L'État, qui ne cache plus ses ambitions en matière de cybersécurité, vient de dévoiler la liste des projets d'envergure qu'il va financièrement soutenir, pour faire de la France une référence du secteur au niveau mondial.
Le ministre délégué en charge de la Transition numérique et des Télécommunications, Jean-Noël Barrot, a profité de sa dernière visite au Campus Cyber pour officialiser le soutien de l'État aux 17 projets sélectionnés dans le cadre de la stratégie nationale d'accélération pour la cybersécurité de France 2030. Ces projets, issus de start-up émergentes et prometteuses, d'entreprises reconnues ou d'institutions du secteur, seront subventionnés à hauteur de 39 millions d'euros de financements publics.
Plusieurs solutions de suivi et de détection des menaces sélectionnées
Sept initiatives ont été sélectionnées dans le cadre de l'appel à projet « Soutien au développement de technologies innovantes et critiques en cybersécurité », l'un des cinq dispositifs lancés par le gouvernement, tous rattachés au plan France 2030.
La solution Asset Discovery and Monitoring (ADM) de CybelAngel a attiré l'attention de l'État. Cette dernière est en effet capable de suivre l'exposition aux menaces cyber des différents éléments d'un système d'information. Elle aide ainsi les utilisateurs à concentrer leurs efforts de sécurisation de leur surface d'attaque sur leurs vulnérabilités les plus critiques.
NANO Corp et ses solutions EYE-OT sont aussi mises à l'honneur, en ce qu'elles permettent de cartographier automatiquement tout réseau et de détecter aussi bien les attaques que les anomalies. Quarkslab, de son côté, propose son outil Quarks Remote Attestation (QRA) qui permet d'assurer qu'un équipement connecté à un réseau est bien celui fourni par le constructeur, et qu'il n'a ni été copié ni altéré. La solution pourrait s'avérer particulièrement pratique dans les domaines du médical, de la banque ou des réseaux industriels.
Des projets aussi orientés vers la valorisation des données et l'emploi
Dans le cadre d'autres appels à projet, on retient l'initiative de Hub France IA, ALEIA & QWAM, baptisée Cylvia. Elle est matérialisée par la création d'une plateforme qui unit IA et cybersécurité et qui permet de développer les compétences requises à la formation d'un écosystème IA & cyber. Elle prendra vie au Campus Cyber dirigé par Michel Van Den Berghe.
Deux projets destinés à la mutualisation et à la valorisation des données d'intérêt cyber ont aussi été retenus, comme l'initiative SMART-CTI menée par Chapvision, Beware Cyberlabs, Olfeo, Exatrack et Quarkslab, qui consiste en un système d'alerte et d'anticipation cyber. Couplé à des outils de renseignement avancés, il permettra de qualifier et de contextualiser une menace avec précision et réactivité. Les données collectées seront issues de capteurs multiples, que le système devra formater pour les agréger sur une plateforme de données de grande capacité. Elles seront alors corrélées, analysées et présentées de façon à fournir un renseignement pratique aux responsables de la sécurité informatique dans les centres de réponse aux incidents.
Plusieurs initiatives orientées vers la compétence et les métiers cyber d'avenir, avec un volet diagnostic et un volet dispositif, ont aussi été retenues dans le cadre d'appels à manifestation d'intérêt. Le Pôle d'excellence cyber, créé en 2014 par le ministre de la Défense et la Région Bretagne, se chargera par exemple d'établir un diagnostic (DiagCyber) et une analyse des métiers à pourvoir (en nature, en volume et en qualification), pour ensuite faire le lien avec les formations et compétences existantes ou à créer. Les perspectives d'emplois en cybersécurité sont estimées à 37 000, selon France 2030.