© Gorodenkoff / Shutterstock
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Trois ans de prison ont été requis contre un joueur et pirate français, qui se serait rendu coupable d'attaques informatiques, de menaces et d'avoir inventé une prise d'otage chez Ubisoft.

Le prévenu souffrirait de schizophrénie paranoïde et d'une intolérance absolue à la frustration.

Piratage, canulars, menaces… un dossier compliqué

Yanni O., connu sous le pseudonyme de Y4nn0XX, était hier dans la 12e chambre du tribunal correctionnel de Paris afin d'être jugé pour tentative d'extorsion, menace de mort et escroquerie. Tout juste âgé de 22 ans, il lui est notamment reproché d'avoir, entre 2020 et 2022, fait croire aux forces de l'ordre qu'une prise d'otage était en cours du côté d'Ubisoft Montréal en 2020 (ce que l'on appelle du « swatting »). De plus, il a piraté le Centre national de l'enseignement à distance (CNED) en 2021 et menacé l'entreprise Fuze III, qui administre les serveurs multijoueurs de Minecraft.

Dans le cas d'Ubisoft, la menace a été prise très au sérieux par la police québécoise, qui avait été mobilisée pendant plusieurs heures afin d'évacuer 400 personnes et une crèche. Pour ce qui est du CNED, il s'agit de la fameuse attaque à laquelle Jean-Michel Blanquer, alors ministre de l'Éducation nationale, avait attribué une origine étrangère. Après 8 heures d'audience, le procureur de la République a requis 3 ans d'emprisonnement, dont deux assorties d'un sursis probatoire. Le délibéré a été fixé au 3 juillet prochain.

© Ludovic Maillard
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Des motivations variées et une personnalité instable

Le palmarès de l'auteur présumé des faits a provoqué diverses interrogations du côté de la justice, et l'audience n'a visiblement pas permis de lever le voile sur la personnalité du prévenu. Les parties civiles évoquent un « petit poisson », mais les experts psychiatres interrogés ont fait état d'une schizophrénie paranoïde qui réduirait la responsabilité de Yanni O. S'il a agi ainsi auprès d'Ubisoft, ce serait par vengeance à la suite de plusieurs bannissements pour triche sur Rainbow Six Siege. Sa participation au piratage du CNED n'aurait quant à elle été motivée que par l'idée « de faire le buzz et gagner des abonnés sur Twitter ».

Entre deux rires présentés comme nerveux, Yanni O. a dit ne pas se souvenir d'avoir piégé les forces de l'ordre à Montréal, puis a évoqué un complice que l'avocat de l'éditeur a présenté comme un « double imaginaire ». Il est ensuite revenu sur ses déclarations et a indiqué qu'il n'avait pas conscience de la gravité des faits, ayant à l'esprit l'idée du jeu. Il a cependant nié être à l'origine de l'attaque DDoS contre Fuze III, mais a reconnu avoir menacé un salarié, posté des messages à caractère terroriste et être l'auteur d'une chanson publiée sur YouTube dans laquelle il listait ses reproches contre l'entreprise.

Sources : Sud Ouest, BFMTV