Les États-Unis viennent de dévoiler leur nouvelle stratégie nationale de cybersécurité, appelant à « réinventer le cyberespace » pour protéger ses citoyens et son économie des ennemis désignés, parmi lesquels les puissances chinoise, russe ou encore nord-coréenne.
Jeudi, la Maison-Blanche a publié sa nouvelle stratégie de cybersécurité qui vise, sur les dix prochaines années, à faire du cyberespace un outil de sécurité économique, de prospérité, de respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Appelant à une meilleure collaboration entre le gouvernement et le secteur privé, l'administration Biden prend les devants, après avoir subi plusieurs incidents de cybersécurité majeurs, et pointe du doigt les menaces en la matière.
La Chine, vue comme « la menace la plus large », la Russie comme « une menace persistante »
Dans un document de 35 pages, les États-Unis expliquent que « les gouvernements de la Chine, de la Russie, de l'Iran, de la Corée du Nord et d'autres États autocratiques aux intentions révisionnistes utilisent de manière agressive des cybercapacités avancées pour poursuivre des objectifs qui vont à l'encontre des intérêts américains et des normes internationales largement acceptées », ce qui constitue pour la Maison-Blanche une menace pour la sécurité nationale et la santé économique des USA.
Dans son exposé, le gouvernement américain désigne tout particulièrement la Chine comme « la menace la plus large, la plus active et la plus persistante pour les réseaux gouvernementaux et le secteur privé. » Selon Washington, l'empire du Milieu est le seul à avoir l'intention de remodeler l'ordre international et le seul à posséder de telles capacités diplomatiques, militaires, économiques et technologiques.
« Au cours des dix dernières années, elle a étendu ses opérations cyber au-delà du vol de propriété intellectuelle pour devenir notre concurrent stratégique le plus avancé, capable de menacer les intérêts américains et de dominer les technologies émergentes essentielles au développement mondial. Après avoir exploité avec succès Internet comme épine dorsale de son État de surveillance et de ses capacités d'influence, la Chine exporte sa vision de l'autoritarisme numérique, s'efforce de façonner l'Internet mondial à son image et met en péril les droits de l'homme au-delà de ses frontières ».
Le constat envers Pékin et sans appel, mais il est aussi le même à l'encontre de Moscou. « La Russie reste une cybermenace persistante alors qu'elle affine ses capacités de cyberespionnage, d'attaque, d'influence et de désinformation pour contraindre les pays souverains, héberger des acteurs criminels transnationaux, affaiblir les alliances et les partenariats américains et renverser le système international fondé sur des règles. Comme son attaque NotPetya de 2017, les cyberattaques de la Russie à l'appui de son invasion brutale et non provoquée de l'Ukraine en 2022 ont entraîné des retombées irresponsables sur les infrastructures civiles critiques dans d'autres pays européens », lit-on dans le document.
La Maison-Blanche appelle à une coalition mondiale
Washington entend ainsi favoriser les investissements à long terme dans le secteur, pour notamment mieux protéger les individus, les petites entreprises et les gouvernements locaux. Dans un monde idéal, cette stratégie repose sur la vision d'une cybersécurité « défendable », c'est-à-dire plus simple, moins chère et plus efficace ; « résiliente », pour que les cyberattaques aient un impact plus faible ; et « alignée sur les valeurs » défendues.
Plus globalement, la stratégie mise sur la formation de coalitions avec des partenaires étrangers (nations ou entreprises) qui partagent la même vision et les mêmes idées pour contrer les menaces, dans l'optique de bloquer ces dernières à l'aide d'une préparation et d'une réponse communes, pour notamment faire pression sur la Russie et d'autres acteurs considérés par les USA comme malveillants.
L'administration Biden entend aussi renforcer la capacité de ses partenaires à se défendre contre les attaques informatiques et autres menaces, que ce soit en temps de crise ou en temps normal, de même qu'elle travaillera avec ses alliés et partenaires pour bâtir des chaînes d'approvisionnement planétaires sécurisées, qui se mettront au service des produits et services numériques et opérationnels.
Source : The White House