A l'heure où AMD mène une offensive bien rodée sur le secteur des cartes graphiques, en déclinant largement sa nouvelle architecture DirectX 11, son principal concurrent NVIDIA est pris de cours. La firme au caméléon accuse en effet un retard technologique certain et alors qu'AMD décline déjà sa gamme Radeon HD 5000 sur le milieu de gamme, NVIDIA n'a pas grand-chose de neuf à lui opposer !
En attendant l'avènement de Fermi, sa nouvelle architecture DirectX 11 maintenant retardée au premier trimestre 2010, NVIDIA lançait récemment... et en toute discrétion sa GeForce GT 240. Et surprise... pour une fois il ne s'agit pas d'un énième rebranding ou d'un énième G92 dont NVIDIA aurait changé le nom. Non, le GeForce GT 240 est bel et bien une nouvelle puce graphique... DirectX 10.1 !
Au-delà des spécifications, le GeForce GT 240 a ceci d'intéressant qu'il constitue la première véritable déclinaison de l'architecture GT200 sur le milieu de gamme. Positionnée dans le segment des cartes graphiques à moins d'une centaine d'euros, que vaut la GeForce GT 240 ? Quelles sont ses caractéristiques ? Réponses dans ce test !
NVIDIA GeForce GT 240 : les caractéristiques
Nous l'évoquions en introduction, le GeForce GT 240 est la première puce graphique NVIDIA de la lignée des GeForce 200 à bénéficier d'une déclinaison de l'architecture mise en œuvre au sein de la puce GT200 (puce qui anime pour mémoire les GeForce GTX 260, GTX 275, GTX 280, GTX 285 et GeForce GTX 295). N'oublions pas en effet que la GeForce GTS 250, n'est qu'un GeForce 8, alias G92, légèrement amélioré. La lecture de ces quelques lignes a de quoi donner la migraine... nous en revenons donc à l'essentiel : plus de 18 mois après son lancement, l'architecture GeForce 200 a enfin une déclinaison entrée/milieu de gamme avec le GT 215, nom de code de la puce animant la GeForce GT 240 ! Retardée à de maintes reprises, la puce voit finalement le jour... Preuve en est que le choix stratégique de réaliser la puce la plus complexe n'était peut être pas le plus intelligent sur le court terme. AMD aurait-il quelques leçons à donner à NVIDIA ?GT 215 : la puce qui anime le GeForce GT 240
Basé sur l'architecture GeForce 200, le GeForce GT240 est gravé selon le procédé de fabrication de TSMC en 40 nm quand le GeForce GTS 250 est par exemple gravé en 55 nm. Outre cette finesse de gravure supérieure, la puce profite pour la première fois de la prise en charge de DirectX 10.1 ! Alors qu'AMD propose cela depuis la fin 2007 avec la série des Radeon HD 3800, NVIDIA lui emboîte enfin le pas ! Reste que fin 2009, la prise en charge de DirectX 10.1 est un minimum quand DirectX 11 s'apprête à être le nouveau standard...
Pour le reste, l'architecture mise en œuvre au sein du GeForce GT 240 est classique puisqu'il s'agit naturellement d'une architecture unifiée avec 96 processeurs de flux. La puce pourra s'appuyer sur 32 unités de texture et 8 unités ROP, du nom des unités en bout de chaîne effectuant les dernières opérations sur les pixels : mélange, anticrénelage, etc. Modeste, le GeForce GT 240 dispose d'un bus mémoire sur 128 bits alors que son contrôleur peut fonctionner soit avec de la mémoire DDR3 soit avec de la GDDR5. Là encore... c'est une première pour NVIDIA. Alors qu'AMD nous a familiarisés avec la GDDR5 depuis de longs mois, son rival l'utilise pour la première fois. Pour ce qui est des fréquences de fonctionnement, la puce est cadencée à 550 MHz quand ses unités de shaders opèrent à 1360 MHz et que la fréquence mémoire recommandée par NVIDIA s'établit à 1700 MHz en GDDR5.
GeForce 9600 GT | GeForce 240 GT | Radeon HD 4670 | |
Interface | PCI-Ex. 16x - Gen2 | PCI-Ex. 16x | PCI-Ex. 16x - Gen2 |
Gravure | 0,065 µ | 0,040 µ | 0,055 µ |
Transistors | 505 Millions | 725 Millions | 514 Millions |
RAMDAC | 2x 400 MHz | 2x 400 MHz | 2x 400 MHz |
T&L | DirectX 10 | DirectX 10.1 | DirectX 10.1 |
Stream Processors | 64 | 96 | 320 - 64 vec5 |
Unités ROP | 16 | 8 | 8 |
Mémoire embarquée | 512 Mo | 512 Mo (ou 1 Go) | 512 Mo (ou 1 Go) |
Interface mémoire | 256 bits | 128 Bits | 128 bits |
Bande passante | 57,6 Go/s | 54.4 Go/s (GDDR5) | 30 Go/s |
Fréquence GPU | 650 MHz | 550 MHz | 750 MHz |
Fréquence Stream Processors | 1625 MHz | 1360 MHz | 750 MHz |
Fréquence mémoire | 900 MHz | 1700 MHz | 1000 MHz |
Comparé au GeForce 9600 GT, le GeForce GT 240 dispose certes de plus d'unités de calcul, mais le nombre d'unités ROP est moindre alors que le bus mémoire est plus étriqué. En prime, la fréquence du GeForce 9600 GT est supérieure. Du coup, il ne serait pas étonnant de voir les deux puces assez proches dans nos tests de performances.
Enfin, et c'est nouveau, la consommation en veille de la carte est annoncée inférieure à une dizaine de watts. Là aussi, NVIDIA a accompli des progrès, puisque la consommation de ses précédentes puces n'était pas aussi faible... en veille.
Sommaire :
NVIDIA GeForce GT 240 : NVIDIA enfin réconcilié avec la vidéo ?
La puce GeForce GT 240 inaugure une autre nouveauté de taille : l'inclusion d'une nouvelle génération de moteur vidéo. Il s'agit en l'occurrence de la quatrième génération et NVIDIA nous propose, enfin (!), une gestion native du HDMI ! Comme chez AMD donc, la nouvelle GeForce se branche à tout écran HD via une connectique HDMI et son contrôleur audio intégré transmet le son sans pour autant raccorder la carte à la carte son du PC comme cela se faisait sur les anciennes générations de cartes NVIDIA. Ici, NVIDIA prend en charge la norme HDMI 1.3a. Cela signifie donc que la carte peut reproduire un son 7.1 non compressé.Le circuit audio dorénavant intégré au GeForce vu par le gestionnaire de périphériques Windows
On retrouve naturellement l'accélération matérielle de la lecture des flux vidéos haute définition qu'il s'agisse des Blu-ray ou des MKV avec les logiciels compatibles. Citons notamment l'incontournable PowerDVD ou encore, et c'est plus récent, MediaPlayer Classic. Hélas, le bien connu VLC ne propose toujours aucune accélération GPU. Sur notre plateforme Core i7, la lecture de notre Blu-ray de référence, Casino Royale, en Full HD, n'est pas l'activité la plus gourmande en terme de consommation CPU.
L'occupation processeur en lecture ne dépasse que rarement les 5 %, sans accélération, sur un système à base d'Athlon II X2 240. Reste un détail, à l'heure du test, l'accélération matérielle PureVideo HD est inopérante sous Windows 7 avec les derniers pilotes NVIDIA, les 195.55, et la dernière version de PowerDVD 9. Un détail... pas si anodin mais qui ne semble pas concerner que NVIDIA, puisqu'avec les Catalyst 9.11, l'accélération AVIVO ne fonctionne pas non plus.
NVIDIA GeForce GT 240 : la carte
Loin des dernières Radeon HD, la GeForce GT 240 est une carte simple slot, relativement courte. Elle adopte un connecteur PCI-Express 2.0 16x et ne nécessite aucun connecteur d'alimentation annexe, ce qui est toujours appréciable. Avec un radiateur volontairement fixé de travers, la carte dispose d'un système de refroidissement relativement standard. Celui-ci repose sur la puce graphique, mais ne fait pas contact avec les puces mémoire.Carte NVIDIA GeForce GT 240
La carte offre en sortie un connecteur DVI, une prise VGA DB-15 ainsi qu'un connecteur HDMI. Elle comporte, dans cette version, 512 Mo de mémoire GDDR 5 de marque Samsung. Si la puce graphique peut gérer le DisplayPort, NVIDIA n'a pas retenu cette connectique pour sa carte de référence. Bonne nouvelle, la carte reste relativement discrète en fonctionnement et, oui, il est possible d'utiliser simultanément la sortie HDMI et la sortie DVI.
Pour tester les performances du GeForce GT 240, nous avons utilisé une plate-forme récente dont le détail figure ci-dessous :
- Carte mère Asus P6T Deluxe (BIOS 1611),
- Processeur Intel Core i7 Extreme 965 3.2 GHz,
- 6 Go de mémoire DDR3-1333 - Transcend,
- RAID 0 - 2x Disques dur Western Digital Raptor 300 Go
Côté pilotes, nous avons employé les tous derniers disponibles à la date du test à savoir les Catalyst 9.11 pour l'offre d'AMD et les pilotes GeForce 195.55 pour NVIDIA. À noter que nous retenons des résolutions moins élevées qu'à l'accoutumée avec le 1280x1024 et le 1680x1050, ce type de carte n'ayant pas les performances requises pour opérer à des résolutions supérieures.
3DMark Vantage
On démarre notre série de tests avec le classique 3DMark Vantage. En tête, nous retrouvons le GeForce GTS 250 alors que notre GeForce GT 240 s'adjuge la seconde place. La carte s'avère 3% plus véloce que le GeForce 9600 GT, alors qu'elle devance sérieusement le Radeon HD 4670. Face au GeForce 9500 GT, le GeForce GT 240 est presque trois fois plus véloce.
Far Cry 2 - v1.03
Pour le deuxième opus de Far Cry, le GeForce GTS 250 conserve un net avantage sur nos autres cartes. On note qu'ici le GeForce 9600 GT devance le GeForce GT 240. Lequel passe devant le Radeon HD 4670 d'une courte tête.
Left 4 Dead
Le jeu Left 4 Dead donne ses faveurs au GeForce 9600 GT qui se montre ici encore plus rapide que le GeForce GT 240. En 1680x1050, le GeForce 9600 GT est 11 % plus rapide. Quant au Radeon HD 4670 d'AMD, il repasse devant le GeForce GT 240.
Tom Clancy's H.A.W.X.
Pour H.A.W.X., nous activons sur le GeForce GT 240 et sur le Radeon HD 4670 le mode de rendu DirectX 10.1. Les autres cartes bénéficient du rendu standard DirectX 10. En tête, nous retrouvons le GeForce GTS 250 suivi du GeForce GT 240. L'écart entre les deux cartes reste tout de même important. Face au Radeon HD 4670, le GeForce GT 240 s'avère 11 % plus rapide en 1680x1050.
De l'intérêt d'une carte dédiée PhysX : Batman Arkham Asylum
Batman est l'un des rares jeux à proposer une implémentation convaincante de la technologie NVIDIA PhysX. Ici, nous testons le jeu avec la même configuration à ceci près que la carte graphique principale est une GeForce GTX 280. Le rendu PhysX est donc activé sur la carte graphique secondaire via les pilotes NVIDIA. Nous faisons figurer le Radeon HD 4670 qui ne prend pas en charge la technologie PhysX et effectue ici le rendu des effets via le processeur central.
Premier constat, l'adjonction d'une carte GeForce GT 240 au GeForce GTX 280 augmente les performances 3D de 66 % en 1680x1050. L'écart est tout de même significatif alors qu'un simple GeForce 9500 GT, plus modeste sur le papier, permet déjà de gagner 25 % en performances.
Badaboom et l'impact du GPU
Pour refermer cette série de tests, nous avons choisi d'évaluer l'impact de la puce graphique sur les performances d'une application CUDA, en l'occurrence le fameux Badaboom. Rappelons que Badaboom, développé par Elemental Technologies, utilise la puce graphique pour effectuer l'encodage d'une vidéo. Exclusivement compatible avec les GeForce, Badaboom propose plusieurs profils d'encodage. Nous retenons ici le profil du Zune de Microsoft et c'est un épisode d'une série américaine que nous compressons. D'une durée de 45 minutes, l'épisode est dans le pire des cas converti en à peine plus de trois minutes.
Comme on peut le voir sur le graphique, le type de processeur graphique influe vraiment sur la rapidité d'exécution de la conversion, une conversion ici exprimée en images par seconde. La carte la plus rapide est le GeForce GTS 250 : celui-ci encode notre vidéo en 1 minute et 23 secondes. Comparativement, le GeForce GT 240 est plus lent : 1 minute et 59 secondes pour effectuer la même opération.
Consommation
Nous avons naturellement cherché à mesurer la consommation électrique des diverses cartes en présence, d'abord au repos, puis en charge cette fois lors d'un 3DMark Vantage s'exécutant dans la résolution la plus élevée. Nous mesurons ici la consommation électrique globable du système, à la prise, au moyen d'un wattmètre.Au repos, la carte qui consomme le moins est le Radeon HD 4670 d'AMD, alors que le système muni d'une GeForce GT 240 consomme à peine plus. En charge, la GeForce GT 240 consomme moins que le GeForce 9600 GT mais sensiblement plus que le Radeon HD 4670.
Conclusion
Avec le GeForce GT 240, NVIDIA ne tend clairement pas à révolutionner le monde de la carte graphique. Ce n'est absolument pas le but de cette carte qui s'avère tout de même intéressante à plusieurs niveaux puisqu'elle permet à la firme au caméléon de rattraper son retard dans un certain nombre de domaines. Si DirectX 11 n'est toujours pas d'actualité, NVIDIA adopte enfin DirectX 10.1... Autre nouveauté inaugurée par le GeForce GT 240, l'arrivée de la mémoire GDDR5 sur les cartes NVIDIA ! Et comme si cela ne suffisait pas, le GeForce GT 240 intègre un circuit audio pour permettre l'envoi du son en 7.1 sur l'interface HDMI, et ce, sans complications inutiles.Simple remise à niveau technologique, sans prétention niveau performances, la GeForce GT 240 est positionnée par NVIDIA comme un accélérateur... PhysX ! Il faut dire que pour le joueur qui dispose déjà d'un GeForce GTX 280, par exemple, le GeForce GT 240 apporte un gain de performances non négligeable sur un titre utilisant la PhysX comme le fameux Batman. Reste qu'aujourd'hui les jeux PhysX sont encore trop peu nombreux. Autre usage du GeForce GT 240 : la vidéo, évidemment. Et là entre l'accélération matérielle proposée par NVIDIA et la sortie HDMI native, le GeForce GT 240 aurait tout son sens, pourvu qu'un partenaire de NVIDIA propose une version passive et donc silencieuse. Seul hic, et non des moindres, l'accélération PureVideo est aujourd'hui inopérante sous Windows 7 avec PowerDVD 9.0 : un problème qui sera visiblement corrigé à l'avenir...
Enfin, l'utilisation du GeForce GT 240 comme d'un coprocesseur, pour accélérer certaines tâches n'est pas non plus inepte, le nombre de logiciels optimisés CUDA grandissant alors que les gains apportés sont généralement assez sensibles.
Face à l'offre d'ATI, NVIDIA comble donc son retard... mais sans succès selon nous. Trop cher, trop tard, le GeForce GT 240 ne peut en aucun cas prétendre inquiéter AMD dont le Radeon HD 4670 est tout de même bien installé sur ce segment.