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Et si vous ressentiez la musique plutôt que de l’écouter ? Si vous sentiez les vibrations sonores comme dans un concert ? Si vous perceviez l’impact d’un coup à la poitrine dans un FPS ? Ce n’est ni de l’ordre du délire technophile, ni de l’anticipation, c’est ce que promet l’extraordinaire BassMe+ « made in France ». Coup de pub ou coup de foudre, Clubic l’a testé.

Coté extérieur : le mini haut-parleur se trouve sous le disque métallique.
Coté extérieur : le mini haut-parleur se trouve sous le disque métallique.

Quand on pense aux Pyrénées-Orientales, on ne pense pas immédiatement à la high tech. Pourtant, une PME du sud-ouest a reçu l’Award de l’innovation à l’issue du prestigieux CES de Las Vegas 2020. Le magazine Forbes classe la société comme 3e Startup française à suivre. Pour quelle raison ? Parce que la société française (Studio Duroy) a créé et développé un appareil « disruptif » dans le paysage technologique. Un appareil pour ressentir le son, plutôt que de l’entendre. Pour solliciter le sens du toucher plutôt que l’ouïe. Pour susciter l’émotion. La promesse est vertigineuse à l’heure où la dématérialisation des contenus est reine, que la virtualisation de notre quotidien professionnel comme personnel manque de convivialité.

Au dos de la boite, un gros logo "Made in France", made in Pyrénnées-Orientales même !

Caractéristiques techniques générales

  • Référence : BassMe+
  • Dimensions (Longueur x Largeur x Hauteur) : 170 x 55 x 38 mm
  • Poids : 370 g
  • Portée Bluetooth : 9 m
  • Amplification : 26 Watts
  • Autonomie : 6h
  • Temps de charge : 3h
  • Coloris : gris, bleu, rouge, blanc, rose, or
  • Connectivité : Bluetooth 5.1 APTx, 1 x entrée mini-jack, 1 x sortie mini-jack, 1x micro-USB
  • Câbles : 1 x mini jack 90cm, 1 x micro-jack 32 cm, 1 x micro-USB

Unboxing

La boite du BassMe+ est assez neutre. Pour seule info en façade, on distingue la mention « Caisson de basse personnel ». Au dos, quelques allusions à l’immersion sonore, un logo « Made in France », on reste mystérieux. A l’intérieur, le contenu laisse dubitatif : 1 câble mini-jack mâle, 1 câble micro-jack, un câble micro USB, 2 sortes d’anses plastiques et le fameux BassMe+. Un contenu entre le matériel sonore et le matériel de soin corporel.

Dans la boite du BassMe+

Dans les entrailles

Nous étions curieux et avons donc désossé l’appareil de son immersif. L’intérieur est composé de trois parties de tailles quasi équivalentes. On remarque en premier l’énorme woofer de 5cm de diamètre. Le PCB (circuit imprimé sur lequel sont soudés les composants électroniques) est relativement simple. On note toutefois un port USB-C qui est inexploité (tout du moins par l’utilisateur final) puisqu’il n’existe pas d’entrée USB-C sur le BassMe+. On distingue clairement (de gauche à droite sur la photo ci-dessous) le micro-interrupteur à poussoir, la prise mini-jack in, le port micro-USB et la prise mini-jack out. La dernière partie est celle de la batterie Lithium-ion de 3,7 volts pour 1500 mAh (offrant une autonomie maximale de 3h). Aucun haut-parleur apparent, mais les deux câbles noirs alimentent en fait un haut-parleur plat dissimulé par la mousse noire. Il est important de signaler que ce produit est conçu en France, mais également fabriqué en France. Les composants ne sont certes pas tricolores, mais ils ont été assemblés dans les Pyrénées-Orientales alors que le Studio Duroy aurait pu externaliser la production en Asie pour accroitre ses marges.

A l'intérieur du BassMe+ : une batterie de 1500 MAh et un énorme caisson de basse. Sous le disque de mousse noir, le haut-parleur ultra-fin

Installation

Le BassMe+ est présenté comme un « caisson de basse personnel ». Forcément, il a besoin d’une source sonore pour fonctionner. Sur ce caisson de basses personnel, deux modes sont proposés : fil ou sans-fil. Avec le mode filaire, comme avec le bon vieux baladeur CD on branche un câble mini-jack (mâle-mâle) de 90 cm (un peu court) sur la sortie audio (analogique donc) de votre PC, mais aussi de votre TV, console de jeu, amplificateur Audio-vidéo, instrument de musique... Comme les vibrations sont gérées, en interne, à 100% par le BassMe+, il n’y a pas besoin d’installer de pilote ou de logiciel comme c’est par exemple le cas avec les appareils compatibles Dolby/DTX depuis un PC. Nous avons essayé différentes sources sonores.

En « full Bluetooth » (source audio + casque), les choses se compliquent un peu, car il est nécessaire de disposer d’une double sortie Bluetooth sur son smartphone. Malheureusement Studio Duroy n’en dresse pas la liste sur son site. On sait juste que les iPhone en sont dépourvus et la société conseille donc (forcément) le casque filaire… Heureusement, l’appairage est simplissime. Sans jack-in exploité, le BassMe+ passe en appairage automatique (la LED bleue clignote) lors de sa mise sous tension. L’usage filaire est « vintage » et contraignant, mais il a le mérite de fonctionner systématiquement. C’est un avantage réel car le premier BassMe ne possédait pas de carte son et nécessitait un adaptateur USB et un logiciel comme Voice Meeter. Après la partie connectique terminée, on sélectionne la bonne anse plastique. La plus petite est évidemment pour les petits gabarits. Le réglage est assez facile avec les mini ergots plastiques.

Le BassMe+ se pose sur l'épaule droite, positionné sur le sternum pour la résonnance osseuse

Après la partie connectique terminée, on sélectionne la bonne anse plastique. La plus petite est évidemment pour les petits gabarits. Le réglage est assez facile avec les mini ergots plastiques.
L’idée est de porter le BassMe+ sur l’épaule droite, centrée sur le sternum. Si vous avez oublié vos cours de biologie : c’est l’os central, au niveau de la poitrine sur lequel s’attachent les côtes. A la manière des casques à résonnance osseuse comme l’AfterShokz Aeropex, le son se propage par votre squelette. Un petit bouton permet d’allumer le BasssMe+. Il autorise également de passer entre les 3 modes d’écoute : Full Sound, Bass et Ultra-Bass. Le Studio Duroy se contente d’ailleurs de les signaler (sur son mode d’emploi et son site), sans les expliquer. Dans un premier mode, le BassMe+ exploite le caisson de basse et le mini haut-parleur. Donc, vous profitez individuellement de l’effet haptique, mais vous diffusez le son alentours, en plus du son sortant de la prise jack out. Avec le second mode, le volume sonore est réduit, mais la sensation haptique est également réduite. Avec le troisième mode, le son est quasi inaudible (hors des écouteurs ou du casque) et les vibrations sont légères. Lors
de la mise sous-tension, on entend « BassMe » diffusé par le haut-parleur, suivi par trois battements cardiaques.

de gauche à droite : le bouton ON/OFF, la prise jack out, le port micro-USB, la prise jack-in.

Premières impressions en musique

La vocation première du BassMe+ étant l’expérience immersive sonore. Nous avons donc commencé par écouter de la musique. Et là, c’est impressionnant. Selon les musiques et le volume sonore, l’effet est plus ou moins marqué. Même avec la voix (non chantée), on ressent le vibrato dans sa chaire. En fermant les yeux, on pourrait se croire dans une salle de concert, plus précisément dans la fosse, à proximité des gigantesques enceintes crachant du son. Evidemment, avec du rock avec de gros griffs de guitares/basses et surtout une batterie puissante, c’est très efficace. En jazz, avec de la contrebasse ou juste du sax (et/ou voix), le ressenti est très sensoriel également. Evidemment, sur de la pop ou de l’électro avec des kicks (grosse caisse) lancinants, des rythmes instrumentaux, des musiques à fortes dynamiques, l’effet est encore plus flagrant.

Le rendu haptique (tactile) démultiplie l’émotion suscitée par l’ouïe, on est en pleine réalité virtuelle sans casque immersif. La musique vous caresse, vous chatouille, vous cogne littéralement. C’est assez déconcertant, d’autant plus que le retour haptique à un effet Madeleine de Proust : plus que la musique elle-même, le ressenti physique vous remémore bons ou mauvais souvenirs. Revers de la médaille, le son émis par le haut-parleur interne est insignifiant. Et en utilisant l’entrée jack (pour un casque ou des écouteurs), le volume est très fort et non réglable depuis le BassMe+. Si on baisse le volume pour une écoute normale, les vibrations diminueront proportionnellement. C’est « boire ou conduire » donc. On avait hâte de le tester avec des films et surtout en jeu vidéo.

Photo du PCB : La puce Qualcomm APTX au milieu et le port USB-C non exploité sur le BassMe+

En vidéo

Nous avons donc regardé plusieurs types de vidéos (films, series TV, émissions…) et de plusieurs genres (comédie, policier, aventures…) avec le BassMe+. Le rendu est très satisfaisant pour peu que les films ou séries TV soient appropriés. Evidemment, avec les blockbusters, les films d’actions ou d’aventure type Fast and Furious, Game of Thrones où les effets sonores sont innombrables (Mulan par exemple) ou ça explose de partout (Greyhound par exemple), ou les dérapages automobiles (Ford vs Ferrari par exemple) crèvent les tympans, la BassMe+ est un appareil parfaitement adapté. Il exulte à faire trembler votre cage thoracique.

A la manière du gamin dans Last Action Hero, vous ne regardez plus un film, vous le vivez. C’est véritablement du cinéma augmenté ou de la vidéo augmentée. Toutefois, on a tendance à augmenter le volume sonore pour maximiser les vibrations du woofer. Ce n’est pas gênant en écoute avec le haut-parleur activé, mais le son est de piètre qualité. En écoute avec casque ou écouteurs, le volume sonore est trop élevé et casse littéralement les oreilles. On est donc confronté au paradoxe à augmenter le volume pour ressentir le plus de sensations et donc devenir sourd… A volume normal (avec ou sans écouteurs), les vibrations sont à peine perceptibles.

Coté intérieur : le disque noir est un disque caoutchouc vissé sur le caisson de basse. Pas de doute, le BassMe+ est bien "Made in France" ! Cocorico !

Il était une fois le BassMe+

Le BassMe+ ressemble alors à une petite enceinte portable tombée sur la moquette, au son très étouffé. Etrangement, c’est à partir de ce genre d’accident que le BassMe+ est né. Il y a quelques années, Alban Duroy écoutait de la musique avec une enceinte portable, confortablement allongé dans son canapé. Il bouge et bouscule par mégarde l’enceinte qui tombe sur son torse, côté haut-parleur. Alléluia, Eureka, Nom de Zeus mais c’est bien sûr ! Alban Duroy (par ailleurs bassiste) ne voulait plus juste écouter de la musique, il voulait la ressentir. Trêve de storytelling, comme pour le test musical, impossible d’écouter (même avec le haut-parleur interne désactivé) sans déranger votre voisinage proche.

Malgré tout, on comprend que les salles de cinéma (comme le Méga Castillet de Perpignan) le proposent en location, car il offre un ersatz de cinéma 4-D (suggestion de mouvements et d’immersion) sans les couts d’infrastructures pharaoniques que nécessitent des sièges sur vérins hydrauliques. Evidemment, on compare une dynamo avec une éolienne, les différences sont astronomiques. Toutefois, pour moins de 130 euros, le BassMe+ propose un retour haptique large quand des gilets haptiques (pour le réalité virtuelle) sont commercialisés aux alentours de 500 euros... Comme pour le test musical, le BassMe+ sera moins sollicité pour suivre une comédie (romantique, dramatique), car il y a relativement moins de sons graves et d’effets pyrotechniques ou cinétiques généralement. Avec les comédies, le montage sonore est souvent plus rythmé est les sons des éventuels gags sont boostés pour intensifier l’effet comique.

Alban Duroy, musicien et créateur du BassMe+

En jeu vidéo

Dans le jeu vidéo, nativement tout est exacerbé pour créer une dynamique incitant à jouer. Le bruit imperceptible d’une goutte d’eau tombant sur le sol devient spectaculaire. Avec le BassMe+, comme déjà ressentie en musique ou en vidéo, l’expérience vidéoludique est encore plus forte. Sur un FPS type OverWatch ou un MOBA type League Of Legends, le son grave des armes à feu prend encore plus d’ampleur avec ce caisson de grave collé à la poitrine. Classiquement, vous percevez une déflagration par vos oreilles (et éventuellement avec votre joypad vibrant). Dans ce cas, la sensation d’explosion est stimulée en premier lieu par votre vue (écran TV ou moniteur), amplifiée par la stimulation sonore (haut-parleurs ou casque) et éventuellement par la stimulation haptique (secousses) d’un périphérique à retour de force (joypad de PS4 par exemple).

Avec le BassMe+, l’immersion est supérieure, car l’expérience est extraordinaire. En d’autres termes, vous ne receviez pas réellement de coup dans la poitrine quand on vous tirait virtuellement dessus, avant le BassMe+. C’est le même mécanisme d’immersion à l’œuvre dans les jeux d’aventure ou de courses. Pour simplifier, tous les jeux très dynamiques avec beaucoup d’effets sonores et principalement des sons graves (car un caisson de basses s’exprime merveilleusement, mais uniquement avec des basses) profiteront du BassMe+. Pour les autres (jeux de plateformes par exemple), l’intérêt est beaucoup plus limité. Ce constat est valable sur PC, mais aussi sur console de salon ou portable. Comme pour la musique, comme pour les vidéos, vous pouvez difficilement jouer de manière discrète dans le salon ou les transports en commun. D’autant plus que vous serez toujours incité à augmenter le volume de la console pour ressentir des effets vibratoires plus intenses et donc à profiter d’un son externe médiocre (du haut-parleur ultra-mince) ou d’un son interne (via le mini jack) extrêmement fort.

Les jeux en vue subjective, et particulièremenrt les FPS, sont adaptés pour exploiter le BassMe+

Quelques imperfections

Hormis l’effet vibratoire synchronisé sur le volume sonore, nous avons remarqué d’autres défauts. Déjà, l’unique mini bouton-poussoir affleure juste au-dessus de la coque et a donc tendance à s’enfoncer dans la coque en restant coincé et inaccessible. Ce n’est déjà guère pratique d’appuyer plusieurs fois pour l’éteindre, mais c’est horripilant de s’acharner sur un minuscule bouton se trouvant contre sa poitrine, sur une face invisible une fois portée pour changer de modes d’écoute. En parlant de position, le BassMe+ ne souffre d’aucune approximation. Si vous portez des vêtements trop épais (t-shirt recommandé) ou si l’appareil est légèrement décollé de votre cage thoracique, ou s’il glisse à droite, vous ne sentirez plus grand-chose. L’anse plastique est confortable, mais garde difficilement la bonne position pendant plusieurs heures, le poids du BassMe+ (370 g) a tendance à décentrer l’appareil.

La connexion Bluetooth est commode puisqu’elle permet de se déplacer sans-fil, mais elle offre beaucoup de limites. Impossible de le relier à un iPhone ou à certains smartphones dépourvus de double liaison Bluetooth. En filaire, c’est plus pratique finalement (depuis un smartphone, baladeur MP3, ampli audio-vidéo…) sauf que le câble mini-jack mesure 90 cm. C’est suffisant pour brancher un appareil portable, mais trop court pour brancher un ordinateur de bureau ou appareil de salon. Par ailleurs, ne comptez pas charger votre BassMe+ en même temps que vous l’utiliser. La charge génère des grésillements désagréables aussi bien en écoute externe qu’en écoute interne. Une erreur de conception rarissime sur un casque Bluetooth.

Le BassMe+ est disponible en 6 coloris

L'avis de Clubic

Le BassMe+ est un produit intéressant pour augmenter son expérience sonore, qu’elle soit musicale, cinématographique ou vidéoludique. Par rapport au matériel haptique (notamment en réalité virtuelle), le tarif est très accessible. Certes, le ressenti est très localisé, mais il offre une redécouverte sensorielle de vos musiques favorites, de vos blockbusters et jeux vidéo. Il transcende l’émotion sonore et visuelle. L’immersion est améliorée mais dépend de la qualité de la source sonore. Sans sons graves, pas de sollicitation du caisson de basses, pas de vibrations puisque le BassMe+ ne traite pas le son dans sa globalité. Il se contente d’exploiter le spectre sonore bas, grosso modo de 1 Hz à 160 Hz. De plus, l’effet vibratoire dépend du volume sonore. On a donc tendance à augmenter le volume. Ce n’est pas très grave avec le haut-parleur interne activé (même si le son est faiblard). C’est désagréable et même néfaste pour nos tympans quand on exploite l’entrée jack ou un casque/écouteurs Bluetooth. Les plus jeunes risquent d’être moins raisonnables pour maximiser leur expérience immersive. Peut-être aurait-il été opportun d’ajouter un vibreur géant en plus d’un subwoofer pour plus de sensations haptiques sans diffusion sonore. La double liaison Bluetooth manquant aux iPhones et à d’autres smartphones, les écouteurs/casque filaires ont encore de beaux jours.

En outre, il est regrettable que cette deuxième mouture possède encore des défauts de jeunesse (bouton, grésillement pendant la charge, longueur du câble…) de la première version. Le pitch du BassMe+ donne l’eau à la bouche, l’expérimentation dispense un doux nectar mais n’étanche pas la soif. Pourquoi ne pas avoir ajouté un simple potentiomètre pour régler l’intensité des vibrations ? Pourquoi avoir affublé l’appareil d’un haut-parleur médiocre ? Pourquoi ne pas avoir mieux réfléchi la disposition des entrées (en les signalant physiquement) ? Pourquoi ne pas avoir implanté un minuscule subwoofer en bas de l’anse (pour ressentir par exemple l’impact dans le dos d’un assaillant) ? Pourquoi ne pas avoir ajouté un bouton à glissière pour switcher entre les différents modes d’écoute ? Un début de réponse se trouve probablement dans le fait que l’on doit ce produit extraordinaire à une très jeune start-up française, pas à un leader de l’électronique en place depuis 30 ans. Un produit inventé et fabriqué en France. Ce n’est donc pas un produit électronique classique, mais bien un acte patriotique que d’essayer ce BassMe+, avec ses atouts et ses défauts. Que vous soyez plus sévère ou plus tolérant, votre achat (et vos retours) soutiendra le développement de Studio Duroy pour concevoir un accessoire presque parfait.