Le concepteur anglo-américain ZeroAvia veut mettre en service ses appareils à partir de 2025.
En 2018, l'aviation commerciale était responsable d'environ 3 % des émissions de CO₂ à l'échelle mondiale. Mais l'innovation a toujours été très ancrée dans l'aéronautique, et si le secteur a su s'adapter aux différents chocs pétroliers par le passé, nombreux sont ceux qui cherchent désormais à fabriquer des avions moins polluants.
Un vol d’une dizaine de minutes
ZeroAvia fait parler d'elle depuis quelques années déjà. En 2020, elle faisait voler un avion de six places propulsé uniquement par des moteurs électriques à hydrogène, ce qui laissait déjà présager une évolution rapide de ce nouveau marché. Ce mois-ci, elle a fait voler un avion plus imposant : un bimoteur Dornier 228.
Sous son aile gauche se trouvait un moteur électrique à hydrogène, baptisé ZA-600 et alimenté par deux piles à combustible, mais également par des batteries lithium-ion offrant plus de puissance au décollage et plus de sécurité en cas de défaillance. Le vol s'est déroulé sans encombre et a atteint une altitude de 60 mètres pendant un peu moins de 10 minutes. Le fondateur de ZeroAvia, Val Miftakhov, reste satisfait de l'essai et déclare : « Nous venons de faire voler le plus grand avion hybride à hydrogène avec un moteur commercialisable sur un avion commercial. Nous sommes sur la bonne voie pour une entrée en service dans deux petites années. »
De l'optimisme, mais un potentiel à confirmer
Si l'entreprise veut faire certifier le concept d'ici à un an, elle a encore quelques efforts à fournir. En effet, les packs de batteries, les piles à combustible et les réservoirs d'hydrogène étaient tous situés dans la cabine. Pour passer à la configuration commerciale, ils devront être placés dans un stockage externe. Par ailleurs, sous son aile droite, l'avion dispose encore d'un moteur à réaction conventionnel, par sécurité.
Cependant, ZeroAvia est très optimiste. Elle a déjà enregistré entre 600 et 700 précommandes pour des appareils à motoriser, et elle compte commercialiser un avion de 9 à 19 places à l'horizon 2025. De plus, l'entreprise, qui bénéficie d'investissements conséquents de la part d'Amazon et de son Climate Pledge Fund, travaille sur des moteurs plus puissants dans le but d'équiper des engins de 90 places dans la décennie.
L'hydrogène doit encore faire ses preuves, tant du point de vue de sa viabilité commerciale que de sa capacité réelle à réduire les émissions de gaz à effet de serre. En effet, la production du carburant est coûteuse en énergie, et s'il est envisagé de l'alimenter par des sources renouvelables, certains décrient les moteurs électriques à hydrogène pour leur consommation d'énergie globalement plus importante que celle des moteurs électriques à batterie. Enfin, s'il est beaucoup plus évident de concevoir ce type d'avion, l'infrastructure pour produire le carburant, le stocker et le fournir doit encore être généralisée dans les aéroports. Cela limite donc son attrait commercial pour le moment.
Sources : Engadget, Le Journal de l'Aviation