Live Japon: voitures avec puces/capteurs renifleurs

Karyn Poupée
Publié le 28 octobre 2007 à 09h21
Voici, comme chaque semaine un nouveau reportage en direct du Japon, réalisé grâce à notre correspondante permanente sur place : Karyn. Présente dans la célèbre ville de Tokyo, Karyn nous propose donc de nous faire vivre l'actualité high tech de ce côté-ci du globe. Dépaysement garanti !

Un salon qui reflète la révolution technologique

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Difficile d'y couper tant il est médiatisé : le plus grand salon automobile japonais, le Tokyo Motor Show, a ouvert ses portes ce samedi 27 octobre pour deux semaines. Il accueille cette année environ 250 exposants de onze nationalités qui présentent quelque 520 véhicules dont 71 modèles en avant-première mondiale (parmi lesquels 37 voitures de tourisme et 26 deux-roues).

Japon oblige, cet événement est placé, pour sa 40e édition, sous le thème de l'innovation et du futurisme, avec des véhicules et technologies axées sur l'écologie, la sécurité, le confort et le plaisir de conduire. Lorsque le Tokyo Motor Show fut créé en 1954, l'industrie automobile japonaise en était au démarrage, comme son homologue chinoise aujourd'hui. Les temps ont changé. Les constructeurs japonais rivalisent aujourd'hui de technologies avant-gardistes, une stratégie qui leur permet d'être les champions du monde du secteur et de s'offrir le luxe de pondre des nouveautés truffées de trouvailles inédites.

Quelques innovations

Le spécialiste des mini-véhicules Suzuki a ainsi dévoilé la « Pixy », une voiturette unipersonnelle de ville qui rappelle les « Personal Mobility » et « i-Unit » de Toyota, ainsi qu'une automobile électrique baptisée « Suzuki Sharing Coach » (SSC) qui peut loger deux personnes devant et deux « Pixy » dans le coffre. Malin pour adapter son mode de locomotion à l'environnement en cours de route.

Nissan a sorti du garage la "PIVO 2", un mini-véhicule ovoïde à roulettes dont l'habitacle pivote à 360 degrés et les roues à 90 degrés pour assister les cancres des créneaux. Un robot ange-gardien tout "kawai" (mignon) est perché sur le tableau de bord pour alerter, surveiller, cajoler et rassurer le conducteur au cas où un malotrus effectuerait en travers de la chaussée des manoeuvres peu orthodoxes: « ne t'en fais-pas, le chauffard, ce n'est pas toi, c'est l'autre tordu! ».

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Toyota, pionnier des motorisations hybrides exhibe évidemment une voiture semi-électrique dont la batterie se recharge sur une simple prise de courant domestique. Grâce à sa structure en plastique et en fibre de carbone (un matériau dont les Nippons contrôlent 70% de la production mondiale), elle ne pèse que 420 kilos, soit trois fois moins qu'une voiture hybride classique comme la "Prius". Outre ces insensés "concepts-cars" dont les images font actuellement le tour du monde, on peut découvrir dans ce salon des technologies enfouies sous les capots et tableaux de bord concoctées bien évidemment par les cadors locaux de l'électronique.

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Petit florilège technologique

Toyota aidé par sa filiale de composants électroniques Denso a lui aussi truffé un prototype de voiture de technologies époustouflantes. Les sièges de son petit véhicule vert et blanc "RiN", d'apparence toute douillette, sont dessinés de telle sorte que le conducteur et les passagers ne souffrent pas de déformations dorsales irréversibles, grâce à un système de maintien de posture correcte. Ils sont munis d'un dispositif chauffant, rappelant les couvertures, tapis et toilettes à courant chaud dont son fanatiques les Nippons. Un régulateur ajuste le niveau d'oxygène dans l'habitacle, un vaporisateur rafraîchit le visage, les vitres teintées filtrent les rayons ultra-violets et un capteur logé dans le volant mesure le pouls du conducteur.

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Autant de fioritures qui s'inscrivent parfaitement dans l'air du temps et devraient plaire aux Japonaises. « La plupart des accidents de la circulation sont dus à des erreurs humaines, ce qui explique que les constructeurs se préoccupent de plus en plus de surveiller les personnes pour améliorer la sécurité », justifie Denso.

Toutefois, concevoir des technologies fiables capables d'analyser la condition physique d'un conducteur, de différentier les personnes et de repérer les changements d'état psychologique, est un réel défi qui nécessitera au mois cinq années de travail, prévient-il. Le groupe d'électronique japonais Hitachi a conçu un capteur de l'image des veines du doigt spécifiquement destiné à prendre place dans le volant d'une automobile, laquelle se paramètre en reconnaissant le conducteur et refuse de partir avec un inconnu.

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Cette innovation s'appuie sur la technologie biométrique d'authentification du schéma vasculaire du doigt développée par Hitachi. Elle est par exemple déjà employée par les banques pour autoriser ou non les clients à effectuer des retraits aux distributeurs, ou pour gérer les accès des entreprises. « Dans le cas de la voiture, il ne s'agit pas seulement d'éviter les vols, par refus de démarrer avec un intrus , mais aussi d'offrir de nouveaux services », explique Hitachi.

Cette technologie, qui reconnaît les conducteurs préalablement autorisés à utiliser la voiture, permet aussi par exemple de configurer automatiquement la position du volant et du siège en fonction des préférences prédéfinies par chacun. La capture des images des veines du doigt est instantanée, indolore et sans contact, grâce à un cliché saisi par transparence en envoyant un signal lumineux à travers le doigt. Le schéma des veines est propre à chacun, invariable dans le temps et impossible à reproduire artificiellement, selon Hitachi.

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En couplant cette technologie au système de navigation de bord, connecté à internet par module de télécommunications cellulaires ou via un téléphone portable, le système permettra aussi de payer des achats effectués en ligne. Le conducteur n'aura alors pas à saisir un code ou mot de passe pour télécharger des contenus (cartes, musiques, vidéos) sur le disque dur de son terminal de bord autoradio-GPS-TV-DVD. Il lui suffira de prouver « biométriquement » son identité pour que la transaction soit validée, à condition que ses coordonnées bancaires aient préalablement été enregistrées.

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De la vidéo pour être guidé avec un suivi du regard

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Le groupe d'électronique japonais Pioneer a pour sa part mis au point une technique de radionavigation automobile qui guide le conducteur en utilisant la reconnaissance de points de repère dans des images vidéo, filmées par la voiture et montrées à l'écran à la place d'une simple carte. Une caméra frontale dans le véhicule capte ce que le conducteur voit. Cette image s'affiche sur l'écran du terminal GPS et les indications se superposent dessus indiquant précisément au conducteur où il doit aller. Pioneer a conçu ce système "par souci de commodité", car les utilisateurs d'appareils de guidage et localisation par satellite (GPS) ont parfois du mal à faire le rapprochement entre la scène réelle qu'ils ont sous les yeux et le plan affiché sur l'écran.

Le dispositif de Pioneer fait lui-même cette analyse. Il se repère d'une part grâce aux coordonnées GPS du véhicule, et d'autre part grâce aux enseignes des boutiques, aux feux rouges et autres informations apparaissant dans l'image filmée, autant de données visuelles qui lui permettent d'affiner la localisation et de donner les bonnes indications au conducteur.

Le système reconnaît dans la scène filmée ces éléments qui correspondent à des informations géolocalisées contenues dans la base de données cartographique (magasins, croisements, signalétiques...), selon un procédé proche du raisonnement humain.

Cette technique est plus sûre, car le conducteur est moins hésitant que s'il utilise un plan sans comprendre vraiment où il est et où il doit aller, dixit Pioneer. Ce dernier a également développé une technologie de repérage et d'alerte sur la présence d'autres véhicules sur la chaussée afin de limiter les risques de collision.

Le groupe d'industrie lourde et constructeur automobile Fuji Heavy Industries (marque Subaru) a lui aussi imaginé un outil d'aide à la conduite basé sur une caméra stéréo qui voit la route en trois dimensions, alerte le conducteur sur un danger et freine à sa place. Cette caméra stéréo permet de capter des images tridimensionnelles à partir desquelles le système repère automatiquement la présence de voitures, cyclistes ou piétons aux alentours, pour prévenir le conducteur et même agir à sa place.

Le dispositif est par exemple censé appuyer sur la pédale de frein pour éviter les chocs lorsque, prise dans les ralentissements, la voiture se rapproche dangereusement de celle qui la précède. Contrairement à d'autres modes d'assistance à la conduite, le dispositif de Fuji Heavy ne requiert pas de radars et autres capteurs complexes, toutes les informations nécessaires à la reconnaissance d'objets et à l'analyse de distance proviennent de la caméra stéréo, ce qui est une première. Selon FHI, cette particularité permet une forte réduction des coûts et un important potentiel de marché. FHI avait été le premier constructeur mondial en 1999 à avoir installé une caméra d'assistance à la conduite dans une voiture. La nouvelle génération repose sur la capture de plus en plus sophistiquée des images et la capacité du système à analyser les situations, voire à prendre les initiatives à la place du conducteur, le tout dans le but de renforcer la sécurité sur les routes. FHI prévoit d'installer son nouveau dispositif sur une partie de ses véhicules qui seront commercialisés au Japon à partir de l'an prochain.

Le spécialiste des capteurs sensoriels nippon Omron est lui aussi dans la course, qui dit travailler avec un constructeur pour adapter à l'automobile un système d'analyse du regard déjà employé pour les appareils photos numériques.

Les LCD s'adaptent à l'automobile

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La firme nippone de technologies d'affichage Toshiba Matsushita Display a quant a elle innové avec un écran circulaire à cristaux liquides (LCD) couleur destiné à remplacer les actuels afficheurs de paramètres dans les tableaux de bord de voitures. Cet écran LCD rond, de 7,5 centimètres de diamètre, est capable d'afficher des images de tout type selon une résolution de 240 points sur 240 en 260.000 nuances colorées, à l'instar par exemple d'un modèle rectangulaire de téléphone portable.

Jusqu'à présent, les écrans LCD en couleur de ce type (dits TFT) ne sont utilisés dans les automobiles que pour les systèmes de radionavigation ou pour la réception de la télévision et la lecture de DVD vidéo à l'arrière, bref pour du divertissement. Cependant, ces derniers temps, on voit poindre la nécessité de disposer d'écrans LCD également pour les tableaux de bord, du fait de leur très grande lisibilité et d'un contraste élevé, selon la firme créée comme son nom l'indique par Toshiba et Matsushita (connu pour sa marque Panasonic). Toshiba Matsushita Display a indiqué avoir employé des technologies nouvellement développées par ses soins pour parvenir à créer un écran qui puisse aisément s'intégrer dans les étroits tableaux de bord de divers modèles d'automobiles, en lieu et place des différents compteurs. Ses ingénieurs se sont par exemple décarcassés à faire en sorte que l'épaisseur de l'écran ne dépasse pas 1,1 centimètre de profondeur, rétroéclairage compris, pour une surface utile d'affichage de 62 millimètres de diamètre.

« L'intégration dans les tableaux de bord des véhicules n'est pas la seule application possible et nous allons travailler à optimiser cette innovation technique pour qu'elle puisse être utilisée dans une diversité de produits », a promis Toshiba Matsushita Display.

Son compatriote Sanyo a élaboré un système qui permet à un conducteur de camion, bus ou grosse voiture, de voir d'en haut sur un écran une image de son véhicule et de ce qui l'entoure, comme s'il s'agissait d'une vue d'avion, sans angle aveugle. Pour obtenir sur un écran de bord cette vidéo présentant la situation du véhicule sur 360 degrés, observée du dessus, Sanyo utilise quatre caméras à grand angle montées sur le véhicule. Les images synchronisées de ces caméras (30 par seconde pour chacune) sont combinées en temps réel grâce à des technologies maison, de telle façon que la scène finale s'apparente à une vue aérienne qui fait aussi apparaître une représentation du véhicule lui-même.

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La transmission des images des quatre caméras vers le boîtier de gestion s'effectue par le biais d'une liaison sans fil de type Wi-Fi, ce qui facilite l'installation et réduit les coûts. Ce dispositif est jugé particulièrement utile pour les véhicules de gros gabarit dont les rétroviseurs ne parviennent pas à refléter tous les angles, ce qui pose un risque de collision aux carrefours ou lors des manoeuvres délicates. Sanyo a également indiqué avoir mis au point une caméra ultra-sensible qui permet de restituer en couleurs des images prises de nuit, selon une technique différente du filtrage infra-rouge habituel. Cet outil d'assistance à la conduite nocturne est notamment destiné à être installé à l'arrière des camions et bus pour permettre au conducteur d'effectuer des créneaux plus facilement.

On l'aura donc compris, les géants de l'automobile et équipementiers mondiaux, japonais en tête, mettent fortement l'accent sur des technologies de détection d'anomalie dans la conduite ou d'obstacles sur la route, afin d'alerter précocement le conducteur. Toutefois, d'aucuns s'alarment à juste raison d'un excès d'enthousiasme et de confiance dans cette arsenal high-tech. « Ces fonctions ne peuvent pas être considérées comme sûres à 100%, ce qui signifie qu'en cas d'accident, la responsabilité du constructeur peut être engagée », avertit un analyste du groupe financier Mizuho Investors Securities.

Les constructeurs ont sans doute conscience que de tels dispositifs peuvent aider un conducteur à détecter un danger, mais en aucun cas remplacer son discernement, mais cela ne les empêche nullement d'amadouer les Nippons avec ces outils de haut-vol, d'autant que l'Etat les y encourage fortement qui rêve de « transport intelligent ».

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Pour ceux qui lisent ces lignes à des milliers de kilomètres de Tokyo, sachez que le géant des télécommunications japonais NTT a conçu spécialement pour le salon automobile nippon "Tokyo Motor Show 2007" un site internet avec un plan interactif qui rappelle un peu les vues aériennes de "Google Maps", pour parcourir les lieux guidé par le bouche à oreille virtuel. Cet outil est baptisé "doremiru? map" ("carte de ce qu'il faut aller voir"). L'internaute peut balader sa souris sur le plan du salon où sont schématisés en deux dimensions les stands des constructeurs.

Il peut zoomer rapidement jusqu'à une imagette de voiture. S'il clique dessus, apparaîtra alors une photo avec des liens hypertextes renvoyant vers des commentaires d'internautes trouvés sur des blogs et plates-formes communautaires. Le tout est basé sur diverses technologies créées par un centre de recherches de NTT, "NTT Cyber Solution", dont un moteur d'analyse du contenu des quelques 10 millions de blogs et sites communautaires recensés au Japon, une jauge de popularité, et un outil de traçage des visites. Cet ensemble permet de sélectionner les liens associés à chaque véhicule présenté sur le plan en fonction du sens des commentaires, du niveau de popularité mesuré par le nombre références trouvées, et de divers autres paramètres.

Le système affiche ainsi des personnages colorés sur chaque vignette de voiture pour refléter proportionnellement la quantité de commentaires, révélant ainsi au premier coup d'oeil où se trouvent les véhicules qui font le plus jaser sur la toile japonaise ... en langue internet locale.
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