Des pirates, qui ont violé les communications diplomatiques de l'Union européenne, sont soupçonnés d'avoir été employés par la Chine.
La Chine espionnerait-elle des conversations de diplomates de l'Union européenne depuis plusieurs années ? C'est en tout cas ce qu'indique le rapport d'une société spécialiste de la cybersécurité, Area 1 Security, relayé par le New York Times, le 18 décembre 2018. Le texte fait état d'une enquête de l'UE sur une « fuite potentielle d'informations sensibles » qui concerne plusieurs milliers d'échanges.
Des pirates en action pendant au moins trois années entières
Des pirates informatiques ont été en mesure d'infiltrer le réseau de communication diplomatique de l'Union européenne. Pendant au moins trois ans, ils ont pu télécharger plusieurs millions de « câbles », qui sont des correspondances échangées entre diplomates de la zone.Pour capter ces informations hautement confidentielles, les hackers ont utilisé des techniques tout bonnement similaires à celles utilisées depuis longtemps par une unité d'élite de l'armée chinoise. Les correspondances ont été copiées depuis un réseau sécurisé, puis postées sur un site Internet ouvert, mis en place par les pirates au cours de leur attaque, comme le révèle Area 1 Security.
Un match de boxe « sans règles » entre la Chine et les États-Unis
Parmi les informations qui ont été interceptées, on retrouve des échanges nourris d'inquiétudes de l'UE envers la politique menée par l'administration Trump, les difficultés avec la Russie et la Chine, ainsi que les risques de voir l'Iran relancer son programme nucléaire.L'une des conversations a notamment révélé que le président chinois, Xi Jinping, aurait comparé l'intimidation dont serait victime son pays du fait de Donald Trump à un match de boxe « sans règles », où tous les coups sont permis. Pour le moment, la Maison-Blanche et le Conseil européen ne se livrent à aucun commentaire. Un porte-parole du secrétariat de l'UE a en revanche indiqué que celle-ci menait « activement l'enquête sur le sujet ».
Area 1 indique que des pirates ont également infiltré le réseau des Nations Unies et de divers ministères des affaires étrangères et des finances à travers le monde. L'ONU ne dispose, pour le moment, « d'aucune information » sur une éventuelle cyber-violation de ses systèmes par des pirates chinois.
La Chine en ligne de mire
Les experts d'Area 1 sont convaincus que les pirates ont reçu des ordres de la Chine pour agir. Pékin n'a en tout cas pas réagi au moment où nous écrivons.Ces révélations ne vont sans doute pas éclaircir les relations entre les trois grandes parties que sont l'Europe, la Chine et les États-Unis. Pire, elles pourraient renforcer la thèse selon laquelle le gouvernement chinois se livrerait à un véritable espionnage organisé, peut-être en passant par des équipementiers de télécommunications comme Huawei, déjà soupçonné.