Live Japon : moisson d'innovations au Ceatec 2007

Karyn Poupée
Publié le 06 octobre 2007 à 10h45
Voici, comme chaque semaine un nouveau reportage en direct du Japon, réalisé grâce à notre correspondante permanente sur place : Karyn. Présente dans la célèbre ville de Tokyo, Karyn nous propose donc de nous faire vivre l'actualité high tech de ce côté-ci du globe. Dépaysement garanti !

Vingt minutes à vélo, une demi-heure de train depuis la gare centrale de Tokyo, un kilomètre à pied jusqu'à Makuhari Messe, enregistrement, dix minutes de marche vers les halls, il faut du temps, mais nous y sommes. Bienvenue au milieu des gigantesques stands de Sony, Sharp, Matsushita (Panasonic), Toshiba, KDDI, NTT DoCoMo, Pioneer, Hitachi et consorts, au Ceatec 2007, le plus grand salon annuel de l'électronique japonais (matériels et composants), à Chiba, en banlieue de Tokyo, où environ 200.000 visiteurs étaient attendus en cinq jours.

Des écrans très minces avec l'OLED

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Cette année, près de 900 entreprises et organisations participent à la huitème édition de cet événement de grande importance au Japon, à quelques semaines des fêtes de fin d'année. Dans les vastes espaces réservés aux mastodontes des appareils audiovisuels grand public, les vedettes sont bien entendu les télévisions à écran plat de plus en plus grandes, de plus en plus performantes, grâce à des technologies inédites, et surtout cette année, de plus en plus minces.

Le premier téléviseur du monde à écran organique électroluminescent (OEL) signé Sony bat tous les records de minceur: 3 millimètres. C'est cinquante fois moins que la plupart des actuels téléviseurs à écran à cristaux liquides (LCD), lesquels sont déjà quatre fois moins épais que les postes à tube cathodique, à taille d'écran égale. Sony est parvenu à un tel amincissement car la technologie OEL (aussi appelée OLED) ne requiert pas de rétroéclairage, contrairement aux systèmes d'affichage à plasma ou LCD.

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Les matériaux électroluminescents dont est constituée une dalle d'écran OEL s'illuminent au passage d'un courant électrique, pour restituer une image avec un contraste inégalé. Sony est le premier fabriquant au monde à employer cette technologie organique pour un téléviseur. Il a tenu la promesse faite en mai de commercialiser une TV OEL sur l'Archipel avant Noël. Certes, le modèle initial, noir laqué, fluet, qui sera effectivement vendu au Japon à partir du 1er décembre, n'est pas grand (28 centimètres de diagonale), mais le groupe nippon a déjà dans ses laboratoires un prototype de 27 pouces (70 centimètres) également présenté au Ceatec 2007.

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Sony a selon un ingénieur du groupe conçu un procédé qui permet de produire des dalles OEL sans bouleverser radicalement les méthodes employées pour des modèles LCD, ce qui permet d'envisager des progrés rapides. Le groupe dit toutefois ignorer à quelle échéance il sera en mesure de proposer des téléviseurs OEL de plus de 20 pouces, taille minimale pour une TV de salon digne de ce nom. Les coûts de production des écrans organiques restent en effet élevés, et divers obstacles techniques (durée de vie notamment) doivent encore être levés avant que les TV OEL puissent rivaliser en termes de surface et de prix avec les plasma ou LCD.

Les (gigantesques) TV LCD interactives

Il n'empêche : l'arrivée de la première télé OEL de Sony, avec son design futuriste, a contraint les cadors nippons des LCD que sont Sharp, Hitachi ou JVC à mettre les bouchées doubles pour exposer sur leurs stands des prototypes de grands téléviseurs haute-définition les plus fins et les plus bluffants possibles.
Sharp est parvenu à créer une jolie mise en scène avec plusieurs spécimens d'environ 50 pouces de diagonale dont l'épaisseur, deux centimètres, équivaut à un cinquième de celle de ses modèles LCD les plus sophistiqués. Le groupe, pionnier du LCD, espère lancer sur le marché des téléviseurs proches de ces étonnants prototypes enrichis de diverses ruses techniques aux alentours de 2009-2010, après la mise en route d'une nouvelle usine géante de dalles-mères LCD au Japon, dont il ne se prive pas de vanter les prouesses futures à chaque occasion.

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Le groupe rêve à long terme de « couvrir les murs d'appartements d'écrans aussi grands que des baies vitrées, pour diffuser simultanément les images provenant de diverses sources vidéo en fonction des heures de la journée et de l'humeur des propriétaires ». Hitachi a également dévoilé au Ceatec trois modèles de téléviseur en cours de développement, d'une diagonale de 82 centimètres et dont l'épaisseur est inférieure à deux centimètres. Le géant touche-à-tout ne sait pas non plus quand ces TV arriveront sur les étals, mais il prévoit d'ores et déjà de commercialiser dans les tout prochains mois un modèle d'une épaisseur de 3,5 cm. JVC est également dans la course avec un exemplaire à peine plus profond (3,7 cm) qui sera en vente en 2008.

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Les Nippons rivalisent en outre de technologies pour améliorer la fluidité, la netteté, le contraste, la définition ou la palette de couleurs des images. Sharp a de nouveau présenté au Ceatec un écran LCD de démonstration qui restitue la vidéo super haute-définition (suite d'images de 8 millions de points, au lieu de 2 millions en haute-définition actuelle).

Tous s'ingénient aussi à réduire la consommation électrique des téléviseurs et leur impact environnemental en employant des matériaux recyclables et des processus de production moins polluants. JVC a également profité du salon pour présenter un prototype de téléviseur qui se pilote intégralement à distance en gesticulant et en tapant des mains.

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Deux frappes, la TV s'allume, trois elle s'éteint. Des signes de la main, elle change de chaîne, affiche un menu, augmente le volume: le prototype de TV à commandes gestuelles et sonores de JVC se contrôle entièrement sans appuyer sur un seul bouton. JVC a équipé son poste d'une caméra et d'un micro qui captent à distance les gestes et sons émis par le spectateur, lequel doit au préalable avoir appris un code gestuel simple pour "parler" à son poste.

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Il suffit ainsi de balader sa main dans l'espace, en face de la caméra pour naviguer dans le menu à l'écran (comme on ferait avec une souris sur un tapis devant un ordinateur) et de sélectionner en repliant brièvement ses doigts (comme un clic). La chaîne publique japonaise NHK ainsi que d'autres constructeurs comme Hitachi imaginent également des modes de télécommande dématérialisés par reconnaissance vocale et analyse sémantique.

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« En raison du vieillissement de la population, il est nécessaire de concevoir des techniques simples qui permettent aux personnes âgées de continuer à utiliser des appareils high-tech », justifie le chercheur de JVC. Naruhodo (évidemment!).

La vidéo est partout

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Outre une nouvelle série de mignons Walkman audio-vidéo avec récepteur de télévision mobile terrestre, Sony a vanté au Ceatec son système de transmission qui permet de regarder la télévision en haute définition (HD) depuis n'importe quel poste dans une même maison, sans avoir besoin d'acheter pour cela plusieurs tuners satellite ou lecteurs vidéo.

Le dispositif diffuse, sans fil, des signaux vidéo en vraie haute-définition depuis une borne émettrice raccordée à un téléviseur principal et aux diverses sources vidéo HD (par exemple, dans la salle de séjour), vers un récepteur branché à un poste secondaire (par exemple, dans une chambre). Une télécommande associée au boîtier de réception permet de commander à distance les équipements reliés au boîtier émetteur, comme s'ils étaient à côté, alors même qu'ils sont dans une autre pièce.

C'est le premier système au monde qui permet de transmettre sans fil des signaux réellement en haute-définition, assure Sony. Les vidéos sont encodées selon la norme de compression MPeg-4 AVC et transmises en mode hertzien dans les bandes de fréquences à micro-ondes (2,4 et 5 Gigahertz) selon le standard Wi-Fi. Il est également possible, en ajoutant un boîtier connecté à internet (routeur "Location free"), de profiter en qualité standard des émissions de TV et du contenu d'un enregistreur domestique depuis l'extérieur, y compris depuis l'étranger, à partir d'un ordinateur ou d'une console de jeu portable via internet. L'ensemble comprenant les boîtiers émetteur et récepteur ainsi que la télécommande associée sera disponible en décembre au Japon à un prix non communiqué.

Intéractivité et 3D

La HD c'est bien mais la HD Interactive en 3D, c'est encore mieux, du moins si l'on en croit le deuxième opérateur de télécommunications nippon, KDDI. Ce dernier a en effet conçu une technologie interactive de vidéo en relief qui permet de se balader dans des séquences filmées avec une sensation proche d'un déplacement dans un espace réel.

Lunettes spéciales sur le nez et manette de commandes à la main, le spectateur peut littéralement tourner autour de chaque élément d'une scène vidéo sous tous les angles d'un même plan horizontal. Exactement comme s'il disposait de dizaines caméras. Grâce aux lunettes, les éléments s'affichent en outre dans différents plans en profondeur, donnant une sensation de relief étonnante, comme s'ils sortaient de l'écran pour se placer devant le spectateur.

KDDI assure avoir imaginé une technique totalement nouvelle par rapport à celles employées pour les scènes en trois dimensions (3D) des Jeux Vidéo ou autres séquences animées multi-angles. Son système s'appuie sur l'extrapolation, par le calcul d'images qui n'ont pas été filmées. Si bien qu'en employant quinze paires de caméras pour capter la scène en vision stéréo (relief), c'est comme s'il y avait en réalité quatre fois plus de caméras, d'où la fluidité surprenante des images.

KDDI prévoit d'employer à l'avenir cette technique pour les retransmissions d'événements sportifs, donnant ainsi la possibilité au téléspectateur de se rapprocher des joueurs, de regarder les actions sous tous les angles, d'être au milieu de la mêlée ou d'observer le jeu depuis n'importe quel point de vue, sur le terrain ou depuis n'importe quel siège des tribunes, à tout moment. L'opérateur espère pouvoir proposer en ligne des vidéos interactives multi-angles d'ici environ cinq ans, et ajouter la vision en relief d'ici une dizaine d'années.

Des GPS « plus réalistes »

Puisqu'on parle de navigation en images, continuons. Le groupe d'électronique nippon Pioneer a en effet pour sa part développé une technique de radionavigation automobile qui guide le conducteur en utilisant la reconnaissance de points de repère dans des images vidéo. Une caméra frontale montée sur le véhicule filme ce que le conducteur voit. Cette image s'affiche sur l'écran du terminal de bord et les indications se superposent dessus montrant précisément au conducteur où il doit aller. Pioneer a conçu ce système « par souci de commodité », car les utilisateurs d'appareils de guidage et localisation par satellite (GPS) ont parfois du mal à faire le rapprochement entre la scène réelle qu'ils ont sous les yeux et le plan affiché sur l'écran. Le dispositif de Pioneer fait lui-même ce travail.

Le système se repère comme l'humain, d'une part grâce aux coordonnées GPS du véhicule, et d'autre part grâce aux enseignes des boutiques, aux feux rouges et autres signalétiques qui lui permettent d'affiner la localisation et de donner les bonnes indications au conducteur.

La technologie au service du train et des restaurants

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Ceux qui ne conduisent pas et préfèrent le train peuvent aussi dormir sur leurs deux oreilles, les compagnies ferroviaires pensent à eux. JR East, qui gère un immense réseau dans Tokyo et sa région, prévoit en effet d'installer des bornes d'informations personnalisées dans ses trains pour leur faciliter la vie. En grimpant dans un wagon, les personnes munies d'un téléphone portable à puce sans contact n'auront qu'à effleurer un lecteur dédié pour obtenir illico la liste des stations desservies, l'heure d'arrivée et les informations sur les éventuels incidents. Les usagers pourront aussi avoir une image du taux d'occupation de chaque wagon, pour aller dans le moins peuplé. Le système récupère cette information en temps réel, en fonction de la masse de chaque voiture, laquelle est d'autant plus importante qu'il y a de passagers.

Une fonction réveil est également prévue pour alerter les individus endormis juste avant l'arrivée à leur station (eh oui, les trains et métros de Tokyo sont si sûrs qu'on peut tranquillement sombrer dans les bras de Morphée sans craindre de se faire détrousser). Pour ne pas rater son point d'arrivée, le passager n'a qu'à cliquer sur la fonction alarme à côté du nom de la bonne station sur la liste affichée sur l'écran de son mobile pour être réveillé par son téléphone à point nommé. Cela va sans dire, mais ça va mieux en le précisant, pour rentabiliser le système, JR East va en plus distiller au milieu des informations des publicités ciblées en fonction de la personne, des jours, des horaires, de la ligne empruntée et des stations desservies.

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Dans la même veine, la groupe d'électronique japonais Mitsubishi Electric a imaginé un système destiné aux restaurants et autres commerces, qui permet de différencier les femmes et les hommes, et d'afficher sur un écran d'accueil des publicités ciblées. Lorsque des clients se présentent à l'entrée d'un restaurant, une caméra associée à un système d'analyse repère le nombre de personnes et leur sexe. En fonction de ces informations, des messages publicitaires particuliers défilent sur un écran vidéo placé face aux individus. A l'avenir, les ingénieurs de Mitsubishi Electric souhaitent perfectionner leurs arsenal technologique pour permettre, par exemple, à un bar de reconnaître d'emblée ses habitués et leur offrir des prestations personnalisées, quel que soit le personnel de service. Dans ce cas, le dispositif devra s'appuyer sur des critères d'authentification pré-enregistrés dans une base de données et nécessitera l'accord préalable des clients, ce qui, au Japon, n'est généralement pas problématique. A suivre.

Téléphone avec un clavier « caméléon »

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L'avant-gardiste opérateur de télécommunications cellulaires japonais, NTT DoCoMo, qui vient de fêter son 40 millionième abonné à son service de troisième génération (soit 80% de ses clients), était également de la partie. Parmi les diverses technologies alignées sur son stand, on remarquait notamment un prototype de téléphone muni de touches actives à marquage sur papier électronique, qui peuvent changer automatiquement de nature en fonction des applications.

Le clavier passe ainsi en un rien de temps d'un pavé numérique à un mode de saisie en japonais ou en caractères alphabétiques. A vrai dire, NTT DoCoMo a surtout séduit l'assemblée avec la présentation d'une innovation qu'il devrait lancer dans quelques mois: des téléphones capables d'échanger des informations en utilisant le corps humain comme moyen de locomotion des données, une technologie insensée que nous vous expliquerons ici en détail très prochainement... patience!

C'est tout pour cette fois. Le reste, on le garde pour plus tard, non sans mentionner au passage que le Ceatec est aussi, voire surtout, une occasion, pour la myriade de PME innovantes japonaises de l'électronique, de présenter aux géants du secteurs, leurs principaux clients, les pépites technologiques dont elles seules détiennent le secret.

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Karyn Poupée
Par Karyn Poupée

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