Offres Illimythics : SFR prend de vitesse Orange
Cette fin d'année aura été particulièrement marquée par la mobilité. Pour Philippe Barthelet, directeur de la division télécoms de Samsung France, « l'internet mobile va révolutionner le marché de la téléphonie mobile ». Depuis maintenant quelques années, en effet, les opérateurs mobiles se sont lancés, en France, dans la commercialisation de téléphones dits intelligents (smartphones). L'un d'entre eux, l'iPhone, a d'ailleurs marqué l'année 2007.
Doublé par Orange, SFR n'a visiblement pas été assez puissant pour obtenir la commercialisation exclusive de l'iPhone d'Apple. Mais après la sortie très controversée des forfaits mobiles 'illimités' (50 Mo par mois en off-portal) d'Orange, la contre-offensive de SFR s'est basée sur des forfaits destinés à démocratiser les usages de l'Internet mobile.
Ces forfaits « illimités nouvelle génération », baptisés « Illimythics », donnent désormais accès à une formule "Internet + Voix", avec des temps de communication entre 2h et 5h par mois en plus de connexions mobiles illimitées. On pouvait y souscrire dès le 14 novembre. Mais ces offres étaient à l'origine réservées aux 100.000 premiers abonnés.
Cette stratégie autour de la démocratisation de l'internet mobile, s'est accompagnée chez les deux opérateurs, d'une vague de sortie en matière de nouveaux terminaux. Nombreux avaient en commun d'avoir un écran tactile ou une capacité importante de mémoire intégrée. Cette stratégie s'est accompagnée d'une campagne de communication massive proposée par SFR aux médias web et télévisés ainsi qu'à différents artistes comme Zazie ou Thierry Henry. "Les 4 briques essentielles (étaient ainsi) réunies pour faire des offres de SFR un succès : réseau haut-débit, contenu, tarification attractive et terminaux", expliquait en novembre, Jacques Sylvander, le PDG de Nokia France.
Il est vrai qu'en deux semaines, SFR avait déjà écoulé près de 40.000 abonnements. Si l'offre devait être limitée dans le temps aux 100.000 premiers acquéreurs, SFR s'est, du coup, montré plus ambitieux et proposera ses « Illimythics » jusqu'au 22 janvier, sans limite de nombre de souscriptions. Les statistiques d'inscription aux nouveaux forfaits mobiles de SFR permettent de mettre en avant le fait que 60% sont des nouveaux clients et que plus d'un tiers des clients de l'offre ont choisi les forfaits 3h et 5h incluant la musique et la TV en 'illimité'.
Interrogé par Mobinaute.com, Jean-Marc Tasseto a précisé que l'offre data proposée est bien « illimitée, sans réserve et sans limitation de données ». En revanche, étant donné que ce sont des forfaits grand public, il ne sera pas possible d'utiliser des logiciels de peer-to-peer ou de voix sur IP comme Skype par exemple.
Une chose est sûre, si SFR a perdu la bataille de la commercialisation en France de l'iPhone, écoulé à 1,4 million d'exemplaires en 4 mois uniquement aux Etats-Unis, l'opérateur n'entend pas perdre la guerre de la communication mobile.
Premières réceptions de PC « low cost »
La démocratisation ne s'arrête pas là. Après l'internet mobile, arrivent les PC portables pour tous. Une année de tests aura été nécessaire, mais 1 million de PC portables à très bas prix devraient être livrés en 2008. Ce chiffre pourrait atteindre les 6 millions fin 2012, selon Gartner. Car les pays émergents sont les marchés clés pour ces produits, du micro-portable conçu dans le cadre du projet de l'association OLPC (One Laptop per Child) au ClassMate du fabricant américain de microprocesseurs Intel, en passant même par l'Eee PC d'Asus, un utra-portable sous Linux, vendu 399 dollars.
Le « PC à 100 dollars », devenu l'XO conserve sa coque en plastique vert, perd sa manivelle d'autonomie et son prix est réévalué à la hausse, pour être fixé à 188 dollars l'unité. L'objectif étant, à l'avenir, de se rapprocher des 100 dollars. OLPC, organisation à but non lucratif, cible la jeunesse des pays en développement qui n'est pas encore équipée. L'approche commerciale d'Intel vise, elle, une cible plus large : les salles de classe, la mise en réseau, la formation des professeurs, etc. Sans surprise, Gartner estime que l'approche 'salle de classe' d'Intel sera « la plus efficace pour accélérer la livraison de PC à très bas prix ». Intel, de son côté, a indiqué avoir d'ores et déjà vendu « des milliers » de Classmate PC au prix de 200$ l'unité environ. Dans la pratique, le Classmate et l'XO intéressent les mêmes pays. Mais aujourd'hui, le gouvernement brésilien hésite. Et le Nigeria, qui semblait pencher pour l'XO, a finalement passé commandes pour des Classmate, la Libye également.
En octobre 2007, l'Uruguay signait un contrat pour 100.000 XO. Les premières machines ont été livrées aux élèves d'écoles primaires dans le pays en décembre. Ce même mois, le Pérou validait une commande portant sur 40.000 ordinateurs à 188 dollars l'unité, avec une option sur 210.000 machines supplémentaires. L'OLPC déclare avoir, également, enregistré une commande ferme de 50.000 unités au Mexique financée par le milliardaire mexicain Carlos Slim...
Intel et le MIT (Massachusetts Institute of Technology) semblaient, un temps, avoir décidé de mettre fin à leurs différends. Mais l'entente entre Intel et One Laptop per Child autour du PC « à 100 dollars » aura, tout compte fait, été de courte durée ! Le fabricant de microprocesseurs qui, en juin 2007, s'était déclaré prêt à soutenir OLPC et sa mission, l'éducation dans les pays en développement par l'informatique, a déclaré, en ce début d'année, quitter le projet.
Consolidations dans l'univers du progiciel
Une vague de consolidation a touché, durant le dernier trimestre 2007, le monde du progiciel. Deux des plus grosses opérations de l'année sont, en effet, intervenues durant les mois d'octobre, novembre et décembre. SAP, spécialiste allemand du progiciel, annonçait, d'abord en octobre, son intention d'acquérir l'éditeur franco-américain Business Objects, numéro un mondial des solutions décisionnelles, pour la somme de 4,8 milliards d'euros.
L'opération, une fois finalisée, doit permettre à Business Objects, dès 2009, de fonctionner de manière autonome et à SAP d'accroître son bénéfice par action. C'est également l'occasion pour SAP de rester compétitif face à son rival américain, Oracle, mais également le spécialiste du logiciel en tant que service (SaaS), Salesforce.com.
Le poids lourd américain de l'informatique de gestion (ERP), Oracle aura aussi assuré, cette année, sa croissance à coup d'acquisitions. Si Oracle évolue vers les solutions intégrées, spécialisées métiers, il n'est pas pour autant question de révolution, par opposition à Salesforce, mais d'évolution pour mieux concurrencer SAP, numéro un mondial du progiciel.
Selon Gartner, le marché mondial des solutions de business intelligence (BI) a pesé 4,6 milliards de dollars en 2006 (+14,9% sur un an). Les spécialistes ont cependant perdu des plumes : la part de Business Objects est passée de 20,4% en 2005 à 18,7% en 2006, celle de l'étatsunien SAS Institute a reculé de 0,5 point à 14,3%, celle du canadien Cognos de 0,6 point à 13,4%.
En revanche, les généralistes dont les progiciels intègrent des briques décisionnelles avancées, ont tiré leur épingle du jeu. La part de l'allemand SAP a augmenté de 2,3 points pour atteindre 8,2% en 2006, celle de l'américain Microsoft est passée de 8 à 9,9%. Si la part d'Oracle sur ce marché est restée stable à 5,9%, elle devrait plus que doubler cette année grâce à l'acquisition au printemps 2007 d'Hyperion, concurrent de Business Objects, pour la somme de 3,3 milliards de dollars.
Après l'acquisition d'Hyperion par Oracle, de Business Objects par SAP, en novembre, Cognos était racheté par IBM. Le groupe informatique américain lançait alors une offre publique d'achat amicale de 5 milliards de dollars US. La transaction devait être effective dès le premier trimestre 2008, une fois obtenu le feu vert des actionnaires et des autorités.