Les plateformes d'e-commerce chinoises comme Temu ou Shein submergent le marché français, avec des millions de colis quotidiens. Face à la déferlante qui menace notre économie, le gouvernement s'apprête à dévoiler son plan d'action.

Shein et Temu pourraient faire partie des e-commerçants visés par les mesures annoncées par le gouvernement mardi prochain. © miss.cabul / Shutterstock
Shein et Temu pourraient faire partie des e-commerçants visés par les mesures annoncées par le gouvernement mardi prochain. © miss.cabul / Shutterstock

Alors que les colis venus de Chine font partie de notre vie de tous les jours, peut-être un peu trop d'ailleurs, Bercy prépare sa contre-offensive. Quatre ministres se déplaceront mardi prochain à l'aéroport Charles de Gaulle pour annoncer des mesures concrètes visant à réguler ces flux commerciaux qui bouleversent notre économie et nos habitudes de consommation. Ce vendredi 25 avril, Clubic a pu glaner quelques informations auprès du ministère de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique.

91% des petits colis importés viennent de Chine

Les chiffres donnent le vertige : 4,6 milliards de colis d'une valeur inférieure à 150 euros sont entrés dans l'Union européenne en 2024, dont 91% proviennent de Chine. Un volume qui a doublé en seulement deux ans. La France n'est pas épargnée avec 1,5 milliard de colis livrés l'an dernier, dont plus de la moitié sous le seuil fatidique des 150 euros, celui qui exempte de droits de douane.

Le phénomène est porté par des géants bien connus en France comme Shein, Temu et dans une moindre mesure Alibaba, qui ont révolutionné notre façon d'acheter. À tel point que plus de 70% des Français de plus de 15 ans déclarent avoir effectué un achat en ligne au cours des douze derniers mois. Ces plateformes sont désormais ancrées dans notre vie numérique, en ce qu'elles figurent parmi les sites d'e-commerce les plus visités de l'Hexagone.

L'industrie textile est d'ailleurs en première ligne. Comment rivaliser avec Shein, qui expédie 5 000 tonnes de vêtements par voie aérienne dans le monde et lance 7 000 nouvelles références chaque jour ? À titre de comparaison, son catalogue est 900 fois plus fourni que celui d'une enseigne française traditionnelle. Le gouvernement a d'ailleurs confirmé la poursuite d'une enquête « bien en cours, approfondie et d'ampleur » par la Répression des fraudes, en parallèle de celle menée par la CNIL, sans livrer plus de détails.

Comment lutter contre un modèle économique tout simplement redoutable ? Le chiffre d'affaires de Shein aurait progressé, selon certaines estimations relayées par Bercy, de 900% en trois ans. Plus révélateur encore, il égale aujourd'hui celui de Kiabi en France, sans avoir ouvert le moindre magasin physique, quand l'enseigne tricolore en compte 350. Ce bouleversement dépasse largement le secteur textile.

Le gouvernement prépare sa riposte face aux géants chinois

L'ameublement subit également de plein fouet cette vague asiatique. Dans un marché français en recul de 7%, « les importations chinoises ont bondi de 11% en valeur, et de 22% en volume l'année dernière », comme nous l'a confirmé vendredi après-midi le ministère de l'Économie. Un déséquilibre qui inquiète les industriels français, confrontés à des produits dont la conformité aux normes européennes reste souvent douteuse.

C'est donc dans ce contexte que les ministres Eric Lombard (Économie et Finances), Amélie de Montchalin (chargée des Comptes publics), Véronique Louwagie (chargée du Commerce) et Clara Chappaz (chargée de l'IA et du Numérique) se rendront mardi prochain à Roissy pour observer le travail des douaniers et annoncer leur plan de bataille.

Au programme, on peut potentiellement s'attendre à des annonces autour du renforcement des contrôles, de la sensibilisation des consommateurs et d'autres mesures concrètes pour préserver l'équité commerciale.

L'enjeu est en tout cas colossal. Il est important de trouver un équilibre entre la liberté de commerce, la protection du consommateur et la défense de notre économie. Car si le e-commerce français génère 1,2 emploi indirect pour chaque emploi direct créé, l'arrivée massive de produits à bas coût menace cet écosystème. Shein, Temu et Amazon représentent déjà un quart des ventes en ligne de mode en France. Une situation qui appelle une réponse coordonnée, tant au niveau national qu'européen.