Ces applications espionnes, installées par les gardes-frontières, permettraient de détecter certains contenus étrangers.
Ces dernières années, la Chine traîne la réputation d'un pays qui surveille les moindres faits et gestes de ses habitants. Les dernières révélations de nos confrères du Guardian risquent de renforcer cette mauvaise image. Le quotidien britannique affirme en effet que la police aux frontières locale installe des applications de surveillance sur les smartphones des touristes, dans le but de télécharger des informations personnelles.
Une zone sensible, étroitement surveillée par les autorités
Ces applications peuvent extraire certains contenus utiles au gouvernement, comme des SMS, des contacts, des courriers électriques et même des informations sur le mobile. La pratique serait courante dans la région du Xinjiang, frontalière avec de très nombreux pays (Inde, Pakistan, Afghanistan, Tadjikistan, Kirghizstan, Kazakhstan, Russie et Mongolie).Les voyageurs provenant du Kirghizstan seraient systématiquement ciblés, le pays étant à majorité islamique. Le gouvernement chinois agit dans le prolongement de sa politique visant à restreindre les libertés de la population musulmane locale, qui passe notamment par l'installation de caméras de reconnaissance faciale dans les rues, mais aussi dans les mosquées. Sur place, les habitants sont par exemple obligés de télécharger des logiciels laissant toute liberté aux autorités.
À la recherche du moindre signe de radicalisation
Les touristes et journalistes qui transitent par la région ont ainsi dû confier leur téléphone aux autorités, qui ont procédé à l'installation discrète d'applications. Surpris, les visiteurs affirment ne pas avoir été prévenus en amont. Android ou iPhone, chaque smartphone est scruté. Et si l'application serait désinstallée avant la restitution du mobile au touriste, certains l'auraient retrouvée sur leur téléphone, même après le contrôle.Extrémisme islamiste, utilisation d'armes, jeûne pendant le ramadan, littérature du Dalaï Lama, musique de métalleux japonais, manuel d'entraide américain... L'application recherche la moindre information sensible à ses yeux pour détecter des fichiers en lien avec des organisations terroristes, en se basant sur des mots clés. La Chine a dans son viseur les Ouïgours, une minorité musulmane turcophone sous la pression de Pékin, soupçonnée de radicalisation.
Il n'empêche que les premières à être touchées par cette surveillance sont les libertés individuelles, une nouvelle fois mises à mal.
Source : The Guardian