L'entreprise américaine Hold Security vient de publier un rapport dans lequel elle affirme qu'un groupe de pirates russes est à l'origine du plus gros vol de données jusque-là constaté sur la Toile. Les hackers, dont seule la nationalité est évoquée, auraient ainsi mis la main sur environ 1,2 milliard de combinaisons identifiant/mot de passe et sur plus de 500 millions d'adresses email. Des données récoltées en exploitant des failles de sécurité de près de 420 000 sites Internet divers et variés, allant du petit site Web d'entreprise aux grosses sociétés.
Aucun nom de cible n'est donné dans le rapport : Hold Security évoque un accord de confidentialité, et la crainte des sites touchés, de l'être encore. Néanmoins, le New York Times, qui détaille l'affaire, explique avoir mandaté un expert en sécurité pour vérifier la véracité des informations, ayant estimé qu'elles étaient authentiques.
« Les pirates n'ont pas seulement ciblé les entreprises américaines. Ils ont attaqué tous les sites qu'ils pouvaient atteindre, allant du top 500 de Fortune aux très petits domaines » explique Alex Holden, le fondateur de Hold Security. « La plupart de ces sites sont encore vulnérables » ajoute-t-il. Selon lui, il n'y aurait aucun lien entre les hackers malveillants et le gouvernement russe : des sites russes font par ailleurs partie des cibles des pirates.
Les experts en sécurité suivent les activités des pirates depuis 2011 : le groupe serait constitué d'une douzaine de hackers russes d'une vingtaine d'années « qui se connaissent personnellement, pas seulement virtuellement ». Probablement localisés dans le sud de la Russie centrale, ils agiraient de manière très organisée : « Certains développent les programmes tandis que d'autres volent des données. C'est comme dans une petite entreprise, tout le monde essaie de gagner sa vie. » Après s'être concentrés sur une activité liée au spam, ils se seraient réorientés vers le vol de données intensifié début 2014, principalement en exploitant des réseaux de PC zombies (botnet) pour identifier les sites Web vulnérables et aller ensuite à la pêche aux identifiants à l'aide d'injections SQL.
Certains points restent actuellement flous, notamment concernant les botnets utilisés, et l'avenir des données volées. Selon les experts en sécurité, la plupart des identifiants dérobés n'ont pas encore été mis en vente par les pirates : un constat qui laisse un peu de répit aux internautes potentiellement concernés. Hold Security a mis en place une page permettant de vérifier si un internaute est touché par ce piratage de grande envergure, mais il faut se montrer patient, car la plateforme est saturée de demandes de vérification. En cas de vol d'identifiants avéré, il faut alors passer à l'étape consistant à changer ses mots de passe sur la Toile.
Mise à jour, 23h40 : s'il est difficile de remettre en question de façon catégorique la nature de ces révélations, mieux vaut probablement éviter de faire appel aux outils proposés par Hold Security (le lien que nous diffusions dans cet article a d'ailleurs été supprimé). Le formulaire grâce auquel l'internaute est invité à vérifier si son ou ses comptes ont été compromis invite en effet à transférer les mots de passe associés, ce qui est contraire à toute démarche de sécurité en ligne. En outre, il apparaît que Hold Security incite très fortement les visiteurs de son site à souscrire des solutions facturées au prix fort (120 dollars) pour obtenir cette vérification : une démarche certainement très efficace sur le plan commercial mais beaucoup moins valable sur le plan déontologique.