Ghislain Moncomble : "Nevisto est une technologie de caméra logicielle automatisable.”

Jérôme Bouteiller
Publié le 03 décembre 2007 à 11h30
Co-fondateur de la société Nevisto, Ghislain Moncomble présente cet essaimage de , à l'origine d'une “camera logicielle” aux multiples applications

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Ghislain Moncomble
JB - Ghislain Moncomble bonjour. Bonjour Comment est née la société Nevisto ?

GM - Nevisto a été créée en janvier 2005 par moi même et Jean Pierre Remy, à partir d'un essaimage des laboratoires de recherche de France Telecom. Notre idée était de développer une technologie permettant de créer de façon automatique des vidéos à partir de documents écris, et éventuellement d'images, tels que de simples articles de journaux en ligne, des formulaires de petites annonces, ... A l'époque, personne ne croyait que c'était techniquement possible, et nous avons eu de fait un grand nombre de difficultés à surmonter avant de disposer d'un produit vraiment opérationnel vers juin 2007. Il s'agit d'un automate que nous avons baptisé caméra logicielle, qui pour l'instant fonctionne en ASP sur des serveurs de production dédiés.

JB - Comment vous différenciez vous d'autres spécialistes français de la 3D comme VRTV studios ou LaCantoche ?

GM - On s'en différencie sur 3 points. D'abord notre technologie est différente, ensuite on ne produit pas la même chose, et enfin on ne vise pas à priori les mêmes marchés, même si certains usages pourraient effectivement se recouvrir. Ou si vous préférez plus simplement, cela n'a pas grand chose à voir.

Coté technologie, d'abord, notre technologie est une caméra logicielle. Vu par cet angle, nos 1ers concurrents sont donc logiquement des industriels de ce secteur, tels que Sony, , Canon, ... avec leurs produits professionnels ou grand public. Et ce sont eux, ou plutôt leurs utilisateurs que nous retrouvons d'ailleurs en concurrence sur le marché de la production vidéo.

Vu sous un autre angle, comme nous ne vendons pas encore ces caméras, mais que nous proposons à nos clients de les utiliser selon un mode ASP (sur des serveurs centraux donc), nous sommes producteurs de vidéos, ou plus exactement un moyen pour nos clients de produire simplement des vidéos.

C'est à ce niveau qu'il pourrait y avoir concurrence avec différents acteurs, tels que ceux précités sur le marché de la 3D. Mais nos produits sont des vidéos, et non pas de la 3D. Le fait que les effets de nos vidéos puissent être en 3D n'est qu'un aspect du problème. Pour quelques usages de ces vidéos, nous avons en effet besoin d'effets 3D, de personnages 3D, ... que nous incorporons donc dans notre technologie. Tout comme nous utilisons des moteurs de synthèse vocale, nous considérons donc plus un acteur comme laCantoche comme un fournisseur potentiel que comme un concurrent. Ceci dit, les vidéos incorporant de l'animation faciale ou des personnages virtuels ne représentent pour l'instant que 5% de nos ventes.

Nos cibles sont différentes également. Nous visons d'une part le marché des TPE PME, avec des offres de production facile pour lesquelles il suffit grosso modo de savoir écrire pour être producteur de vidéo, de l'autre celui des producteurs (ou détenteurs) de contenus. Nous ne ciblons donc ni les développeurs, ni le grand public.

Ceci étant dit, pour l'offre de production à la demande visible sous nevisto.com, nous nous sommes rapidement aperçus que les partenaires naturels sont les créateurs de site car les TPE PME les réalisent rarement elles même. Donc des clients qui sont eux également développeurs, même si, quand ils utilisent nos outils en ligne, ils répondent à des impératifs de rapidité à bas coût.

Pour relativiser, l'offre de production en ligne à bas coût, très perfectible coté design, est surtout pour nous une vitrine pour montrer le type de vidéos que nous pouvons réaliser dans l'objectif de capter le gros marché des producteurs de contenus.

JB - Qui sont vos premiers clients et quels sont leurs usages ?

GM - Coté production à la demande (service sous nevisto.com), 80% de nos clients sont dans le secteur touristique et l'immobilier, pour des vidéos que l'on pourrait qualifier de slides commentés multiséquences, avec des transitions et effets automatiques, avec en plus quelques effets de type déplacement dans l'image, .... On commence à avoir quelques clients dans l'animation de site (accueil avec avatar, ... secteur pour lequel effectivement laCantoche, ... pourraient être concurrents), dans les didacticiels et aussi quelques particuliers coté petites annonces. Coté producteurs de contenus, qui est notre priorité actuelle, les bêta que nous avons sont confidentiels, donc je ne peux en parler.

JB - Imaginez vous des applications encore plus grand public, peut-être financées par la publicité ?

GM - Pour l'instant, nous n'avons pas d'application grand public. Le grand public est malheureusement pour beaucoup d'entrepreneurs un marché à la fois exigeant et volatil, et de plus qui ne paie pas, donc pour lequel il faut un service gratuit.

Il peut y avoir en effet un financement par la publicité, c'est à signifierait que l'essentiel des gains seraient perçus par des acteurs tels que Google ou quelques grandes régies, et les miettes pour nous. Pour être rentable, nécessite une grande fréquentation et de gros volumes de production gratuit, or la production d'une vidéo coûte cher. A moins d'être rachetés par les géants qui captent la manne publicitaire (qui eux auraient un grand intérêt à proposer ces vidéos gratuitement et à y inclure leurs pubs), ce n'est clairement pas notre priorité.

Par contre, nous avons réfléchi à un test d'une offre premium pour le service de production à la demande, pour des vidéos très simplifiées et mettant en avant notre marque, afin d'attirer vers les offres payantes. Mais pour cela, nous avons un gros effort à faire sur ce service de production à la demande. Le design comme déjà dit n'est pas génial, il nous faut développer des types de vidéos plus geek que les sérieuses vidéos de présentations que nous avons actuellement... Il nous faudra d'abord dégager les ressources permettant de financer ces améliorations. Pas pour tout de suite donc.

JB - Sur le plan financier, êtes vous soutenu par des investisseurs ? Quelles sont vos ambitions pour les prochaines années ?

GM - Notre seul soutien financier est l'état, au travers de ses bras armés Oséo et du statut JEI (avec le fabuleux crédit d'impôt recherche). Sans eux, nous ne serions sans doute plus là, même si nous sommes devenus de véritables experts en serrage de ceinture...

En outre, même si les résultats semblent simples (on produit des vidéos), la technologie est mal comprise. Chaque fois que nous proposons un service basé sur notre technologie (par exemple le service de production en ligne), on a tendance à dire que notre technologie c'est ce service. Notre technologie, c'est une caméra, avec comme double spécificité qu'elle est logicielle et automatisable. Par exemple, si quelqu'un tourne avec un caméscope Canon une vidéo de Elearning, personne ne dit que Canon fait du Elearning. Si un de nos clients utilise notre caméra pour faire du Elearning (ou pour proposer un service de production en ligne), on nous dire que nous sommes dans le Elearning (ou que notre techno est un service de production facile).

Vous verrez d'ici peu que les services pour les producteurs de contenus n'ont rien à voir avec les services que nous proposons actuellement en ligne. Pour des investisseurs qui voient des centaines de dossier chaque mois, cette complexité, même si les usages sont très simples, ne facilite pas les choses. En outre, ils financent le risque marché, et très rarement le risque produit. Or nous venons à peine de surmonter le risque produit. Donc c'était trop tôt pour les investisseurs, et c'est sans doute dommage car le manque de ressources nous a fait perdre 6 - 7 mois sur le développement du produit, sans compter sur le design du site qui serait plus beau avec l'aide de spécialistes.

Ceci dit , nous sommes en train de montrer, au travers de nos premiers clients, qu'il y a véritablement un marché et sur la base de la croissance actuelle, nous devrions avoir atteint l'équilibre d'ici fin février. Nous avons des contacts avancés pour faire entrer des business angels d'ici 2 mois dans notre capital, ce qui permettrait d'accélérer considérablement nos projets. En fonction des montants levés (100 à 150 K€ devrait suffire pour cette 1ère étape, avant l'appel au capital risque un peu plus tard), nous pourrions accélérer considérablement à l'international, où sans prospecter, nous avons déjà des contacts plutôt mirobolants en cours en Allemagne et au Canada. Dès que les bêta avec les producteurs de contenus passeront en phase industrielle, cela devrait de toute façon exploser.

JB - Ghislain Moncomble, je vous remercie.

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Jérôme Bouteiller
Par Jérôme Bouteiller

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