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L'application mobile des JO de Pékin, qui sera utilisée sur place par les athlètes et leur staff, cache une fonctionnalité d'écoute dénichée par des experts en cybersécurité.

Déjà pointée du doigt pour ses sites parmi les plus secs de Chine, comblés par de la neige 100 % artificielle, l'organisation des Jeux olympiques de Pékin doit affronter une nouvelle polémique, cette fois soulevée par des experts en sécurité informatique. Ces derniers affirment que MY2022, l'application officielle que les athlètes utiliseront durant la quinzaine, serait comparable à un spyware en raison d'une fonctionnalité un peu particulière.

Une écoute orchestrée par une société chinoise placée sur la liste noire américaine

Très clairement, les chercheurs en cybersécurité émettent le risque que les athlètes soient sous surveillance technologique à Pékin, dans le cadre des Jeux olympiques qui auront lieu du 4 au 20 février 2022. Après avoir procédé à la rétro-ingénierie de l'application MY2022, Jonathan Scoot a déniché une fonctionnalité d'écoute pas vraiment respectueuse de la vie privée des utilisateurs.

« Je peux définitivement dire que tout l'audio olympique est collecté, analysé, mais aussi enregistré sur des serveurs chinois, le tout grâce à une technologie fournie par une entreprise qui figure sur la liste noire américaine, iFLYTEK », explique le chercheur Jonathan Scott. L'analyse poussée de l'application montre bien que celle-ci peut ainsi récolter des données vocales.

Jonathan Scott a repéré la fonctionnalité de déclenchement de l'enregistrement audio, ici dans l'encadré rouge © Twitter @jonathandata1
Jonathan Scott a repéré la fonctionnalité de déclenchement de l'enregistrement audio, ici dans l'encadré rouge © Twitter @jonathandata1

L'application ne revêt pas un caractère obligatoire pour les sportifs, le personnel, les journalistes, les représentants ou les hauts fonctionnaires qui participeront chacun à leur façon à ces Jeux d'hiver. Mais elle pourrait leur être d'une grande utilité, dans le sens où, outre ses fonctionnalités de géolocalisation et autres informations sur la compétition, elle peut aider à faire contrôler son statut vaccinal, non sans laisser quelques données sur la plateforme au passage (numéro de passeport, informations relatives à la COVID-19, etc.).

D'autres analyses de l'application suggèrent aussi qu'elle serait dotée d'un mécanisme de mots interdits (2 442 mots au total), pouvant potentiellement déclencher l'enregistrement des conversations s'ils venaient à être employés. Ces mots seraient, pour beaucoup, liés à la politique et au pouvoir exercé par le président de l'empire du Milieu, Xi Jinping.

Les athlètes invités à laisser leur téléphone à la maison

Il n'en fallait pas plus pour que certains pays montent au créneau. Et, alors que les premiers athlètes sont déjà arrivés sur place pour repérer le futur théâtre de leurs exploits et parfaire leur préparation physique, le Comité olympique américain recommande aux membres de sa délégation qui ne sont pas encore partis pour la Chine de s'y rendre sans leur smartphone.

Le Comité olympique américain n'est pas le seul à conseiller à ses athlètes de se passer de leur mobile personnel à Pékin. Les comités britannique, canadien et néerlandais lui ont emboîté le pas. Les différentes organisations, qui redoutent une utilisation ultérieure à mauvais escient des données collectées, conseillent à leurs ressortissants de rejoindre la Chine en utilisant des téléphones dotés d'une carte prépayée.

La société visée, iFlytek, est accusée d'avoir livré au gouvernement chinois des outils destinés à surveiller la population ouïgoure, dans la province du Xinjiang. Elle est officiellement sur la liste noire américaine depuis 2019, au même titre qu'un certain Huawei.