Condamnée pour « pratiques commerciales déloyales et trompeuses » ainsi que pour « des actes de dénigrement », la start-up à l'origine de Yuka devra verser 25 000 euros de dommages et intérêts au fabricant de charcuterie ABC Industrie.
Le jugement a été prononcé par le tribunal de commerce d'Aix-en-Provence. Fin mai, le tribunal de commerce de Paris a rendu une décision similaire au profit de la Fédération des industriels charcutiers traiteurs (FICT) dont fait partie ABC Industrie. Dans les deux cas, Yuka a décidé de faire appel.
Au cœur du litige : les nitrites
Lancée en 2017, l'appli Yuka est utilisée par des millions de consommateurs pour scanner les produits alimentaires et juger de leur qualité nutritionnelle. Depuis la fin d'année 2020, elle est dans le viseur des industriels de la charcuterie. En cause : les additifs à base de nitrites. Omniprésents dans les charcuteries, ils sont décrits par l'appli comme « cancérigènes » et « génotoxiques », faisant chuter la note des produits qui en contiennent.
ABC Industrie accusait Yuka de lui avoir « occasionné d’importants préjudices financiers et moraux, outre une grave atteinte à sa réputation ». Le juge aixois a statué en sa faveur, ordonnant à l'appli d'arrêter la diffusion de tout « contenu trompeur ou dénigrant les jambons cuits fabriqués par ABC ». Yuka doit également supprimer « la mention précisant que les nitrites sont cancérigènes et génotoxiques ou tout terme équivalent » ainsi que l'indication « risque élevé » attribuée à l’additif E250 (nitrite de sodium).
« Nous sommes plutôt satisfaits », le tribunal reconnaît que « les informations délivrées par Yuka doivent être justes et scientifiquement prouvées », s’est félicité le délégué général de la FICT, Fabien Castanier. Les nitrites sont pourtant considérés comme « probablement cancérigènes » par l'OMS.
« Le système de notation de Yuka n'a pas été remis en question »
Le juge a infligé une amende de 25 000 euros à Yuka, une somme toutefois inférieure aux 714 000 réclamés par ABC Industrie. « Nous avons été condamnés pour préjudice moral et réputationnel, mais le système de notation de Yuka n'a pas été remis en question, ce qui était leur principale demande », précise en outre Julie Chapon, cofondatrice de Yuka. Ainsi, les produits concernés resteront mal notés.
« La volonté de Yuka d’informer les consommateurs sur les risques inhérents aux nitrites et de pousser les industriels à être plus responsables reste inchangée. Cette volonté est soutenue par près de 350 000 signataires de la pétition demandant l’interdiction des nitrites ajoutés, lancée en partenariat avec Foodwatch et la Ligue contre le Cancer », ajoute le communiqué envoyé à la presse.
Un troisième procès en cours oppose le charcutier corrézien Le Mont de la Coste à Yuka, là aussi pour des « actes de dénigrement ». Le verdict sera rendu ce vendredi 17 septembre par le tribunal de commerce de Brive.
Source : Strategies