En préambule du sommet « Telecoms 2007 » organisé à l'hôtel Park Hyatt Paris Vendôme, différents acteurs du monde des télécoms se sont exprimés sur l'avenir et la convergence des réseaux fixes et mobiles. Des éditeurs de logiciels aux éditeurs de contenus en passant par les équipementiers, tous ont confirmé le développement très rapide des télécommunications en France, fort du développement du très haut débit, qu'il soit utilisable sur un ordinateur fixe ou nomade.
Et c'est Vivianne Reding, commissaire européen en charge de la société de l'information, qui a commencé en déclarant vouloir relever le « défi des réseaux fixes/mobiles associant voix, données et audiovisuel », tout en prenant soin d'associer directement le grand public et les industriels du secteur pour avoir « plus de compétition et plus de droit chez les consommateurs ».
Pour cela, ce sont principalement trois mesures qui sont proposées avec la création d'une autorité pour les marchés européens de communication électronique, une imposition d'une séparation fonctionnelle des opérateurs historiques (pour des conditions équitables d'utilisation des réseaux) et la gestion sérieuse du spectre radio en Europe, les « fréquences radio étant et allant rester une ressource rare », ajoute-t-elle.
Les opérateurs deviennent concurrents de leurs partenaires
Pour Frank E. Dangeard, le PDG de , « les opérateurs télécoms se retrouvent en concurrence avec de plus en plus d'acteurs, qu'ils soient de service, de contenu ou d'infrastructure. Nous assistons donc à une implosion du système avec des fuites au niveau de son financement et des tentations parfois assez négatives ». En effet, d'un côté le revenu généré ne va pas à celui qui réalise la dépense et de l'autre il existe désormais des tentations de faire une partie du métier des autres acteurs du marché.
Comment financer les nouveaux usages des mobinautes ?
Du point de vue de Microsoft cette fois, représenté par Eric Boustouller, son président pour la France, le marché des télécoms est certes en plein boom mais la télévision reste le média le plus consommé encore aujourd'hui même si l'Internet croit beaucoup plus vite que les autres médias. « Le vrai enjeu est la monétisation de ces usages. Entre le réseau social, l'IM ou encore la recherche locale ou sur Internet, quels sont ceux qui vont être le plus monétisables ? », ajoute-t-il. En attendant, Microsoft reste encore aujourd'hui cantonné au marché de l'édition de logiciels, avec de plus en plus une forte implication mobile, en témoigne le rachat de Musiwave ou le développement de la plateforme Windows Mobile (20 millions de licences commercialisées en 2007).
Les technologies sont prêtes mais pas les forfaits pour les démocratiser ?
C'est ensuite au tour de Jacques Sylvander, le DG de Nokia France, de s'exprimer sur le sujet en rappelant tout d'abord que tout reste à faire concernant le développement de ces usages sur mobiles. En effet, si l'on regarde les différentes consommations des mobinautes, la « voix » constitue encore l'essentiel de l'utilisation d'un terminal. La question est de savoir comment faire en sorte que le terminal devienne vraiment multimédia. Et pour cela, « on a besoin d'appliquer la même recette de celle qui a fait le succès d'Internet. Ce succès repose sur 3 briques : un réseau de très haut débit, un modèle de tarification clair, transparent et illimité et enfin des appareils qui permettent d'exploiter les contenus », ajoute-t-il. Sur ce dernier point d'ailleurs, avec l'arrivée de l'iPhone et de nombreux forfaits d'Internet mobile 'illimité", « nous voyons en France que nous sommes dans un tournant avec ces 3 éléments qui pour la première fois sont en train de converger ».
Le marché des télécoms empiète sur l'économie 'non Internet'
Après les éditeurs de logiciels et les constructeurs de terminaux, c'est Michel Paulin, le DG de , qui précise sa pensée en matière de télécom en étant à la fois un acteur de l'Internet fixe et des mobiles via le MVNO Neuf Mobile. Et il apparaît premièrement que nous assistons à une transformation des usages quasiment sociologique. Exit le temps où il fallait attendre pour visionner un contenu, aujourd'hui les mobinautes sont impatients et souhaitent disposer de contenus à la demande en restant maître de son temps. « La personnalisation devient donc de plus en plus importante. Notre ARPU est de l'ordre de 37 euros sur nos nouvelles offres alors que notre offre de base est accessible au prix de 29 euros. Il y a donc un transfert d'une partie des dépenses d'anciens acteurs du marché vers l'économie Internet », finit-il par ajouter.
Il n'y a pas d'offre... sans contenus
Avant dernier intervenant de cette table ronde, Guy LAFARGE, DGA de Canal Plus, rappelle pour sa part qu'avant même de parler d'usages, il faut avoir des contenus. Et avec près de 2,2 milliards d'euros investis dans les contenus, le groupe Canal Plus doit avant tout investir dans de nouveaux contenus vidéos pour rester une chaîne à péage populaire. Pour entrer dans un cercle vertueux, il faut s'occuper du financement de ces contenus. « Pour investir dans les contenus, il faut une monétarisation importante. Arrive donc le choix de la délinéarisation des contenus que l'on souhaite proposer en direct sur la chaîne et prochainement après leur diffusion à la télévision. Ce sont les jeunes qui poussent ce marché. Mais il faut le monétariser... sinon il n'existera bientôt plus ».
Les réseaux des opérateurs ne sont pas prêts !
Pour terminer, Michel Clément, le patron de Nortel France, rappelle à son tour que si les contenus sont prêts, ce n'est pas le cas des réseaux. « Ce qui freine le développement de ces usages est le coeur de réseau qui ne répond plus au besoin de volume que cela pourrait engendrer. C'est sur ce point que les équipementiers doivent apporter quelque chose. Je prédis d'ailleurs que ce sont 10 points d'accès fixes/nomades qui seront proposés pour chaque utilisateur dans les prochaines années. Mais pour cela, il faudra avoir une vraie capacité de transport... le tout pour un prix déjà célèbre de 29,90 euros par mois », finit-t-il par ajouter.