Un Airbus A321 d'Air France (© Air France)
Un Airbus A321 d'Air France (© Air France)

L'alliance franco-néerlandaise a dévoilé des résultats financiers catastrophiques pour le premier trimestre 2020, avec des pertes colossales, des signaux tous au rouge et de sombres perspectives pour les prochains mois et années.

Aussi attendu que redouté, le bilan trimestriel d'Air France-KLM est évidemment meurtri par la crise du coronavirus, qui le pousse à contempler, impuissant, ses avions cloués au sol depuis le mois de mars. Jeudi 7 mai, le groupe a dévoilé des résultats économiques désastreux, qui témoignent surtout de la violence du choc provoqué par le Covid-19 sur une très courte période et sur un secteur aérien qui mettra, et l'alliance franco-néerlandaise en a parfaitement conscience, des années à s'en relever. De nombreux emplois sont, de fait, menacés.

Des pertes historiques pour l'alliance franco-néerlandaise

Un premier indicateur montre à quel point la crise a fait souffrir le groupe. Au premier trimestre 2020, Air France-KLM a recensé 18,11 millions de passagers. En un an, l'alliance a vu ce chiffre plonger de 20,1%. Son chiffre d'affaires, lui, a baissé de 15,5%, passant de 5,94 milliards d'euros au premier trimestre 2019 à 5,02 milliards au T1 2020. Et dire que sur les premiers mois de l'année, jusqu'à la fin du mois de février du moins, les recettes unitaires passage étaient en hausse de 0,8%.

Pour ce seul premier trimestre, l'alliance a enregistré une perte nette de 1,8 milliard d'euros sur ses résultats, ainsi qu'une perte d'exploitation de 815 millions d'euros, renforçant ainsi la dette du groupe, qui continuait de se creuser à 6,58 milliards d'euros au 31 mars, et ce bien avant l'officialisation par l'État de l'aide allouée, sous la forme d'un prêt garanti par l'État français et d'un prêt d'actionnaire de ce dernier, de 7 milliards d'euros. Il s'agit du trimestre le plus douloureux de toute l'histoire d'Air France, pensant avoir vécu le pire en 2009, lorsque le groupe avait enregistré 575 millions d'euros de pertes d'exploitation, sur les premiers mois de l'année.

© Air France
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Air France-KLM veut monter à 20% de ses capacités au troisième trimestre

Air France-KLM a bien tenté de colmater les brèches, en mettant en œuvre des normes de sécurité répondant aux recommandations sanitaires, en baissant de 35% ses capacités d'offre en mars et en se privant de 95% de ses capacités au second trimestre. Mais sans certaines conséquences sur le plan économique, où les coûts vont être réduits et les investissements rabaissés à 2,4 milliards d'euros en 2020. Après l'aide attribuée par le gouvernement français, le groupe attend à présent un soutien de l'État néerlandais.

Mais les perspectives ne sont pas des plus généreuses. Alors que l'activité reprendra très lentement cet été, avec une levée attendue des restrictions aux frontières dans certains pays, Air France-KLM espère passer de 5% de ses capacités aériennes au second trimestre à 20% au troisième trimestre. Les tarifs partiront rapidement et certainement à la hausse, le groupe s'attendant à une demande à la baisse sur plusieurs années. L'entreprise prévoit « un repositionnement de la flotte incluant une réduction structurelle de la capacité d'au moins 20% en 2021 par rapport au niveau d'avant crise en 2019 ».

Des licenciements attendus

Concernant les moyens humains, Air France-KLM, dont les employés sont au chômage partiel, s'apprête à faire subir à ses compagnies un coût social, consécutif au coût économique. La « réduction structurelle » évoquée dans le bilan financier sous-entend, avec un jargon bien particulier on vous l'accorde, que l'alliance franco-néerlandaise taillera dans ses actif, c'est une certitude. À quelle hauteur ? Cette question est pour le moment trop prématurée. Mais réduire la voilure (ou envisager la suppression) sur certaines lignes occasionnera des licenciements.

Les compagnies aériennes européennes sont toutes dans le dur. British Airways prévoit de licencier 12 000 salariés, soit 30% de ses effectifs ; Scandinavian Airlines System (SAS) envisage la suppression de 5 000 emplois ; tandis que Ryanair devrait se séparer de 3 000 salariés. Et cette liste d'exemples demeure incomplète.