LeWeb'12 : Airbnb, Nicolas Ferrary : "nous ne regardons pas la concurrence"

Thomas Pontitoli
Publié le 05 décembre 2012 à 18h32
De passage au salon LeWeb'12, Nicolas Ferrary, le nouveau responsable des opérations d’Airbnb en France nous a livré le bilan d'une année tonitruante et a esquissé ses priorités pour 2013.

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Nicolas Ferrary, Airbnb.
Bonjour, Nicolas Ferrary. Vous êtes le monsieur Airbnb en France désormais. C'est un pays important pour la société ?

Nicolas Ferrary : Beaucoup de gens croient qu'Airbnb n'existait pas dans le pays avant février 2012, quand on y a ouvert un bureau - où nous employons une trentaine de personnes. Mais en fait, à cette date, il y'avait déjà 7 000 annonces dont 4 000 à Paris. Alors oui, la France compte beaucoup. Paris est par exemple la deuxième ville en termes d'annonces, derrière New-York, et devant Londres. Aujourd'hui, la capitale compte environ 13 000 annonces. Alors c'est vrai que l'offre est assez concentrée sur Paris, mais d'autres annonces émergent dans des villes comme Marseille, Aix-en-Provence, Nice ou encore Lyon. En réalité, la force de Paris, pour les hôtes qui louent leurs appartements, c'est de ne pas souffrir d'effets de saisonnalité. Du coup, ils peuvent louer à tout moment de l'année. Au final, la croissance sur le marché français a été de 400% en un an ce qui nous mène à 1,2 million de nuités réservées.

Revenons un peu sur les forces du service. Les deux créateurs, Joe Gebbia et Brian Chesky, ont un cursus artistique à la base, et cela se ressent sur le produit fini. Pouvez-vous en dire plus sur cette démarche ?

Très souvent, les sites de réservation traditionnels essaient de réduire le temps passé sur leurs pages pour, disent-ils, améliorer l'expérience du client. Nous, au contraire, on veut les garder sur notre site ! C'est pour ça qu'on prête beaucoup d'attention au design. Et à ce sujet, nous n'avons que des retours positifs. Nous ne voulons pas d'un site compliqué. Certes, sur Airbnb, il y a tout de même pas mal de choses à gérer, mais cela se fait de manière agréable. L'autre force repose sur la qualité des photos. Lorsqu'un hôte veut mettre un appartement ou une chambre en location, on le met en relation avec l'un de nos photographes freelances. Dans le monde, ils sont environ 3 000, dont une centaine en France. Ils sont rémunés 50 euros par shooting. Concrètement, c'est le photographe le plus proche de l'habitat qui va prendre les clichés. C'est ensuite à lui que revient le soin de la sélection, notamment pour l'image qui apparaîtra en premier, et qui aura le plus fort impact. Bien sûr, les photos sont vérifiées par notre conrôle qualité basé à San Fransisco.

Tout cela, c'est la partie visible. Mais comment fonctionne Airbnb ? Si je suis propriétaire d'une maison et que je veux mettre à disposition une chambre à la location sur votre site, je m'y prends comment ?

En fait, 95% de notre boulot c'est d'accompagner les hôtes, les propriétaires. L'année dernière, on a organisé 80 événements, qui sont de deux types : social et educational. L'idée dans les deux cas est de rencontrer physiquement les hôtes pour les mettre en confiance et leur expliquer le principe dans les meilleures conditions. Lors d'une rencontre de type social, on se rencontre de manière informelle, dans un bar ou dans un restaurant que l'on réquisitionne pour l'occasion. Ici, cela concerne des sessions de trente à cent personnes. Le but est de répondre aux questions. Pour le rendez-vous educational, cela concerne des groupes restreints, avec lesquels on abordera des thèmes particuliers : comment publier une annonce, comment décrire son offre, etc. La force de ce système est qu'on bénéficie beaucoup du bouche à oreille, car on s'est rendu compte que les gens parlaient beaucoup entre eux. Et comme la recommandation est essentielle dans ce business, on en profite à plein. Une fois l'annonce en ligne, des chargés de comptes, sortes de référents, les appellent pour les aider à gérer le tout.

Avez-vous déterminé le profil-type des loueurs ? Ce sont des voyageurs, des hommes d'affaires ? Plutôt jeunes ?

La particularité d'Airbnb est d'adresser un public très équilibré. Cela est vrai sur leur provenance : si 20% viennent des États-Unis, la plupart des autres pays sont à parts égales sous la barre des 10%. Mais aussi par la nature des locations : pour les vacances, le travail, les études. Ensuite, la durée des locations est également très variable. Si on a déjà recénsé une location longue d'un an, cela reste un cas isolé. Cela atteint parfois les six mois, mais dans l'ensemble, cela va de quelques jours à plusieurs semaines. La moyenne officielle est d'une semaine, mais cette statistique ne signifique pas grand chose, dans la mesure où cela dépend de la nature du séjour. De ce point de vue, nous ne concurrençons pas du tout les agences immobilières puisque la durée de location est bien inférieure. Sinon, cela reviendrait trop cher. Enfin, concernant l'âge, il est de 35 ans en moyenen. Au-dessus de ce que tout le monde croit, et 12% ont plus de 55 ans. Concernant les hôtes, ils sont généralement âgés de 39 ans.

Vous avez ouvert votre onzième bureau à Sydney récemment. Comptez-vous maintenir cette internationalisation l'an prochain ? Quels seront les autres axes de développement ?

Actuellement, nous comptons près de 600 collaborateurs dans le monde, et cela croît chaque jour. La tendance est donc bien sûr de nous étendre en ouvrant davantage de bureaux dans le monde. Quant à la stratégie pour 2013, elle repose sur deux priorités. Premièrement, nous voulons enrichir la qualité de service, avec par exmeple Airbnb Quartiers. Avec ce service, l'utilisateur peut choisir sa destination en fonction du type de quartier (tourisme, affaires, fête, traditions, etc.). Pour cela, il dispose d'un contenu éditorial avec plusieurs photos, afin de se faire une idée des endroits visités. Pour filtrer les quartiers, nous utilisons des tags qui sont affinés par les descriptions des hôtes dans leurs annonces. Le but de notre démarche est, en plus de la recherche, de tendre vers la découverte. Ensuite, Airbnb a lancé à San Francisco des Local Lounges. Il s'agit d'adresses, comme des bars, où nous sommes passés, et pour lesquels nous certifions une certaine qualité d'accueil et de services, comme le Wi-Fi gratuit. Cette démarche vise à accompagner le voyageur lorsqu'il est en transit, afin qu'il puisse poser ses bagages. Pa ailleurs, nous ambitionnons de développer les voyages d'affaires. En cela, les appartements pourraient y répondre de manière pertinente. Ces offres peuvent être liées à des événements, comme ce fût déjà le cas pour Rock en Scène, ou tel que cela pourrait l'être avec LeWeb, on imagine.

En Europe, un concurrent comme HouseTrip espère vous faire de l'ombre. Vous souciez-vous de cet acteur assez fort sur le Vieux continent, et de potentiels nouveaux concurrents ?

Franchement, nous regardons devant nous, et nous ne regardons jamais la concurrence Je ne connais même pas l'état du marché. Si vous voulez, il y a tellement à faire sur ce secteur, que nous nous préoccupons pas des parts du gâteau, puisque celui-ci est amené de toute façon à grossir.

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Par Thomas Pontitoli

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