La plus grande Ariane 5 n'a pas fait de faux pas, et heureusement ! © ESA/CNES/Arianespace/CSG/S.Martin
La plus grande Ariane 5 n'a pas fait de faux pas, et heureusement ! © ESA/CNES/Arianespace/CSG/S.Martin

Depuis quelques semaines et l'arrivée de l'énorme télescope au Centre Spatial Guyanais, les regards sont portés vers son décollage prévu pour le 18 décembre. Mais il fallait encore réussir la mission VA255, et c'est une Ariane 5 « record » qui a quitté le sol à 4 h 10 ce lundi 25 octobre.

Avec le discret satellite Syracuse 4a…

Ariane ne doit pas décevoir

Ce n'était pas le décollage d'Ariane 5 le plus médiatisé, et son départ au milieu de la nuit n'a pas beaucoup aidé (malgré un report de 24 heures à cause de vérifications sur les équipements au sol). Il ne s'agissait pourtant que du deuxième cette année, après des reports liés à la pandémie mondiale ainsi qu'à un problème de coiffe identifié l'année dernière, qu'il a fallu corriger avec RUAG, l'industriel sous-traitant de référence.

Surtout, il est probable que VA255 reste dans les mémoires comme « le vol avant celui du JWST », tant les attentes à propos du très grand télescope se cristallisent au fur et à mesure que la date du 18 décembre approche. Pour les équipes du Centre Spatial Guyanais qui s'occupent d'Ariane, pas question pourtant de laisser croire que le vol du week-end dernier était moins important, bien au contraire. Les deux clients concernés étaient quand même le Luxembourgeois SES, plus grand opérateur de flotte en orbite géostationnaire, et l'État français…

Deux satellites très importants

Le décollage, de nuit et sous un imposant nuage, s'est très bien passé. La jungle guyanaise a vibré au son d'Ariane 5 à 4 h 10 ( heure de Paris), et 39 minutes plus tard, les deux satellites SES-17 et Syracuse 4a étaient éjectés sur une orbite de transfert géostationnaire (ou GTO). Deux bijoux essentiellement construits par Thales Alenia Space, mais pour des clients très différents.

Le premier, SES-17, affiche 6,4 tonnes au compteur, et il servira à offrir des services de connectivité à Internet au-dessus des Amériques, des Caraïbes et de l'océan Atlantique, en particulier pour les bateaux et les avions. Le second est le discret Syracuse 4a qui, lorsqu'il sera opérationnel, deviendra une pièce maîtresse des télécommunications sécurisées des armées françaises.

Sous la responsabilité de la DGA et du commandement de l'Air et de l'Espace (mais aussi avec le soutien du CNES), ce satellite « blindé » aux signaux chiffrés aidera les unités militaires à transmettre leurs messages les plus critiques. Ils représenteront un bond de capacité par rapport à la génération Syracuse 3 précédente. Bien peu de choses ont été dévoilées côté technique, mais l'on sait que le satellite est équipé de nouveaux propulseurs plasma développés par Safran.

Rare vue du satellite Syracuse 4a en préparation © DGA/CNES
Rare vue du satellite Syracuse 4a en préparation © DGA/CNES

Oh, que votre Ariane est grande…

Pour VA255, il s'agissait de la plus grande Ariane 5 ayant jamais décollé ! En effet, outre la grande coiffe du lanceur, il est parfois nécessaire d'adapter la hauteur pour que deux gros satellites puissent entrer et s'empiler dessous, avec le système Sylda entre les deux. Un système rehausseur (une virole, comme disent les locaux) est donc venu s'intercaler pour gagner 1,5 mètre, ce qui a fait qu'Ariane 5 culminait cette fois à 56,5 m de hauteur ! D'autre part, la masse cumulée des deux satellites atteignait cette fois 10,263 tonnes, un record là aussi. Et un véritable témoignage des capacités d'Ariane 5 alors que sa fin de carrière se rapproche.

Le JWST, lui, attend sagement son tour… Mais, en Guyane, on s'active sur une autre campagne tout aussi discrète, elle aussi pour les militaires français : celle qui verra décoller le trio de satellites Ceres sur le petit lanceur Vega en novembre.