Rétroviseur : l'actualité numérique de juillet et août 2007

Matthieu Dailly
Publié le 02 janvier 2008 à 17h55
Après les mois de mai et juin, poursuivons la rétrospective en plusieurs épisodes chronologiques de l'année 2007 avec les mois de juillet et août.

Le premier blog a 10 ans

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Il y a dix ans que le web est passé dans "l'âge de la participation". En 1997, Jorn Barger se faisait connaître grâce à Robot Wisdom, un blog toujours actif aujourd'hui et qui recensait le meilleur du web. Cette page personnelle est depuis considérée par l'Oxford English Dictionary comme le premier weblog. Les contenus multimédia y étaient pour la première fois affichés chronologiquement et susceptible d'être commentés. Le Wall Street Journal rappelait donc, le 14 juillet 2007, cet anniversaire numérique.

Depuis cette date, l'univers du blog s'est quelque peu métamorphosé. Aujourd'hui, près de 60% des internautes européens s'adonnent à la rédaction et la lecture de blogs, de podcasts ou de chroniques de consommateurs, d'après une étude réalisée par Forrester Research auprès de 7.300 personnes. Plus généralement, les sites communautaires tels que Myspace ou Skyblog attirent, en France, plus de 13 millions de visiteurs uniques par mois. Et en Europe, près de 127 millions, soit un taux de pénétration supérieur à 50%. En août, l'institut comScore mesurait que 80% de cette audience était générée par 20% des internautes, dont certains pouvaient y passer jusqu'à 22h par mois.

Bien qu'encore marginal, avec 3% de l'audience du segment, le nouveau venu Facebook affichait dès septembre une croissance record de plus de 400%. Tandis qu'avec 10 millions de SkyBlogs "actifs", le site Skyrock restait premier des plates-formes communautaires françaises.

A l'échelle mondiale, les principaux réseaux sociaux, de MySpace à Facebook, auraient attiré en juin 2007, plus de 274 millions de visiteurs âgés de 15 ans et plus, selon comScore World Metrix. "En l'espace d'une année, le réseautage social a vraiment décollé à l'international", soulignait dans un communiqué daté du 31 juillet, Bob Ivins, vice-président pour l'international chez comScore. "Des centaines de millions d'internautes à travers le monde surfent sur des sites communautaires chaque mois, un grand nombre les visite au quotidien. Le réseautage social n'est pas une mode, mais plutôt une activité bien ancrée dans l'Internet global."

Cet engouement, s'accompagnait en 2007 de rémunérations non négligeables. Car, même si l'écrasante majorité des deux millions de blogueurs actifs de l'Hexagone ne touchent pas un centime, plusieurs dizaines de milliers d'entre eux cherchent désormais à monétiser leur trafic : commissions sur les ventes, affiliation, liens sponsorisés, liens marchands et bannières.

Directeur d'Over-Blog, Frédéric Montagnon reconnaît, par exemple, reverser plus de 40.000 euros par mois en droits d'auteur à environ 25.000 blogueurs dont certains toucheraient jusqu'à 9.000 euros par mois. Fondateur de BlogBang.com, une régie 2.0 parrainée par , Julien Braaun estime pour sa part que certains blogueurs comme Otto le chauffeur de Buzz, dont le site attire plus de 360.000 visiteurs uniques par mois, pourrait générer jusqu'à 10.000 euros mensuels, ce qui lui permettrait de passer devant le très influent Loïc LeMeur.

Quant au top mondial des 50.000 blogs, il aurait engrangé en 2006 quelque 500 millions de dollars de revenus publicitaires. L'étude, réalisée par l'Université du Texas et l'agence Chitika, précise que 1% du top engrangerait 20% du total, 5% du top environ 50%, et 15% environ 90%.

Mais comme le rappelait, cet été, l'éditeur de solutions de sécurité informatique Sophos ou encore Eric Leblanc, manager chez Packeteer, spécialiste de la fourniture de réseaux sans fil, "la libre utilisation des sites communautaires depuis le lieu de travail, en plus de limiter la productivité, met en danger des données sensibles et augmente le risque de vol d'identité". Pour illustrer son propos rendu public en août 2007, Sophos déclarait avoir récemment envoyé à 200 membres de Facebook des demandes de consultation de leur profil. D'après l'éditeur, 41% des membres contactés étaient prêts à divulguer des informations personnelles telles que : adresses électroniques, dates de naissance ou numéros de téléphone.

Car, mis à part les avantages que représente l'arrivée des blogs et des réseaux sociaux, la technologie introduit un élément de doute concernant la confidentialité des informations personnelles. Exemple : Google évoquait en juillet un partenariat avec l'université de Carnegie Mellon visant à mettre au point un "réseau social unifié". Ce serait une sorte de porte d'entrée vers le reste du web. L'internaute pourrait alors alimenter son blog ou tout simplement naviguer depuis un seul et même profil. "Le but du 'social stream' est de présenter les contenus de façon à ce qu'ils soient rattachés à la personne qui les a mises en ligne et non au service qui les diffuse", expliquait alors Google.

Un système, certes, facilitant un accès intuitif et personnalisé, mais qui de ce fait devient plus vulnérable. Le 16 août, le blog FacebookSecrets était effacé par Google quelques jours après avoir diffusé une partie du code source du réseau social Facebook.

Fin des illusions, les contenus générés par les utilisateurs (UGC) seront filtrés

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Autre avancée directement inspirée des blogs, les contenus générés par les utilisateurs (UGC pour User Generated Content) ont forgé le succès de sites comme YouTube ou Dailymotion. D'ailleurs, le français profitait, cet été, d'une audience de 7,8 millions d'internautes, devant YouTube, le leader mondial, qui ne se classait en juin que second sur le marché français, avec 6,7 millions d'internautes. Mais les plateformes UGC sont fragiles, principalement à cause des nombreux contenus soumis aux droits d'auteur qui y circulent.

Le 13 juillet 2007, Dailymotion a été condamné pour contrefaçon par le tribunal de grande instance de Paris. Le site Internet était accusé de fournir à l'un de ses utilisateurs « les moyens de réaliser une contrefaçon », en particulier concernant la mise en ligne et la diffusion du film « Joyeux Noël », réalisé par Christian Carion en 2005.

En juillet aussi, l'humoriste français Jean-Yves Lafesse remportait également une victoire contre MySpace et d'autres plates-formes web. Alain de la Rochère, son avocat, expliquait alors que : « Jean-Yves Lafesse n'attaquait pas ses fans, mais les industriels [...] Google, qui possède YouTube, réalise 8 milliards d'euros de chiffre d'affaires par an et 4 milliards d'euros de bénéfices. Sans payer un seul euro aux créateurs qui lui rapportent des fortunes en publicité !» D'autres plaignants se sont depuis ajoutés à la liste des mécontents. Aux côtés de la maison de disques Bourne & Co, se sont ajoutés la league de football anglaise et la National Music Publisher Assosition, qui représente les diverses maisons de disques américaines, ainsi que la league de football finlandaise et l'auteur Daniel Quinn. Pour eux, YouTube encourageait la violation des droits d'auteur dans le simple but de générer du trafic sur les pages de son site.

Depuis, les plateformes d'UGC cherchent plutôt à partager leurs recettes avec les ayants droit en échange du droit d'utiliser leurs contenus. L'heure est donc à la normalisation. Pendant que Dailymotion signait un accord avec la Warner, puis avec Universal Music et activait, dès août, un système visant à empêcher la mise en ligne de vidéos protégées par le droit d'auteur. Google affirmait qu'une technologie de filtrage des contenus serait également mise en place sur son portail YouTube. Techniquement difficile à réaliser, le filtrage des contenus est ainsi devenu un enjeu majeur pour les services d'hébergement de vidéos qui se voient régulièrement menacés par les ayants droit.

Yatta, une plate-forme de publication et de partage de fichiers vidéo, s'est elle, très vite distinguée de ses nombreux concurrents (DailyMotion, YouTube, Kewego, Wat, Scroon, Eyeka, MoblR, Vigloo...) en misant dès son lancement sur l'argument financier. « Plus qu'un simple service de partage de vidéos, Yatta permet avant tout de gagner de l'argent puisque toute personne déposant une vidéo sur le serveur est rémunérée à chaque fois que sa vidéo est téléchargée. Chaque « upload » ou « download » coûte 0,5 euro, mais le « réalisateur » (celui qui dépose une vidéo) reçoit 10% du prix du téléchargement chaque fois que sa vidéo est téléchargée par un autre utilisateur », expliquait, en août, Paul Louis Colback, Lifestyle Director chez Hands-On Mobile.

Paris devient interactive grâce au WiFi

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Autre évènement de cette année 2007 : le WiFi. Dans quelque temps il aura certainement transformé nos villes en espace interactif. La Mairie de Paris l'a bien compris et annonçait, mi-juillet, le lancement de 105 premiers sites WiFi accessibles gratuitement. L'ouverture de ces points d'accès était liée à un programme décidé en juillet 2006 et développé avec le soutien de la Région Ile-de-France. Il devait permettre de se connecter dans des sites municipaux qu'ils soient extérieurs (jardins, squares...) ou intérieurs (bibliothèques, antennes jeunes, mairies d'arrondissement...) gratuitement à Internet via l'utilisation d'un réseau sans fil WiFi. Ce service a été mis en place par les sociétés SFR et Alcatel-Lucent qui avaient fait la meilleure offre au cours d'un marché attribué par la Ville en février 2007. Du coup, 35 parcs ou jardins et 70 services municipaux proposent, désormais, le WiFi en accès gratuit.

Ce service Paris WiFi est maintenant accessible à tous de 7h à 23h et dans la limite des horaires d'ouverture au public des sites municipaux équipés (parcs, bibliothèques...) Plus de 400 bornes WiFi gratuites devraient être disponibles dans Paris grâce à ce programme.

Dès demain, retrouvez un nouveau 'Rétroviseur' pour les mois de septembre et octobre.
Matthieu Dailly
Par Matthieu Dailly

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