Désormais disponible quasiment partout à travers le monde, depuis l'annonce début janvier de son arrivée dans 130 nouveaux pays, Netflix se retrouve de plus en plus confronté aux solutions qui permettent d'accéder aux contenus proposés localement au sein de son catalogue. En effet, selon les pays et les droits qui s'y appliquent, les contenus disponibles sur le service ne sont pas les mêmes. En France, par exemple, la chronologie des médias exclue de nombreux films sortis en salle il y a moins de trois ans, mais qui sont proposés dans d'autres pays, y compris des films français.
Pour contourner ces limitations, il existe des solutions officieuses. L'une des plus prisées d'entre elles a longtemps été l'utilisation d'un proxy, permettant d'identifier la connexion d'un utilisateur comme étant localisée dans un pays différent, et d'accéder de ce fait au catalogue de Netflix proposé dans le pays en question. Lorsqu'on voyage, il est en effet possible d'accéder au contenu local avec son compte. Un proxy permet de simuler cela.
Smartflix, ou la discorde
Mais début janvier, c'est un autre service officieux qui a grandement fait parler de lui : Smartflix, une application qui se propose tout simplement de permettre l'accès à la totalité du catalogue de Netflix à l'échelle mondiale grâce à « l'utilisation optimisée de proxies ». Si l'usage de VPN (proxies) s'est vu facilité pour le grand public ces dernières années, Smartflix pousse encore plus loin le concept. Actuellement en bêta, le service devrait même passer payant par la suite, demandant aux internautes de payer un supplément en marge de Netflix pour élargir son contenu.Une situation qui n'est assurément pas du goût de Netflix. Dans un billet de blog, David Fullagar, le vice-président en charge de l'acheminement de contenu sur la plateforme, explique que l'usage de ce type de services commence à poser de sérieux problèmes, à commencer par des questions de légalité. « Dans le futur, nous espérons pouvoir proposer le même catalogue de films et de séries partout. Mais dans l'immédiat, compte tenu des pratiques historiques en matière de licences dans les différents territoires, les émissions de télévision et les films que nous proposons dans les différents pays varient à divers degrés. Nous devons donc continuer de respecter et faire respecter les licences en vigueur dans les pays. »
Contre-déblocage
« Les technologies de déblocage continuent d'évoluer, et nous évoluons avec elles » poursuit David Fullagar. « Cela signifie que, dans les prochaines semaines, ceux qui utilisent des proxies et des débloqueurs ne pourront qu'accéder aux contenus proposés dans le service où ils sont actuellement. »Cela signifie tout simplement que des programmes comme Smartflix, mais également des plugin comme Hola Unblocker, par exemple, ne devraient plus fonctionner avec Netflix. L'une des éventualités, c'est qu'un compte créé en France ne pourrait avoir accéder qu'au contenu du pays de l'inscription initiale, et ce même si l'internaute français se connecte à son compte depuis l'étranger. La plateforme pourrait également décider de bloquer les adresses IP des services comme Smartflix, mais la démarche serait plus compliquée lors de l'utilisation d'un simple VPN.
Le VPN, ce « petit astérisque »
La politique de Netflix devrait donc être durcie et pourrait pénaliser prochainement les utilisateurs qui ont l'habitude de profiter d'un voyage pour accéder à une version différente du catalogue du service. Néanmoins, on imagine que la situation est épineuse pour le service, au niveau légal, et que les ayants-droit ne doivent pas être étrangers à cette décision.En avril 2015, Red Hastings, le patron de l'entreprise, évoquait la possibilité de proposer un jour un catalogue international de contenus. A l'époque, il considérait l'usage de VPN comme un moindre mal en comparaison au piratage, « le vrai problème ». Le paradoxe, c'est qu'en bloquant l'utilisation de proxies, Netflix pourrait motiver des utilisateurs à pirater les contenus auxquels il n'aura pas accès par ce biais. On a le sentiment que le serpent se mord la queue.