MS Satoshi

Cela devait être le lieu du futur pour tous les adeptes de crypto-monnaies et de liberté, mais rien ne s’est passé comme prévu…

Qui n’a jamais rêvé de vivre au milieu de l’océan, loin de toutes règles et de tous gouvernements et d'y créer sa propre communauté crypto-friendly ? C’est le pari fou qu’ont fait Grant Romundt, Rüdiger Koch et Chad Elwartowski en 2020, inspirés par la vision du fondateur du Seasteading Institute pour qui les villes du futur seront libres et au large des océans.

Du crypto-paradis à l'enfer sur mer

Convaincus par ce concept et riches de leurs réussites personnelles dans l’entreprenariat et les crypto-monnaies, les trois comparses s’associent en créant Oceans Builders et profitent des effets de la pandémie pour s’offrir à un prix dérisoire un bateau de croisière de 245 mètres de long baptisé « MS Satoshi », en référence au pseudo du créateur du Bitcoin Satoshi Nakamoto.

Mais une fois la vente aux enchères de 777 cabines réalisée, les futurs passagers ont commencé à s'inquiéter en réalisant que certaines prestations ne s'annonçaient pas aussi luxueuses que prévu. Les clients les plus chanceux bénéficiaient ainsi au mieux d’un mini-réfrigérateur, tandis que les propriétaires d'animaux ont découvert une longue liste d'interdictions relatives à leurs petits compagnons. Comme un petit air de Fyre festival ?

En parallèle, alors que personne n’avait encore pu embarquer, les coûts de gestion pour Oceans Builders s'annonçaient déjà pharaoniques. Les trois associés n’avaient en effet pas anticipé qu’un bateau de cette envergure nécessitait pas moins de 40 employés, qu’il soit au large ou à quai. En outre, aucune compagnie d’assurance n'était prête à prendre le risque d’assurer un navire faisant office de crypto-communauté flottante.

Une mésaventure qui n'a pas démotivé les entrepreneurs

Enfin, même si les océans donnent une impression de liberté et d’absence de frontières, ils demeurent en réalité des lieux strictement réglementés du monde - et l’industrie des bateaux de croisière avec eux. Ainsi, même équipé d’un système avancé en gestion des eaux usées, le MS Satoshi était contraint de se rendre régulièrement dans les eaux internationales pour vider ses réservoirs.

Las de toutes ces embûches, Romundt, Koch et Elwartowski ont finalement réussi, après une nouvelle série de péripéties, à revendre le MS Satoshi au début de l’année 2021. Malgré la perte financière (dont on ignore le montant réel), cela n’a pas refroidi les trois crypto-rêveurs qui se sont, depuis, lancés dans le développement de « SeaPods », sorte de maisons-bulles flottantes en fibres de verre.

Source : The Guardian.