Artv.watch : l'auteur du site regrette l'avoir créé
Cela a pris huit mois, mais ce qui devait arriver est arrivé : la police judiciaire de Bordeaux a placé en garde à vue l'auteur du site de streaming illégal Artv.watch. Pendant sa garde à vue, l'adolescent de 16 ans a fermé le site. À sa place, sur Artv.watch s'affiche actuellement un message d'adieu et une vidéo que l'auteur du site a tournée après sa remise en liberté. Dans la vidéo d'à peine trois minutes, il explique qu'avant sa garde à vue, il ne se rendait pas compte de la nature délictueuse de son site, créé selon lui pour permettre à ses amis Twitter vivant à l'étranger de regarder la télévision française et à ses amis français de faire des économies. Dans la vidéo, l'adolescent se dit désolé pour ce qu'il a fait et dit ne pas savoir comment il va payer son amende.Il appelle néanmoins ses sympathisants à ne pas lui virer de l'argent, en disant que c'est de sa faute et que c'est à lui de payer. La vidéo s'accompagne d'un petit message écrit : « Avis à toute personne voulant faire un site dans le même genre, je vous le déconseille fortement. Du côté pénal, cela peut aller jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 300.000 euros d'amende ».
Artv.watch : la sophistication technique est étonnante
Lancé en avril 2017, Artv.watch permettait de visionner en direct les chaînes des groupes Canal+, M6, TF1, France Télévision, ainsi que les chaînes de Paramount, Disney et Fox. Des chaînes thématiques et sportives étaient également proposées.Selon les données de Hypestat, Artv.watch comptabilisait 13.150 visiteurs uniques, chaque visiteur consultant quatre pages en moyenne lors d'une visite. 70 % des visites se faisaient depuis la France, et le site engrangeait 184 euros de revenus publicitaires par jour. Le domaine Artv.watch était enregistré auprès d'une société britannique, les coordonnées réelles de l'auteur ayant étant masquées et remplacées par celles de la société enregistreuse (un service facturé en supplément par les sociétés d'enregistrement de noms de domaine). En l'occurrence, le site avait une adresse postale aux Bahamas. L'hébergeur du site n'est pas non plus localisable immédiatement, car Artv.watch recourait à la technologie d'un intermédiaire, Cloudflare, pour optimiser le transfert de données. En dépit de sa nature sulfureuse, le site a néanmoins réussi à obtenir un certificat SSL, lui permettant de transférer les données via le protocole chiffré https.
L'enquête policière a été menée en coordination avec l'Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (Alpa), qui représente les intérêts des chaînes de télévision. Selon l'Alpa, en 2016, le nombre d'internautes français ayant consulté un site dédié à la contrefaçon audiovisuelle s'élève à 13 millions, soit 27 % de la population internaute. Ce nombre est en baisse de 8 % (soit 1 million d'internautes) par rapport à 2015.