L'application de rencontres LGBTQIA+ Grindr a décidé de désactiver ses fonctions de géolocalisation dans le village olympique de Paris 2024. Cette mesure vise à protéger la vie privée des athlètes, notamment ceux originaires de pays où l'homosexualité est criminalisée. L'application reste accessible, mais sans la localisation précise des utilisateurs.
Les Jeux olympiques de Paris 2024, ça y est presque. Dès ce vendredi 26 juillet 2024, la France vivra au rythme des compétitions que vont disputer les 17 000 athlètes. D'ailleurs, pour l'occasion et dans le cadre d'un partenariat avec Paris 2024, un Samsung Galaxy Z Flip6 édition spéciale leur a été offert. Beaucoup vont sans doute y transférer leurs applications favorites, dont Grindr pour certains. Mais surprise : l'appli de rencontres LGBTQIA+ a décidé de restreindre ses fonctionnalités dans l'enceinte du village olympique.
Cette décision n'est pas anodine et fait suite à plusieurs scandales lors des précédentes olympiades. En 2016 à Rio, un journaliste avait utilisé l'application pour identifier des athlètes gays. En 2021 à Tokyo, des internautes avaient publié sur TikTok l'identité d'utilisateurs de Grindr présents dans le village olympique. Des révélations potentiellement dangereuses pour des sportifs originaires de pays réprimant l'homosexualité.
Grindr ne fait courir aucun risque aux athlètes : les fonctions désactivées dans le village olympique
Grindr a mis en place tout un arsenal de restrictions pour protéger la vie privée de ses utilisateurs présents dans le village olympique. Fini la fonction « Explorer » qui permet de voir les profils à proximité. La fonctionnalité « Se déplacer » est aussi désactivée. Impossible donc de naviguer virtuellement dans le village pour repérer les athlètes célibataires.
L'affichage de la distance entre utilisateurs est désactivé par défaut. Les sportifs peuvent toutefois choisir de partager une distance approximative s'ils le souhaitent. Grindr propose aussi des options supplémentaires : messages éphémères illimités, possibilité d'annuler l'envoi d'un message, blocage des captures d'écran pour les photos de profil et les médias dans le chat.
Les vidéos privées sont interdites dans le périmètre du village olympique. L'application envoie aussi des messages de prévention aux utilisateurs, leur rappelant les risques potentiels. Seules des publicités de Grindr for Equality sur la santé et la sécurité seront diffusées, pas de pubs tierces.
« Être un athlète LGBTQ+ comporte son lot de défis uniques, en particulier pour ceux qui viennent d'endroits où les droits et les protections fondamentaux de notre communauté manquent », précise un communiqué sur le blog de l'application. Enfin, Grindr renforce la vérification des profils et propose une fonction pour signaler facilement tout problème dans les 24 heures. Le but : permettre aux athlètes de communiquer entre eux sans craindre d'être repérés ou harcelés.
Une mesure de protection des athlètes LGBTQIA+ face aux dangers dans certains pays
Pourquoi tant de précautions ? À l'instar de Tinder avec ses utilisateurs, Grindr cherche à protéger les athlètes LGBTQIA+ originaires de pays où l'homosexualité reste criminalisée. En 2024, c'est encore le cas dans 62 pays membres de l'ONU. Certains, comme l'Ouganda, ont même durci leur législation récemment. Être gay y est passible de la peine de mort, tout comme en Afghanistan, en Arabie saoudite, en Iran ou au Yémen.
Les athlètes de ces pays risquent gros s'ils sont identifiés sur une application gay : prison, violences, rejet familial… Même pour ceux venant de pays plus tolérants, un coming out forcé peut avoir de lourdes conséquences sur leur carrière ou leur vie personnelle.
Les précédents scandales ont alerté Grindr sur ces risques. En 2016, un journaliste américain s'était servi de l'appli pour écrire un article sur les athlètes gays présents à Rio. Si les noms n'étaient pas cités, les sportifs étaient facilement identifiables. L'article avait dû être retiré face au tollé. En 2021 à Tokyo, des internautes avaient carrément publié sur TikTok l'identité d'utilisateurs de Grindr dans le village olympique.
Grindr veut éviter que de tels incidents se reproduisent à Paris. L'application reste accessible, mais sans géolocalisation précise. Les athlètes peuvent ainsi communiquer entre eux sans craindre d'être repérés par des curieux mal intentionnés. Une mesure de protection bienvenue, même si elle limite les possibilités de rencontres avec les locaux. La sécurité des sportifs prime sur le reste pour Grindr, qui a « hâte » de voir les athlètes « briller » lors de ces Jeux olympiques de Paris 2024.
- Des fonctionnalités supplémentaires payantes accessibles selon les besoins des utilisateurs.
- L'ajout de filtres pour cibler des profils compatibles.
- Une interface classique et simple sur l'app mobile comme sur la version web.
Source : Grindr