Les longs trajets pour rejoindre (notamment) nos lieux de villégiature sont toujours une occasion de s'intéresser aux applications d'aide à la conduite. Si Waze est désormais connue et adoptée par une très large communauté, le service Coyote poursuit lui aussi son bonhomme de chemin. Nous avons profité de nos congés au Portugal pour comparer ces deux services sur quelques milliers de kilomètres.
Nous testions tout récemment l'application Coyote sur Android Auto, il est temps désormais de faire un « versus » des deux ténors que sont Waze et Coyote. Pour comparer les deux services, nous avons traversé la France, direction le Portugal.
Un « univers » Coyote qu'on retrouve sur Android Auto
Les deux services se sont montrés d'une efficacité assez timide au Portugal. Des dires des locaux, les forfaits de téléphonie mobile incluant des datas illimitées étaient bien trop chers et l'adhésion à Coyote, un service payant lui aussi, n'était pas une priorité. Résultat : des communautés portugaises respectives assez pauvres. Mais les choses évoluent doucement dans le nord et le centre du pays, essentiellement en faveur de Waze.
Il y a des sujets sur lesquels le service de Coyote reste LA référence, à savoir les alertes de radars fixes. En l'occurrence, au Portugal (comme en Espagne), ceux-ci sont encore désignés de la sorte et non comme nos politiquement correctes « zones de danger ».
Le dispositif de contrôle est matérialisé sur la carte à son emplacement précis. Sur ce point, aucun doute, Coyote emporte largement notre préférence, pour une raison simple : tant que vous roulez trop vite à l'approche du radar, une alerte (un bip pas très agréable) se fait entendre pour vous inciter à lever le pied. Cela évitera le fameux et fâcheux 135 km/h au lieu de 130 km/h. Il en est de même pour les zones de danger en France, sauf qu'elles s'étendent sur 4 km là où une alerte en Espagne ou au Portugal se fait quelque 500 mètres en amont.
Du côté de Waze, là encore le radar est matérialisé à son emplacement exact, mais le picto est plus petit et discret que chez Coyote. Et ici, pas d'alerte de survitesse à l'approche. Une différence de fonctionnement qui s'applique aussi aux radars de tronçon, comme nous avons pu les croiser en France. Tant que vous circulez dans la zone, l'appli Coyote vous indique en gros à l'écran la vitesse à respecter et la longueur de la zone. En cas de dépassement, là aussi, un bip se fait entendre.
Waze vous alerte une fois, puis plus rien. Enfin, pas exactement : une barre de progression apparaît bien sur la partie gauche de l'écran pour matérialiser les zones de radars de tronçon, mais ce n'est pas aussi efficace que l'alerte sonore de l'appli Coyote.
Quelques chiffres à connaître
On vous le dit sans détour, souscrire à un abonnement sur l'application Coyote est loin d'être une erreur, que ce soit par un engagement mensuel ou un forfait annuel qui sera amorti à la première infraction. Les tarifs sont indiqués dans l'image ci-dessous. Rappelons que les formules Extend permettent de profiter de l'app sur Android Auto et Apple CarPlay. Quoi qu'il en soit, malgré le constat qui va suivre, nous restons convaincus que les deux applications peuvent être complémentaires si vous avez le budget.
Si nous avons plutôt tendance à recommander une souscription sur mobile, Coyote nous a précisé que les boîtiers représentent encore deux-tiers des abonnements. Peut-être plus pour très longtemps, car l'application représente la plus grosse croissance. La communauté de Coyote compte 5 millions d'utilisateurs en Europe et, selon la société, plus de 80% d'entre eux sont quotidiennement actifs. En moyenne, le service enregistrerait 13 alertes par seconde sur toute l'Europe. Les chiffres détaillés pour la France ne nous auront pas été communiqués. En fait, la société ne communique pas du tout sur les communautés par pays. C'est comme ça, même si c'est bien dommage. Et si nous disions notamment dans notre premier article qu'il faut craindre que la communauté Coyote s'effrite en raison du succès de Waze, pour Kevin Vaney, c'est inexact : « Le nombre d'éclaireurs se maintient. Le marché des boîtiers physiques que nous commercialisons est arrivé à maturité, c'est pourquoi nous travaillons sur de nouvelles pistes pour continuer de séduire nos utilisateurs et en adresser d'autres. Il y a fort potentiel du côté de l'application mobile et nous le constatons dans les abonnements souscrits par nos utilisateurs. Néanmoins, nous continuerons à travailler sur l'évolution de nos boîtiers dédiés, notamment pour répondre aux besoins de professionnels de la route, mais pas seulement. », nous précise le chargé des relations presse de Coyote.
De son côté, Waze revendique 14 millions d'utilisateurs rien qu'en France. Cette communauté grandissante permet à Waze de fournir des études de plus en plus précises sur les déplacements de ses utilisateurs. Il en va de même pour Coyote, lui aussi un agrégateur et fournisseur de données pour des tiers.
Quand la communauté Waze l'emporte majoritairement
Au-delà de toutes ces données, il y a la réalité terrain. Si en France la communauté Coyote reste encore très active, notre expérience montre que les Wazers prennent désormais le pas sur les éclaireurs de Coyote, surtout ici sur les routes du Portugal.
Même si l'application Coyote n'est pas passé à côté de tous les dangers sur la route, les exemples en faveur de Waze se sont multipliés sur les près de 5 000 km de test (dont 3 500 km au Portugal). Sur la photo ci-dessous, nous approchons d'un véhicule en panne, signalé bien en amont par Waze.
Aucune alerte n'est relayée par Coyote à cet instant pour nous avertir de l'accident et du ralentissement. Nous devons corriger le tir en quelques clics sur l'application Coyote, et malheureusement pour celle-ci, les exemples du genre ont été si nombreux sur nos trajets que nous pourrions en faire un diaporama photos entier.
Ci-dessus, autre exemple d'un événement bien signalé sur Waze mais absent de Coyote. De même, là où Waze signale bien la zone de travaux, on ne trouve rien sur Coyote. Idem ci-dessous, où la zone d'accident n'est déclarée que par Waze, qui indique aussi la présence de la police un peu plus loin.
Dans la capture ci-dessous, l'absence d'éclaireur Coyote fait qu'on passerait totalement à côté de la présence d'un véhicule arrêté sur le bas côté… Heureusement, nous avons pu compter sur les Wazers. Là encore, il nous ne nous faudra que quelques clics pour corriger cela, en bon éclaireur que nous sommes.
L'afflux massif, dès la première semaine d'août, des touristes, français, belges, luxembourgeois et suisses a permis à l'application Coyote de monter en qualité. Dans la photo ci-contre, 50 éclaireurs seraient autour de nous.
Un score intéressant, qui représente quasiment le double des utilisateurs constatés sur les semaines précédentes. Cette augmentation permet parfois à la communauté Coyote de faire mieux que celle de Waze, comme on peut le voir ci-dessous : aucune alerte n'est émise par Waze, alors que Coyote affiche en grand sur l'écran de notre mobile le véhicule arrêté sur le bas côté.
La lisibilité de la vitesse à respecter est l'un des autres points forts de Coyote, là où Waze affiche une petite bulle pas toujours très aisée à lire. Avec en prime l'indication du nombre d'éclaireurs ayant confirmé l'alerte, ainsi que la période associée. Cela fait une réelle différence pour le conducteur, qui veut toujours en savoir plus sur les indications délivrées en temps réel.
Conséquence dans le cas présent : il ne nous reste plus qu'à valider l'alerte sur Coyote et, dans le même temps, la déclarer sur l'application Waze. Pour cette dernière, nous aurions pu utiliser la commande vocale, mais cela n'aurait pas été possible sur l'application Coyote puisque la reconnaissance vocale n'est pas encore disponible.
Dans l'ensemble, sur les routes portugaises l'application Waze s'est montrée plus efficace et plus fiable durant ces trois semaines et 3 500 kilomètres de test. Surtout au cours des deux dernières semaines de juillet où la communauté, visiblement étrangère, était encore absente.
En août, en raison de la présence de touristes venant de France et du Benelux, il est arrivé que l'expérience s'inverse et que l'expertise de la communauté Coyote prenne le dessus. Ci-dessus, une photo illustrant pour la seconde fois le signalement d'un radar mobile par Coyote, mais absente de l'application Waze. Hé oui, ils ont l'œil ces éclaireurs pour identifier la petite boîte sur le fond vert du paysage ! En revanche, Waze signale bien la présence de la police au loin.
Waze est une application bien plus polyvalente
Pour conclure ce duel, intéressons-nous enfin aux fonctions de navigation des deux applications. Si Coyote est surtout une marque connue pour ses outils d'aide à la conduite, il ne faut (selon nous) pas perdre de vue que la firme doit aussi faire évoluer de concert ses fonctions de guidage proposées sur l'application mobile et les boîtiers appelés « Nav ». Un point sur lequel nous avons beaucoup échangé avec la société qui a favorablement accueilli nos retours, mais qui précise également un point important pour eux : Coyote focalise ses efforts sur « l'alerting », son ADN.
De fait, le premier reproche qu'on peut faire à l'application Coyote - que certains verraient comme un avantage - réside dans son affichage très minimaliste. Que ce soit sur l'application mobile ou sur Android Auto, le design de la cartographie sur Coyote semble vraiment daté. Les informations sur les rues et routes autour de nous sont très… très limitées. N'espérez pas vous en servir pour vous repérer, en tout cas pas dans un village du nord du Portugal comme le nôtre. Et si Waze ne dispose pas de tous les noms de rues du patelin, l'appli fait tout de même mieux en affichant bien plus d'information sur les lieux dits ou les grands axes.
Et que dire des options de calcul d'itinéraire, autrement plus détaillées sur Waze ? Coyote propose naturellement plusieurs itinéraires pour rejoindre votre destination. L'appli propose aussi d'éviter les autoroutes, les péages ou les routes en non revêtues, mais ne comptez pas sur elle pour vous donner une idée du coût des péages. Waze le fait, et va même plus loin en proposant parfois automatiquement de rouler quelques minutes de plus pour abaisser le coût des péages. En revanche, nous ne pouvons pas affirmer que les coûts sont exactes au centimes près. Surtout au Portugal où, aux péages traditionnels, s'ajoutent les fameux portiques appelés « SCUT ». Sur certaines autoroutes, ceux-ci peuvent parfois faire grimper la facture de plusieurs euros.
Il y a aussi des fonctions exclusives à Waze, comme le fait de partager un trajet avec un proche. Plus intéressant encore dans le cadre des vacances en mode « découverte », la possibilité de cliquer sur un point sur la carte pour s'y rendre. Une fonction dont nous sommes particulièrement friands pour évoluer d'un spot de plage ou de foret à un autre sans nous préoccuper des adresses. On dézoome, on observe, on clique et c'est parti !
Enfin, nous avons pu remarquer aussi que Waze était la seule de deux applications à nous alerter d'une spécificité liée à la voie expresse IP4, très usitée dans notre région. Sur celle-ci, il est obligatoire d'allumer les feux de croisement, y compris de jour. Certes, un panneau est présent à chaque entrée sur l'IP4, mais cette petite alerte visuelle et sonore (un petit ding se fait entendre) est la bienvenue. Voilà un point sur lequel Coyote pourrait travailler avec son partenaire cartographe Here (qui dispose en base de toutes ces informations) pour compléter ses fonctions d'aide à la conduite.
De la même manière, l'option de calcul d'itinéraire en fonction de votre heure d'arrivée souhaitée est un petit gadget disponible sur Waze qui peut être très pratique. Pas infaillible, surtout en région parisienne aux heures de pointe, mais pratique. Vous l'aurez également remarqué : durant notre test, nous n'avons pas pu évaluer les qualités de l'information trafic sur ces deux applications. Nous n'avons croisé aucun embouteillage suffisamment important pour engendrer des calculs d'itinéraires spécifiques.
Coyote vs. Waze : le verdict de Clubic
Vous l'aurez compris, il aura fallu que la communauté étrangère partage avec nous les routes du Portugal pour que les alertes sur Coyote soient plus nombreuses et (parfois beaucoup) plus efficaces. Si aucune des deux applis n'a fait de sans-faute sur les milliers de kilomètres parcourus, nous sommes à l'aise pour dire que les Wazers ont globalement une longueur d'avance sur le territoire portugais.
De la même manière, l'application Waze se veut elle aussi plus polyvalente, plus esthétique et plus riche en fonctionnalités. Certains pourraient justement préférer Coyote pour sa facilité d'utilisation, mais ce n'est pas réellement notre cas. Un point que nous avons là encore partagé avec le responsable de la communication, qui nous a expliqué que de nombreuses évolutions viendront enrichir l'expérience des éclaireurs. Mais la société ne semble pour autant pas encore décidée à se détourner de son métier premier, que sont les alertes liées « aux aides à la conduite ».
Nous sommes plutôt du genre à en vouloir toujours plus, surtout sur une application payante…. Et vous, vous en pensez quoi ?