Loin d'abandonner sa gamme Ear, Nothing la diversifie. À l'instar de ses téléphones, le constructeur opte pour une scission en deux mini séries : Ear et Ear (a). La première, que nous testons ici, représente la vitrine technologique, quand la seconde est une version à peine allégée, mais plus abordable.
Meilleurs prix
- Basses maitrisées, et intelligemment accentuées
- Sonorité ouverte et très détaillée
- Isolation dans les basses et bas médiums
- Excellent confort
- Connectivité haut de gamme (Multipoint, appairages rapides, codec LDAC)
- Boitier IP55
- Aigus accidentés (excès de brillance, voix facilement sifflantes)
- Faible atténuation des hauts médiums
- Autonomie avec ANC
Dans la droite lignée des bons Ear (2), dont ils reprennent à l'identique (ou presque) les codes esthétiques, les Nothing Ear modernisent la formule pour se remettre au niveau d'exigence de 2024, notamment en matière d'autonomie et de version de la puce Bluetooth. Nous avons ainsi sous la main un produit d'orientation de milieu de gamme (prix de 149 euros au lancement, mais 129 euros à présent), mais qui a tous les attraits de modèles plus ambitieux : style à part, application soignée, réduction de bruit active moderne, et surtout une architecture sonore avancée.
Rien de nouveau sous la transparence
Nous nous y attendions, les Ear n'évoluent presque pas sur la forme, ce qui n'est pas pour nous déplaire. Ces écouteurs zéro fil se démarquent ainsi nettement de la concurrence, souvent campée sur un même format, tout en courbes et en surfaces couleur blanc laqué, afin de singer le design des Airpods Pro. Bien que clivante, la formule Nothing ringardise ce principe, en se reposant au maximum sur la transparence, et sur des angles marqués. De plus, un avantage vraiment objectif se dégage : la possibilité de vérifier si les écouteurs sont effectivement dans leur boîtier de charge. Pour le reste, tout est une affaire de goût. Deux versions du produit cohabitent : blanc, et noir fumé (version testée), cette dernière étant un peu plus opaque (boîtier compris).
Au-delà de la simple coquetterie, les Nothing Ear bénéficient surtout d'une très bonne qualité de fabrication. Pas fondamentalement luxueux, ces true wireless ne souffrent d'aucun réel défaut, comme un plastique trop léger ou une charnière (de boîte de charge) assemblée à la va-vite. Les écouteurs affichent une certification IP54, ce qui est légèrement supérieur à la norme. Surtout, le boîtier est annoncé IP55, indice de protection qui est rarissime sur cet accessoire.
Côté confort, tout est très bien rodé. À défaut de faire aussi bien que les Airpods Pro 2 ou les Jabra Elite 10, les Nothing Ear se classent dans les bons élèves semi-intra. La partie acoustique n'est pas trop volumineuse, elle ne provoque donc pas de pression dans le creux de l'oreille, et les embouts sont assez peu pénétrants. Nous regrettons malgré tout la présence de seulement trois tailles d'embouts dans le packaging, et non quatre.
Des commandes complètes, mais pas irréprochables
Efficace, mais loin d'être parfaites, les commandes des Nothing Ear sont identiques à celles des Ear (2), elles-mêmes en partie inspirées par les Airpods Pro : une tige cliquable, avec retour haptique. « En partie inspirées », puisque le constructeur n'intègre malheureusement pas de réglage du volume via un balayage, ce qui était pourtant le cas sur les Nothing (1). Au lieu de cela, il opte pour une action moins intuitive, à savoir un appui court suivi d'un appui long.
De leur côté, les autres commandes (navigation, appel à un assistant, et basculement du mode ANC) sont certes classiques, mais simples à prendre en main et réactives. On ne peut reprocher à Nothing que de manquer un peu d'ambition. Sans surprise, un capteur de port (désactivable) est présent sur les deux écouteurs.
Une application simple, qui s'améliore de jour en jour
Très épurée, l'application Nothing X met en avant l'essentiel des fonctions sur un onglet principal : niveau de batterie des deux écouteurs et du boîtier ; accès aux égaliseurs ; sélection/réglage du mode de réduction de bruit ; accès aux commandes ; mode renforcement des basses. Le reste est classé, en vrac, dans les paramètres : détection des écouteurs ; mode faible latence ; type de codec audio, activation/désactivation du Multipoint, test d'ajustement des embouts ; localisation (sonore) des écouteurs, etc.
Il y a plus complet que Nothing X, mais cette application est suffisamment riche pour l'immense majorité des utilisateurs. Le gros plus avec les Ear est la présence, en plus du très basique égaliseur trois bandes, d'un égaliseur paramétrique avancé. Celui-ci permet de contrôler finement 8 gammes de fréquences, pour ajuster la signature sonore de façon assez profonde. Nothing marque des points, puisque mis à part Shure, aucune marque ne va aussi loin sur un tel outil. Néanmoins, sans rentrer dans des détails trop techniques, la précision des réglages est assez moyenne, si bien qu'il est difficile, à moins de vraiment tâtonner, d'obtenir un résultat très fin.
Notre test (final) s'est déroulé sous la version 1.0.01.46 du firmware des Nothing Ear, avec l'application Nothing X en version 2.4.0. Pour rappel, Nothing X existe sous iOS et sous Android.
Connectivité : moderne et presque novatrice
2024 est une année de flottement pour le marché des true wireless et des casques Bluetooth, qui voit apparaître quelques produits estampillés LE Audio, mais à la compatibilité très dépendante des smartphones utilisés. Nothing ne fait pas ce choix, et préfère rester sur une modernité raisonnable, tout en Bluetooth Classic.
Les écouteurs Nothing Ear sont à ce titre compatibles avec les appairages rapides Google Fast Pair (Android et Chromebook) et Microsoft Swift Pair (Windows 10 et 11), et prennent en charge la connexion multipoint (connexion sur deux appareils simultanément). Pour les codecs, nous avons droit à la doublette classique SBC et AAC, ainsi qu'à des solutions plus haut de gamme : LDAC et LHDC. Cela permet au passage de poser le macaron « High-Res Audio Wireless » sur la boîte, argument aussi imparable d'un point de vue marketing qu'inutile en pratique.
Quoi qu'il en soit, la stabilité de connexion est là, et la portée assez bonne, même en mode LDAC. À l'inverse, le mode basse-latence est pour le moment une énigme, puisque son activation ne change ni la latence ni la stabilité (même en LDAC) de l'ensemble, et ne provoque aucune déconnexion/reconnexion (ce qui est souvent nécessaire pour l'activation). Cela semble indiquer que cette fonction n'est tout simplement pas implémentée en l'état.
Point intrigant, mais réservé à une utilisation sur smartphone Nothing : il est possible de faire appel à ChatGPT Voice, via une sorte de widget intégré. Nous laissons pour le moment ce point en suspens, n'ayant pas pu tester cela.
ANC très efficace, et toujours des limites
Solide sur les Ear (2), la réduction de bruit des Nothing Ear est à peu près dans les mêmes eaux, mais fait encore quelques progrès.
Le constat est assez simple, ces true wireless parviennent à parfaitement réduire les sons de basses fréquences, comme les réacteurs d'avion, les moteurs, ou le ronronnement de la ville. En somme, tout bruit répétitif est une formalité pour l'ANC des écouteurs, qui compte comme étant ce qui se fait de plus impressionnant en la matière.
En revanche, l'atténuation des voix, et autres sons plus imprévisibles dans les haut médiums, est bien plus faible, ce qui est un comportement assez classique. Nothing n'a pas à rougir, puisque le constructeur fait clairement partie des bons élèves, et se permet d'être un peu plus fort que les Ear (2), mais il n'est pas encore au niveau d'excellence des quelques ténors comme les Airpods Pro 2 ou les Sony WF-1000Xm5. Notons que Nothing propose un mode adaptatif pour la réduction de bruit, en plus des trois crans d'intensité manuels. Néanmoins, sa pertinence est assez relative. De fait, il est souvent préférable de rester sur l'isolation maximale, ou de désactiver cette fonction si son apport n'est pas nécessaire.
De leur côté, les fréquences aiguës sont assez bien sabrées, les embouts offrant une isolation passive correcte au vu du format semi-intra. Nous pourrions nous attendre à un peu mieux, puisque quelques sons sifflants débordent.
Le mode Transparence est quant à lui meilleur que sur les Ear (2). Le son est plus naturel, plus agréable, malgré le choix d'atténuer les basses (concentration sur les voix). Les Nothing sont utilisables dans la plupart des cas, bien qu'ils ne parviennent pas à récupérer suffisamment les hautes fréquences. Le rendu est un peu trop bouché pour reproduire un environnement sonore 3D cohérent.
En appel, les écouteurs se révèlent assez honnêtes. La captation n'est pas d'un grand naturel, car est légèrement étouffée et un peu trop sensible aux sons sifflants, mais tout reste parfaitement intelligible. En milieu bruyant, si la voix est graduellement détériorée, l'ensemble reste utilisable, sauf dans des cas extrêmes. Les Nothing Ear ne sont pas les meilleurs true wireless du genre, mais ils assurent l'essentiel, ce qui est déjà très bien.
Une autonomie en progrès
Défaut principal des précédentes générations d'écouteurs Ear, l'autonomie des Nothing Ear s'améliore ici, sans tutoyer des sommets. Bien que cela ne soit pas explicite, le format des écouteurs implique une batterie assez menue. Le constructeur promet tout de même 8 h 30 sans réduction de bruit, et environ 5 h 15 avec réduction de bruit.
Dans la pratique, nous avons mesuré une autonomie de 5 h avec réduction de bruit, et à peu près 8 h 15 sans réduction de bruit. Via des codecs Bluetooth plus énergivores, comme le LDAC, la performance est évidemment inférieure. Les chiffres sont donc corrects, quoiqu'un peu justes avec ANC. Par contre, le boîtier offre pas moins de trois recharges supplémentaires, d'où une autonomie totale assez solide. Pour rappel, la boîte est compatible avec la recharge par induction.
Sonorité : technique et déséquilibre
Nothing annonce mettre le paquet sur l'architecture audio, qui repose sur un transducteur maison de 11 mm, dont la particularité est d'intégrer une membrane en céramique. Ce matériau permet aux écouteurs de se différencier de leurs petits frères Ear (a) et leur membrane polymère.
Tout va pour le mieux ? Pas forcément. Puisque si Nothing parvient ici à afficher un très bon niveau technique, l'équilibre et la linéarité ne sont pas complètement au rendez-vous. Ainsi la marque préfère-t-elle le spectaculaire à la simplicité, ce qui ne l'autorise pas à se hisser au niveau d'Apple et ses Airpods Pro 2, malgré une très bonne base technique.
Plutôt puissante et détaillée, avec une amplification assez intelligente des basses, la sonorité des Ear est efficace dans le bas du spectre. S'il manque dans ce registre, particulièrement sous les 60 Hz, la nuance et l'ampleur caractéristiques des modèles vraiment haut de gamme, le transducteur est franchement convaincant dans ce registre. On peut toutefois questionner l'apport de la membrane céramique par rapport à la membrane polymère des Ear (a), puisque la différence entre les deux se joue sur des détails.
Rien à dire ou presque sur les médiums, légèrement en retrait, mais détaillés et maîtrisés. À l'inverse, la gestion des hauts médiums et des aigus va largement diviser, et nous semble assez peu pertinente, voire contreproductive. Sans doute par peur d'un certain ennui sonore, Nothing procède par accentuations ciblées, c’est-à-dire en plaçant des pics çà et là sur des fréquences clés.
Le résultat est le suivant : un son très expressif, qui par chance ne déborde pas, mais qui manque de naturel. On peut notamment citer des voix ayant tendance à devenir rapidement sifflantes, voire à chuinter à haut volume.
On retrouve une autre accentuation, très habituelle sur les true wireless, un peu plus tardivement dans les aigus (autour de 6-8 kHz). Celle-ci apporte toutefois un peu d'aération et d'ouverture, elle n'est dérangeante qu'avec des instruments agressifs.
Enfin, on perçoit une très nette poussée (encore sous la forme d'un pic) dans les très hautes fréquences, poussée qui fait ressortir une brillance vraiment artificielle, qui n'est là que pour nous en mettre plein la vue. Oui, une impressionnante sensation de fourmillements de détails est là, mais celle-ci parait tout simplement forcée.
Une accentuation isolée ne serait rien, mais c'est bien l'alternance des bosses et des creux qui donne ce rendu étrange dans le haut du spectre, haut du spectre qui n'a pourtant pas d'un point de vue global, de véritable déséquilibre. Nothing ne semble pas faire confiance à son propre haut-parleur qui tient pourtant parfaitement son rang sur le plan technique.
En dehors de ce trait de caractère envahissant, difficile de reprocher grand-chose aux écouteurs. La scène sonore est très vaste, bien projetée vers l'avant et assez large, les détails sont bien organisés, et l'ensemble affiche un bon comportement dynamique, une qualité qui n'a rien à envier à ses concurrents. En offrant une réelle linéarité dans les aigus, linéarité qu'il n'est pas possible de retrouver avec les égaliseurs, le son passera un cap. Notons que la sonorité est un peu différente en désactivant l'ANC et la Transparence, le mode ANC Off étant alors plus apaisé.
Nothing Ear, l'avis de Clubic :
Sans réellement secouer la formule qui a fait le succès de ses écouteurs, Nothing parvient avec les Ear à rester dans ce qui se fait de mieux dans le milieu de gamme. Le constructeur ne prend à la légère aucun aspect technique, d'où le sentiment d'avoir dans les oreilles des true wireless complets et efficaces.
Portés par une puce Bluetooth 5.3 moderne, une réduction de bruit efficace, un kit mains libres très correct, et une ergonomie travaillée, les Ear n'ont pratiquement aucun défaut marquant.
Mis à part une autonomie (avec ANC) un peu légère par rapport à la concurrence, il n'y a guère que dans la reproduction des aigus que les Nothing pêchent. Ainsi, en voulant impressionner ouvertement, la marque entrave les performances de son haut-parleur en céramique, pourtant très performant (qualité des basses, ouverture), et diminue légèrement l'attractivité de sa création.
- Basses maitrisées, et intelligemment accentuées
- Sonorité ouverte et très détaillée
- Isolation dans les basses et bas médiums
- Excellent confort
- Connectivité haut de gamme (Multipoint, appairages rapides, codec LDAC)
- Boitier IP55
- Aigus accidentés (excès de brillance, voix facilement sifflantes)
- Faible atténuation des hauts médiums
- Autonomie avec ANC
Fiche technique Nothing Ear
Version Bluetooth | Bluetooth 5.3 |
Autonomie écouteurs | 5.5h |
Poids écouteurs | 4.6g |
Type | Semi-intra |
Réduction de bruit active | Oui |
Haut-parleurs | 11 mm |
Version Bluetooth | Bluetooth 5.3 |
Codecs compatibles | SBC, LHDC, LDAC, AAC |
Application | Oui |
Autonomie écouteurs | 5.5h |
Autonomie boîtier | 16.5h |
Poids écouteurs | 4.6g |
Poids boîtier | 51.9g |
Dimensions écouteurs | 29.4 x 21.7 x 24.1 mm |
Dimensions boîtier | 55.5 x 55.5 x 22 mm |
Indice de protection | IP55 |