JB -Julien Jacob, bonjour. Deux ans après Agoravox, que peut proposer Obiwi de nouveau sur le segment des médias collaboratifs ?
JJ -Nous ne répondons pas aux mêmes attentes de l'audience et des annonceurs. Nous sommes complémentaires. Agoravox avait une vocation d'information générale et est notamment tourné vers le débat. Obiwi est du magazine, qui s'adresse aux passionnés de Mode, Déco & Design, Tourisme & Loisirs, Sports, Culture, Saveurs, Famille. Nos axes de contenus forts seront notamment la vidéo et la pratique.
Sur le fonctionnement, nous mélangeons le professionnels et l'amateur (nous aidons les internautes à créer leur contenus, en les conseillant et en leur apportant des outils), ce que ne fait pas à ma connaissance Agoravox. Notre but est aussi de construire un réseau social pour les plus impliqués. Les choix d'Agoravox ne sont pas les nôtres, ce qui ne nous empêche pas d'en penser le plus grand bien et de reconnaître qu'ils ont parcouru un long chemin pendant ces deux années.
JB -Les contributeurs, même amateurs, pourront-ils espérer une rémunération ou un partage des revenus publicitaires ?
JJ -C'est un débat mal placé. Toutes les expériences identiques montrent que si les avantages liés à la publication sont bien pensés, l'argent n'est pas le mode de rémunération souhaité par les participants. Si quelqu'un consacre plusieurs milliers d'euros par an à sa passion, lui proposer hypothétiquement 24,03 € serait une motivation ? L'aider à créer un meilleur contenu pour être plus visible dans un réseau qualifié, lui donner des outils et des accréditations pour interviewer la personne de ses rêves est beaucoup plus efficace pour lui, et pour le contenu créée. Et pas forcément moins cher pour nous : nous investirons beaucoup dans l'animation de la communauté. Par contre, si nous commandons des sujets à des participants, c'est un autre chose, ils sont rémunérés.
JB -Malgré votre expérience à la tête de C|NET, Obiwi ne propose aucun contenu "technologique". Est-ce un choix délibéré ?
JJ -Simplement par qu'il y a déjà beaucoup de choses dans la technologie. Nous explorons surtout des terres presque vierges de gros sites et/ou des besoins d'audience important. Mais c'est aussi parce que la technologie est partout. Prenez nos thématiques, elles peuvent quasiment toutes parler de techno, mais du côté des usages.
JB -Quels sont vos objectifs d'audience ? de chiffre d'affaires ?
JJ -Ils sont très ambitieux et se positionnent à horizon trois ans sur les chiffres des succès d'aujourd'hui en France, c'est-à-dire atteindre les 5 millions de visiteurs uniques. L'équipe est constituée de professionnels de l'Internet, nous allons investir dans cette marque parce que l'opportunité du magazine sur Internet nous semble énorme tant du côté des besoins de l'audience que de ceux des annonceurs.
JB -De quels moyens disposez vous pour y parvenir ? Travaillez vous sur une levée de fonds ?
JJ -Nous avons financé sur fonds propres avec jean-louis-amblard cette première phase : en travaillant dans une cave (ce n'est pas une blague...) et en faisant participer une vingtaine de personnes au projet. Avec 500 K€ ou 1 M€ nous ne serions pas allés plus vite. Mais nous aurions dépensé plus !
Avant d'aller voir des investisseurs, nous voulons faire nos preuves et démontrer que le modèle fonctionne. Nous avons déjà 500 beta-testeurs inscrits à la version privée uniquement par le buzz, plus de 10 000 pages citant Obiwi sur Google (nous sommes les seuls à utiliser ce mot). L'OSEO nous a fait confiance par une subvention significative pour nous. Maintenant, nous devons prouver que les participants et les lecteurs accrochent à notre modèle.
Mais une fois validé grandeur nature, le déploiement du service ne pourra pas se faire sur fonds propres. C'est là qu'une levée de fonds trouve toute sa justification. On est en train de la préparer. L'étape suivante sera pour la version mobile et un développement international. Mais nous n'y sommes pas !
JB -Julien Jacob, je vous remercie.