© Universal Hydrogen
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Spécialiste de l'aviation zéro émission, Universal Hydrogen a annoncé avoir mené à bien un vol d'essai de 15 minutes avec un Dash-8 propulsé à l'hydrogène. D'ici deux ans, l'entreprise espère obtenir une première autorisation d'exploiter ce carburant pour des vols avec passagers.

41 ans, 40 places assises, 15 minutes de vol à l'hydrogène et 0 émission de CO2 pour le Dash-8 modifié et testé par Universal Hydrogen. L'appareil, un avion court-courrier à hélices, avait été équipé pour l'occasion d'un moteur à hydrogène avec pile à combustible.

La promesse d'un secteur de l'aviation moins polluant

Qualifié d'historique par Universal Hydrogen, ce premier vol d'essai pose des bases prometteuses pour le groupe, qui souhaite obtenir une certification pour des vols avec passagers d'ici 2025. La firme a d'ailleurs assuré être « déterminée à devenir la première compagnie aérienne nord-américaine à zéro émission », rapporte Engadget.

Comme le rappelle le média, les vols à l'hydrogène représentent un espoir concret d'aboutir à un traffic aérien moins polluant. Et pour l'instant, deux principales technologies permettent d'exploiter l'hydrogène dans le secteur aérien : les moteurs électriques équipés de piles à combustible, ou des moteurs plus conventionnels brûlant directement de l'hydrogène.

© Universal Hydrogen
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Un appareil fortement modifié

En l'occurrence, le Dash-8 modifié par Universal Hydrogen utilisait une pile à combustible fabriquée par Plug Power et un moteur électrique signé magniX, installé sur son aile gauche. À droite, et pour des raisons de sécurité durant le vol, un turbopropulseur Pratt & Whitney restait d'actualité. Les deux moteurs étaient par contre alimentés par de l'hydrogène « vert » obtenu par électrolyse à partir de sources d'énergie renouvelables, lit-on. Très volatil, l'hydrogène était maintenu sous forme liquide à l'aide de modules installés à bord, capables de conserver le gaz sous cette forme pendant un maximum de 100 heures.

L'appareil a enfin dû subir de lourdes modifications pour pouvoir accueillir ces différents équipements, le moteur électrique, 30 kilos d'hydrogène liquide et deux baies de composants électroniques et de capteurs. On apprend du reste que si la turbine a été employée principalement pour le décollage, les pilotes se sont majoritairement appuyés sur le moteur électrique pour le reste des manœuvres, le tout avec une altitude maximale de 3 500 pieds (soit un peu plus de 1 kilomètre).

En dépit d'un mouvement de lacet (rotation horizontale autour d'un axe vertical), induit par la différence de puissance observée entre les deux moteurs, le petit Dash-8 s'est bien comporté en vol, rapporte Engadget : « L'avion s'est très bien tenu, le bruit et les vibrations du groupe motopropulseur à pile à combustible sont nettement inférieurs à ceux du moteur à turbine classique », a d'ailleurs commenté le pilote, Alex Kroll, ex-pilote d'essai de l'US Air Force. Un bilan très positif pour Universal Hydrogen, qui recevait seulement la semaine dernière le feu vert de la FAA pour ce vol d'essai à hydrogène.

D'autres expérimentations ailleurs… et quelques réticences

Notons que Universal Hydrogen n'est pas seule à tenter ce genre de vols. Un peu plus tôt cette année, le groupe américano-britannique ZeroAvia se livrait à une expérimentation similaire, mais avec un Dornier 228 cette fois (un avion plus petit, avec 19 places assises seulement). Dans la même veine, et comme le souligne Engadget, Airbus a récemment annoncé être en train de concevoir une pile à combustible capable de propulser un avion de 100 places sur une distance plus de 1 850 kilomètres. Même dynamique pour le motoriste Rolls-Royce qui a récemment mené à bien des essais permettant de convertir l'un de ses moteurs à hydrogène.

Reste qu'en dépit de ces avancées, le développement de l'aviation à hydrogène bute encore sur certains problèmes. Non seulement la densité énergétique de l'hydrogène est environ quatre fois inférieure à celle du kérosène classique, mais il s'avère aussi très explosif et difficile à manipuler. En d'autres termes, il ne peut dans l'immédiat être utilisé que pour des vols de courtes distances et nécessite des infrastructures complexes encore rares.

Source : Engadget