enjeux cyber de la part de la Commission, qui devra maintenant fédérer tout un écosystème et convaincre les autres institutions européennes.
Source : Communiqué de presse