Guillaume MULTRIER
GM - Bonjour. Je suis effectivement ingénieur Supelec et, après un MBA à l'Insead, j'ai rejoins les cabinets de conseil en stratégie BCG puis McKinsey. J'ai créé la société BananaLotto en 1999 dont j'ai revendu l'activité grand public en 2001 pour garder l'activité eMarketing et les bases de données, elle même revendue en 2003 au groupe McCann. De 2003 à 2005, au sein du groupe McCann j'ai dirigé la société MRM Partners spécialisée dans le marketing relationnel avant de rejoindre le groupe Aegis, pour diriger les activités internet regroupées au sein du réseau Isobar.
JB - Pouvez vous revenir sur l'historique du groupe Aegis Media dans les métiers de l'internet ?
GM - Aegis a créé dès 1997 un département baptisé Carat Interactive, initialement spécialisé dans l'achat d'espace et qui s'est progressivement diversifié dans la création de bannières et de mini sites puis le search marketing. Le groupe, rebaptisé Isobar, a grossi par acquisitions et représente aujourd'hui 40% de la marge brute d'Aegis Media en France tout en regroupant près de 350 collaborateurs.
JB - Carat, ChewingCom, Planete-Interactive, Marvellous, Takezo : Comment se structurent ces marques du réseau Isobar ? Quels sont vos différents métiers?
GM - Carat Interactif reste spécialisée dans l'achat d'espace, et regroupe désormais près de 100 personnes. Planete-Interactive et Chewing Com comptent environ 120 personnes et sont deux agences web. Avec une cinquantaine de collaborateurs, Takezo concentre les compétences en SEO (référencement) et SEM (liens sponsorisés). Et enfin Marvellous (ex Aerodeon) est notre pôle mobile et compte environ 10 personnes.
Toutes ces marques sont désormais regroupées au sein d'Isobar ce qui nous permet de mieux répondre à des pitchs de communication globale mais également de mieux répondre aux attentes de nos clients qui veulent un interlocuteur unique capable de piloter le projet au sein du groupe, proposer un dispositif multi canaux sans oublier de vraies propositions en matière de ROI.
En complément de ces activités, nous allons également bientôt ouvrir un département “community management” spécialisé dans le web communautaire (blogs, réseaux sociaux, etc...) pour lequel quelques recrutements sont déjà en cours.
L'ensemble a généré une marge brute de près de 40 millions d'euros en 2007 et vise la barre des 50 millions en 2008.
JB - Selon vous, quelle sont les grandes tendances du webmarketing ?
GM - Le marketing à la performance ou l'essor des communautés virtuelles et d'un “marketing de l'influence” sont des tendances lourdes. Mais pour nos métiers, le point qui me semble le plus important est la multiplication des contacts avec l'internaute et le tracking systématique de ses interactions avec la marque, qu'il soit exposé à une bannière sur un portail, qu'il lise un blog ou qu'il utilise un moteur de recherche. C'est pour répondre à ce défi technologique que le groupe a racheté un adserver comme Bluestreak pour nous permettre de faire un tracking avancé de l'internaute et de répondre de manière précise aux problématiques de nos clients.
Le marketing à la performance n'est toutefois pas toujours en mesure de répondre aux besoins de volume de nos clients d'autant que les tarifs des clics ont tendance à augmenter. Les campagnes de branding resteront donc également un levier important, en particulier pour les annonceurs TV qui viendront chercher sur le web une audience additionnelle.
JB - Selon vous, quelles sont les principales régies du web ? Allez vous tester de nouveaux intermédiaires spécialisés dans le ciblage comportemental ?
Dans le Top 5, je vais mettre Google et PagesJaunes, dont le CA les situe au delà des 300 millions d'euros, suivis de Microsoft, Orange et Yahoo. On a tendance à l'oublier mais avec ses milliers de petits annonceurs, PagesJaunes est devenu un véritable poids lourd du secteur.
Pour ce qui est de la publicité comportementale, nous testons le concept et nous pourrions développer une offre spécifique au niveau de l'adserver. L'idée serait par exemple de pouvoir distinguer un client Bouygues Telecom d'un client SFR et ainsi de différencier une publicité d'upsale d'une publicité de recrutement.
JB - Depuis le rachat de Digitas par Publcis, le secteur est en pleine restructuration. Quelles sont les ambitions d'Aegis ?
GM - Sur les campagnes de publicité globale, nos concurrents restent les grandes agences de publicité mais les filiales du réseau Isobar doivent également affronter la concurrence d'agences spécialisées comme BI, Fullsix, Heaven ou encore LesChinois.
JB - Guillaume Multrier, je vous remercie.
