Libratone Beat
La société danoise Libratone est clairement la moins connue de ce comparatif. Mais comme en sport, ce rôle d'outsider peut parfois faciliter la compétition. D'autant que là, cette étrange enceinte, servie par un design furieusement léché, a plus d'un tour dans son sac. Testons sans plus attendre le Libratone Beat !Libratone Beat
Présentation
La première réaction des collègues passés à la rédaction fut : « C'est quoi ça ? », partagés entre moquerie et curiosité. Et oui, de prime abord, rien n'indique que l'objet est une enceinte. On dirait plutôt une grande carafe recouverte de moumoutte... Mais la réalité est beaucoup plus délicate. La colonne à trois pans est en effet capitonnée de laine italienne dans sa version grise et carrément de cashmere pour les trois autres coloris dont ce « Orange sanguine ». Avec sa poignée chromée, son coffre en bois et son couvercle en plastique finition piano laqué, le Beat bénéficie d'une finition raffinée au plus haut point ! L'objet mesure 47 cm de haut, 19,5 cm de large et 15 cm d'épaisseur, pour un poids rassurant de 6,5 kg.
La poignée chromée et le capitonnage en cashmere orange sanguine : il faut aimer mais c'est en tout cas raffiné
Petite particularité : le Beat n'intègre pas de dock ! Libratone fournit en fait un petit adaptateur qu'on branche à la prise Apple de n'importe quel iPhone, iPod ou iPad. Une sorte de dock déporté en somme, qui utilise la technologie sans fil SKAA conçue par Eleven Engineering spécialement pour véhiculer de l'audio. Il s'agit de fréquences radio 2,4 GHz, comme le Wi-Fi et le Bluetooth, mais qui relèvent d'un protocole breveté WFD (Walking Frequency Diversity), évitant les interférences. Libratone livre également un adaptateur USB pour diffuser de la musique depuis son ordinateur.
L'adaptateur SKAA 30 pins pour dock Apple, le modèle USB pour ordinateur et l'antenne SKAA intégrée dans le Beat
Eleven Engineering annonce une portée de 10 à 20 m depuis un appareil docké et jusqu'à 30 m en USB. Les autres caractéristiques du SKAA étant la faible consommation énergétique, une latence très courte, la possibilité de chaîner jusqu'à 4 diffuseurs par émetteur ou encore la simplicité de mise en œuvre (pas de couplage, aucune installation). Efficace ? Oui, ça l'est. Le chaînage de Beat (nous en avions deux pour les tests) est particulièrement appréciable.
Mais deux hics tout de même : d'une, il faut se coltiner un adaptateur, alors que sur un iPhone ou iPod Touch, l'AirPlay en Wi-Fi ou la diffusion via Bluetooth évite cette excroissance. Et de deux, l'absence totale de dock sur le Beat fait qu'on perd une source de recharge pour son dispositif Apple. Certes, Libratone fournit un câble qui se greffe à l'adaptateur et se branche en USB. Mais il faut alors un ordinateur dans les parages, ou bien terminer le branchement par l'adaptateur secteur de l'iPhone (en option pour les iPod)... ce qui commence à faire beaucoup d'adaptateurs !
Le câble permettant de recharger le périphérique Apple en USB sur un ordinateur pendant la lecture
Rien d'autre à ajouter si ce n'est qu'au dos, on trouve un interrupteur marche / arrêt, la prise du câble d'alimentation et une entrée audio analogique au format jack 3,5 mm.
L'arrière du Libratone Beat
Sur le terrain de l'audio
Le Libratone Beat présente une particularité tout à fait intéressante : ses cinq haut-parleurs sont répartis sur les trois pans qui le constituent. Le transducteur de graves à l'avant, et deux couples mediums et tweeters de chaque côté, ainsi braqués vers l'arrière à environ 50-55° (mais qui diffusent aussi vers l'avant puisqu'ils ne sont pas cloisonnés).
Le haut-parleur frontal de graves, deux latéraux de mediums + tweeter, puis l'arrière des quatre transducteurs latéraux donnant sur la façade... c'est clair ?
L'idée est d'obtenir un son multidirectionnel. Pour ce faire, le Beat doit idéalement être positionné parallèle à un mur, à une vingtaine de centimètres, comme indiqué dans la documentation.
Les différents placements possibles, le meilleur étant celui de gauche
Le haut-parleur de grave de 127 mm est alimenté par 50 W, les deux mediums de 76,2 mm et les deux tweeters à ruban de 25,4 mm sont eux alimentés par 2 x 25 W. Libratone annonce une plage de fréquences allant de 50 Hz (-6 dB) à 20 kHz (-3 dB). Alors verdict ? La diffusion acoustique est vraiment excellente ! A volume comparable avec d'autres enceintes, les Beat ont une faculté à remplir la pièce assez impressionnante (si tant est qu'elles sont bien placées). L'image sonore est ample. Notez que la répercussion des ondes de l'arrière vers l'avant induit une légère réverbération, imitant en quelque sorte un effet Dolby Surround.
En matière de puissance, nos mesures étant effectuées face à l'enceinte à un mètre, la conception particulière des Beat ne permet pas de capter tout le volume produit. Le sonomètre s'arrête ainsi à un modeste 77 dB, qui vaut en réalité plus en termes d'occupation de l'espace. Cependant, il ne faut pas se leurrer, l'architecture en triangle n'est pas la seule responsable de ce faible chiffre. Les Beat sont clairement moins puissantes que les Zeppelin Air, DockSound 10, Fidelio DS9000 et autres Zikmu. Ici on arrive la plupart du temps à monter le volume à fond sans devoir se boucher les oreilles. Ca serait plutôt une qualité si aucune distorsion ne faisait son apparition, puisque comme nous avons pu le voir, la plupart des docks sont sur-amplifiés. Mais là, les basses flanchent bien souvent, produisant un grésillement dès qu'elles ne parviennent plus à suivre la montée en pression.
Ce qui nous amène à parler qualité d'écoute. Domaine où les avis demeureront partagés, selon les préférences de chacun. Les Beat offrent en effet un rendu particulier, plutôt linéaire, un peu à la façon d'enceintes de monitoring. Toutes les fréquences sont représentées à des niveaux sensiblement équivalents. Ce qui concrètement veut dire que pour beaucoup, les Beat manqueront de puissance dans les basses, ou simplement de relief.
Toutefois certaines oreilles se délecteront de la superbe clarté des mediums et aigus, secondés par des graves naturels, présents mais pas opulents. Les instrumentations électro-acoustiques simples comme le « Live at Sin-é » de Jeff Buckley ou l'album « Mellow Gold » de Beck sonnent magnifiquement bien ! Il en va de même pour le classique, le jazz, et autres courants pop-rock progressifs. En revanche, les styles qui flirtent beaucoup avec les fréquences extrêmes, comme le métal, l'électro ou le hip-hop apparaîtront bien fades. Tout cela en restant bien sûr dans une limite de volume raisonnable...
Notes sur l'ergonomie
Le Beat dispose d'un seul et unique bouton, le rond blanc en façade affublé de l'oiseau symbolisant la marque. Cette commande étant multi-usage, Libratone a donc dû établir un code pour identifier son fonctionnement : une pression on change de source, deux pressions on recherche un nouvel émetteur, trois pressions on coupe le son, etc. A chaque opération correspond une couleur.La liaison SKAA sans fil fonctionne parfaitement, et offre effectivement une portée confortable comprise entre 15 et 20 mètres selon nos tests. Pas d'interférence, pas de coupure, une installation simplissime. Même en USB, l'ordinateur détecte sans broncher l'adaptateur. Il suffit alors de choisir le « SKAA USB Tx » par défaut dans le choix des périphériques de lecture audio et c'est prêt. Notre seul regret, c'est finalement l'absence d'un dock et de contrôle du volume intégré à l'enceinte...
Conclusion
Le Libratone Beat est un dock très spécial. Son design, physique comme sonore ou ergonomique, est complètement atypique. Déjà c'est un dock... sans dock ! Sauf à utiliser l'entrée analogique, tout se pilote à distance via les adaptateurs SKAA (fréquences radio 2,4 GHz propriétaire de Eleven Engineering), pour iPod/Phone ou PC. Question apparences, le tapissage en laine italienne ou cashmere ne manquera pas de susciter des réactions, assurément partagées... Les chats devraient aimer, pour faire leurs griffes...Enfin, c'est sur le plan de l'audio que le Libratone Beat divisera. L'agencement de ses cinq voies en triangle permet une diffusion sonore très large qu'on ne pourra qu'apprécier (si on dispose correctement l'enceinte). En revanche, la relativement faible puissance et le rendu linéaire des Beat, avec une apparition de distorsion à haut volume dans les graves musclés, risque de décevoir les oreilles en recherche de dynamisme et de sensations fortes. Une excellente enceinte pour remplir une pièce de son naturel à volume modéré (idéalement chaînée à une autre Beat...), mais un mauvais choix pour qui cherche à sonoriser des soirées endiablées. Reste la question du prix, qui encore une fois à de quoi calmer...