Des applications comme Le Figaro, Marmiton ou encore Vie de Merde ont soudain été retirées de l'App Store, parce qu'elles transmettaient automatiquement la géolocalisation de leurs utilisateurs à une régie publicitaire et ce, sans le consentement des intéressés.
Codes « espions » : l'indulgence d'Apple prend fin
Recueillir sans leur consentement la géolocalisation des utilisateurs pour revendre ces informations à des régies publicitaires : la pratique, bien qu'interdite par le règlement d'Apple, non seulement existe, mais fait aussi preuve d'une extraordinaire vitalité. Fin octobre 2015, à travers un article publié dans la revue Technology Science, une équipe de chercheurs révélait que parmi les 110 applications iOS les plus populaires, 47 % revendaient les données de géolocalisation des utilisateurs à des régies publicitaires. Et la pratique n'a pas cessé depuis. Apple a donc pris le problème à bras le corps, en commençant à enlever de l'App Store les applications qui y ont recours.C'est ainsi que dans la nuit du 25 au 26 avril 2018, Le Figaro a vu son application retirée de la boutique d'applications d'Apple. Quelques heures après avoir délesté son app' du code « espion », Le Figaro a pu réintégrer l'App Store. Marmiton et Vie de Merde, deux autres applications partenaires de la même régie publicitaire, ont eu moins de chance : leurs applications restent indisponibles sur l'App Store au moment de l'écriture de cet article.
Apple finally decided to start enforcing guidelines on selling location data
— Thomasbcn (@Thomasbcn) May 7, 2018
via @jeromep1970 pic.twitter.com/YKAWfMBq35
Teemo : des pratiques longtemps tolérées mais effectivement interdites
À l'origine du code « espion » que les éditeurs de ces applications ont accepté d'insérer, contre rémunération, se trouve la start-up française Teemo. Son métier : recueillir la géolocalisation des utilisateurs via des publications partenaires et afficher ensuite aux utilisateurs les publicités des points de vente se trouvant à proximité. Teemo compte parmi ses clients des marques comme Carrefour, McDonald's, Kusmi Tea, Brico Dépôt, Leader Price, Toys"R"Us, Intersport, Système U ou encore Vivarte. Un client passant fréquemment avec son smartphone devant un magasin Carrefour va par exemple voir des publicités de Carrefour la prochaine fois qu'il utilisera l'application Le Figaro, Marmiton ou Vie de Merde. Comme le révèle BuzzFeed, Teemo rémunère les éditeurs d'applications 4 dollars américains pour chaque tranche de 1.000 utilisateurs mensuels actifs. « Vous en avez un million, c'est 4.000 dollars. Direct dans votre poche », écrivait un commercial de Teemo à un client potentiel dans un mail obtenu par BuzzFeed.Seul problème : « la transmission de ces données à des tierces parties » se faisait « sans le consentement des utilisateurs et à des fins inappropriées », a fait savoir Apple dans un message aux éditeurs de ces applications, en rappelant que ces pratiques étaient interdites par son règlement. En conséquence, les modérateurs de l'App Store ont temporairement retiré les applications contrevenant à cette clause, en attendant que leurs éditeurs se mettent en conformité.