Test Huawei Freebuds Pro 4 : des écouteurs sans surprise, mais sans défaut marquant

Un peu plus d’un an après une précédente génération qui consolidait la formule sans la révolutionner, Huawei remet en avant ses écouteurs phares, avec les Freebuds Pro 4. Modernes, audiophiles et innovants, ils sont annoncés comme de véritables concurrents des Airpods Pro 2, du moins technologiquement.

Pour l’occasion, Huawei adopte la même approche que sur les Freebuds Pro 3, mais optimise encore les points clés : réduction de bruit active, microphone, architecture sonore. Seule la connectivité, sans être frappée d’obsolescence, ne semble pas respecter les promesses d’un vaisseau amiral de 2025.

Une conception simple, mais efficace

On prend les mêmes et on recommence. Huawei tient avec sa formule Freebuds Pro un produit simple, mais mature. Les Freebuds Pro 4 adoptent ainsi le même design à tige que les Airpods Pro 2, avec une interprétation stylistique bien à eux. Ces true wireless misent sur une tige courte au profil rectangulaire, et sur un corps acoustique légèrement différent de ceux des Apple.

Mais, c’est avant tout par les coloris et petits éléments que le constructeur chinois se distingue. Cette nouvelle version des Freebuds se veut un peu plus élégante, inspirée par la musique classique. Cet appel du pied premium est toutefois assez relatif, car cantonné à d’infimes détails : cerclages couleur or ; traits façon cordes de harpes sur le dos. On aime ou on n’aime pas, mais nous évitons au moins les élans trop rutilants des bons vieux Freebuds Pro 2 et Pro 3. Trois coloris sont ici au programme : noir (version testée), blanc, et vert pale.

Concernant la qualité de fabrication, aucune surprise. Avec leur 5,8 grammes et leur certification IP54, les écouteurs reprennent à l’identique la formule de la génération précédente. Loin d’être luxueux, les écouteurs sont sérieusement conçus.

Le constat est à peu identique avec le boîtier de charge, qui cumule les bons points. À la fois dense et très compact, cet élément dispose d’une charnière particulièrement robuste, et d’une ouverture en biais faisant sensiblement ressortir le sommet des écouteurs. Il est ainsi très simple d’enlever ces derniers de la boîte. Cerise sur le gâteau, l’intégration de la recharge par induction Qi.

Confort universel

De type semi intra-auriculaire porté par des canules très courtes, les Freebuds Pro 4 font presque jeu égal avec leurs concurrents d’Apple, ces derniers étant encore moins intrusifs. Huawei ne s’est ici pas tourné les pouces, puisque cette bonne base s’accompagne d’un renouvellement en matière d’embouts.

En plus des quatre jeux (quatre tailles) d’embouts en silicone, Huawei introduit trois paires d’embouts en mousse à mémoire de forme. Ce genre est, sur le papier, un peu plus efficace que les embouts en silicone sur le plan de l’isolation, et plus agréable à porter pour un certain nombre d’utilisateurs. Si la présence des embouts en mousse est une excellente nouvelle, un petit bémol s’impose : les trois tailles ne sont selon nous pas assez différenciées. La taille S, par exemple, est déjà équivalente à un bon M pour les embouts en silicone, si bien que les utilisateurs dotés d’un petit conduit auditif arriveront difficilement à utiliser ceux-ci.

Si nous ne conseillons pas forcément ces écouteurs pour le sport, leur tenue étant encore perfectible pendant l’effort, cet usage n’est pas délirant non plus.

Des contrôles complets

Oui, Huawei n’invente rien. Mais peu importe, puisque les Freebuds Pro 4 bénéficient d’excellentes commandes intégrées. Comme sur les précédentes créations haut de gamme, l’inspiration Apple est ici évidente, puisque les écouteurs fonctionnent via un principe de pincement de la tige et de balayage vertical (pour le volume). Huawei ajoute même une reconnaissance des tapotements, fonction pratique dans certains cas.

Bien que personnalisables (très partiellement), les commandes des Freebuds Pro 4 sont déjà complètes en sortie de boîte. C’est simple, il est possible de naviguer dans les pistes, d’augmenter ou diminuer le volume, et de changer le type de réduction de bruit, cela à partir des deux true wireless. Difficile de demander plus à des écouteurs Bluetooth.

Une application suffisamment riche

Disponible sur iOS, Android (via store tiers ou .apk), et évidemment intégré nativement sur les téléphones Huawei, AI Life s’est affinée avec les années, si bien qu’elle se révèle plutôt efficace et suffisamment riche en fonctions et réglages.

Loin d’être aussi fabuleuse que ce qui existe chez Sony ou JBL, AI Life donne accès à des fonctions ergonomiques comme une gestion en direct du multipoint, l’ajustement de la réduction de bruit active (active noise control ou ANC), un test d’embouts, une localisation (sonore) des écouteurs, ou encore l’activation/désactivation de la détection de port. En outre, la présence d’un égaliseur graphique 10 bandes constitue un vrai plus afin d’ajuster le son.

Connectivité : le lossless avant la modernité

Les années se suivent et se ressemblent pour Huawei, qui sans se libérer totalement d’Android accentue davantage les avantages de son environnement EMUI. Ainsi, c’est par ce dernier que passent obligatoirement certaines fonctions et améliorations, comme l’appairage rapide, le codec L2HC 4.0 avec lossless en 16 bits (uniquement présent sur le Mate X6), le son spatial ainsi que l’utilisation des mouvements de tête pour certains contrôles.

En dehors de ces petits plus, les Huawei Freebuds Pro 4 n’impressionnent pas spécialement. Mis à part la présence d’une connexion multipoint et du codec LDAC, rien ne laisse penser que nous avons affaire à des écouteurs Bluetooth haut de gamme. Ainsi le fabricant fait-il l’impasse sur la récente norme LE Audio, pourtant déployé (ou compatible) chez certains concurrents depuis des mois : Samsung Galaxy Buds pro (2 et 3), Sennheiser Momentum TW4, Sony WF-1000Xm5 et, même, feu les Jabra Elite 10 Gen2 et Elite 8 gen2.

Isolation : l’apport léger des mousses

Qui dit mousses à mémoire de forme dit meilleure isolation. Ici, tout est assez nuancé, mais se ressent. Commençons par ce qui était assez attendu, les écouteurs sont globalement bons à l’exercice de l’isolation phonique, mais restent handicapés par quelques limitations.

Dans les graves et bas médiums, rien à dire. L’atténuation est très prononcée, et fonctionnelle dès les 40 Hz. L’atténuation des sons ronronnants est presque parfaite, et les écouteurs ne sont pas trop perturbés par les changements de pressions (comme les déplacements d’air dans une rame de métro). Comme souvent, des limites apparaissent dès le haut médium, gamme où s’expriment les sons moins prévisibles, notamment les voix. Ici, certains bruits (clavier, souffles) passent encore à travers les mailles du filet.

Nous pouvons, à partir de ces fréquences, noter une petite supériorité des embouts en mousse, qui viennent grappiller quelques décibels. Si la différence n’est pas dramatique, elle peut se révéler suffisante selon les situations. Dans un cas comme dans l’autre, l’isolation des aigus est plutôt performante, car elle permet de ne pas laisser passer les sons agressifs. Notons tout de même une particularité (loin d’être unique en son genre), l’atténuation des aigus est légèrement meilleure en désactivant l’ANC, ce dernier étant visiblement contreproductif sur certaines fréquences.

Assez efficace pour reproduire les basses et les médiums, le mode Transparence ne parvient malheureusement que modérément à récupérer les aigus. Les Huawei Freebuds Pro 4 sont corrects, mais ne parviennent pas à reproduire un environnement sonore idéal.

Qualité appel : une réduction brutale

Très poussé, le kit mains libres des Freebuds Pro 4 s’appuie sur un système de trois microphones par côté, ainsi qu’un capteur à transduction osseuse capable d’isoler la voix.

Si la captation n’est pas parfaite, les écouteurs se montrent très performants à l’usage. En milieu calme, le rendu est un peu écourté dans les aigus, mais tout de même nuancé. En environnement bruyant, l’isolation de la voix est tout simplement bluffante. Aucun bruit ou presque (quelques sons brusques) ne déborde sur la captation, au prix d’une voix certes passablement détériorée par les algorithmes, mais intelligible. Mis à part dans quelques conditions extrêmes, il est toujours possible de se faire comprendre par son interlocuteur.

Endurance correcte, sans plus

Plus énergivore que des écouteurs classiques du fait de leur architecture à deux haut-parleurs, les Huawei Freebuds Pro 4 annoncent une endurance de 5h avec ANC, et 7h sans, cela sous des codecs classiques : SBC et AAC.

En pratique, nous avons atteint des performances très proches : 4h45 avec ANC, et 6h50 sans ANC. Le boîtier apporte quant à lui à peu près trois charges et demie supplémentaires. La performance totale est donc suffisante, à défaut d’être flamboyante.

Un son de haute volée

Comme cela est le cas depuis les Freebuds Pro 2, Huawei opte pour une architecture audio pour le moins haut de gamme, car de type deux voies, et hybride (transducteurs de différentes technologies). La reproduction des basses et des médiums passe à ce titre par un transducteur dynamique classique de 11 mm, et les aigus sont reproduits par un haut-parleur planaire avec structure magnétique à réseau de Halbach (type d’agencement des aimants).

Bien que le fabricant n’ait pas transformé sa formule sonore, le retour à une signature plus simple est salutaire par rapport à la précédente version des écouteurs. Ainsi les Huawei Freebuds Pro 4 sont-ils bien réglés malgré des accentuations assez nettes.

Premièrement, le constructeur privilégie les basses par le biais d’une élévation régulière depuis les médiums. Cela se traduit par une sensation de puissance et d’ampleur, le tout sans caricature. Oui, les graves sont plus élevées que sur des Airpods Pro 2 par exemple, mais Huawei maîtrise son sujet. Ce registre est étonnamment nuancé, à la fois rond et percutant, les détails d’un mix ne passent jamais à la trappe, et les médiums ne sont pas phagocytés. Le niveau technique est franchement élevé, si bien qu’à part quelques produits exceptionnels comme les Sony WF-1000Xm5 et Airpods Pro 2, légèrement plus ciselés, il est difficile de trouver des écouteurs vraiment supérieurs aux Freebuds Pro 4.

Concernant les médiums, rien à dire tant la marque propose un son équilibré, presque sans aucune emphase ni creux. Ici, le message est clair : limiter au maximum les écarts.

Pour les aigus, les choses sont un peu différentes, et légèrement dépendantes du type d’embouts ainsi que du placement des écouteurs. Premier constat, nous ne retrouvons pas les étranges élans tranchants des précédents Freebuds Pro 3 (en mode ANC), malgré quelques bosses similaires. Le son n’est pas d’une imperturbable neutralité, mais se limite à quelques accentuations sans exubérance.

Toutefois, la signature dépend en partie du conduit auditif du porteur, et du placement des écouteurs (plus ou moins profondément). Le traitement sonore made in Huawei s’applique à travers plusieurs corrections, notamment avec des microphones placés sur la face interne, c’est pourquoi il est difficile de parler de mesure parfaite.

À l’oreille, le son n’est certes pas doux, puisqu'il paraît légèrement amplifié autour des 1-2 kHz, d’où une clarté un brin plus importante sur les voix féminines. De même, on ressent une certaine aération générale, sans doute amenée par un pic dans les très hautes fréquences. Quoiqu’il en soit, Huawei maîtrise franchement bien son sujet, puisque si la dynamique peut légèrement décroitre à haut volume, le son n’est jamais agressif, et affiche une belle technicité. Le transducteur maison est efficace, car très convaincant dans sa gestion des détails. Il peut être nécessaire de corriger légèrement sa signature, en abaissant les plus basses fréquences et les plus hautes fréquences, mais cette personnalité puissante sans être extravagante est attachante.

D’une manière générale, les Huawei Freebuds Pro 4 bénéficient d’une excellente base technique, ce qui leur confère de nombreuses qualités. Le niveau de détails est excellent, la scène sonore est particulièrement large et plutôt profonde, et la séparation des instruments est impressionnante. La marque parvient ainsi à livrer une expérience sonore se classant dans le haut du panier. À ce niveau de prix, seuls quelques produits comme les Galaxy Buds3 Pro de Samsung sont aussi intéressants.

Terminons tout de même notre tour des écouteurs par plusieurs remarques sur les différents embouts et réglages sonores.

En théorie, des embouts en silicone et des embouts en mousse ne donnent pas le même rendu sonore, ces derniers étant plus épais. Dans la pratique, les choses sont encore plus compliquées, puisque trois facteurs sont à prendre en charge en pratique : le type d’embout donc ; le réglage qu’il est possible d'associer depuis l’application (un pour les embouts silicone, et un pour les embouts en mousse) ; l’activation ou non de l’ANC.

Première constatation, la signature sonore est (pour nos oreilles) extrêmement proche entre les deux types d’embouts, du moins en restant sur le même réglage. Les embouts en silicone ont tendance à donner un rendu légèrement plus clair que les embouts en mousse, notamment sur les voix, mais les différences sont assez faibles. Deuxième constatation, le réglage avec ANC accentue davantage le début des aigus, mais pas de manière outrancière, et plus faiblement que ce que les mesures peuvent le laisser penser. Troisièmement, le réglage avec embouts en mousse n’est pas des plus heureux. Celui-ci alourdit l’ensemble, en augmentant encore le niveau de graves tout en creusant les hauts médiums, ce qui donne un son plus pataud. Ainsi, même en utilisant les embouts en mousse, nous privilégions le réglage pour embouts en silicone, qui optimise le son sans entraver l’isolation active.

Les produits alternatifs :