Clubic - notre avis sur Safari, le navigateur d'Apple
Clubic - notre avis sur Safari, le navigateur d'Apple

Disponible uniquement sur les terminaux Apple, le navigateur web Safari entend se différencier des concurrents presque tous articulés autour de Chromium. Aujourd'hui, il est positionné en seconde position sur le marché mondial loin derrière Google Chrome mais devant Microsoft Edge ou Mozilla Firefox.

Il est loin le temps ou le navigateur Safari était disponible sur Windows. Alors pourquoi s'y intéresser si ce dernier n'est installé que sur une poignée d'appareils ? Voilà la réflexion initiale. Mais avec le temps, celle-ci a évolué. Il faut dire que Safari est principalement boosté par sa version mobile sur les iPhone. Reste que lorsque l'on exclut les smartphones de l'équation, le navigateur se place tout de même en troisième position du podium, derrière Microsoft Edge, mais devant Mozilla Firefox, Opera, Brave, Vivaldi et cie.

Clubic
Safari
  • settingsMoteur de rendu : WebKit
  • extensionExtensions disponibles mais limitées
  • groupCible : généraliste
  • center_focus_strongParticularité : minimaliste & au coeur des OS d'Apple
  • devicesPlateformes : bureau & mobile
8.4 / 10
Les plus
  • Minimaliste et élégant
  • Support des formats JPEG XL et HEIC
  • gestion des profils efficace
  • Partage de mots de passe et passkeys
Les moins
  • Peu d'extensions

Un navigateur pas comme les autres

Safari se distingue des concurrents de plusieurs manières. D'une part, il est le seul grand navigateur - avec Firefox - à ne pas avoir opté pour le projet Chromium que l'on retrouve chez Google Chrome, Opera, Brave, Edge ou Vivaldi. En effet, Safari est basé sur Webkit, un projet lancé par Apple en 2001 issu de KHTML, le moteur de rendu HTML initialement utilisé par le navigateur Konqueror de l'environnement de bureau KDE sur Linux. Et c'est précisément sur WebKit que Google a choisi de baser le moteur Blink de Chromium en 2013.

Par ailleurs, contrairement à ses concurrents, Safari ne s'articule pas sur un rythme de mises à jour régulier de 4 semaines. Les nouvelles versions de Safari sont lancées tous les ans, à chaque fois qu'Apple publie une nouvelle mouture de son système macOS. En revanche, il est possible d'installer Safari Technology Preview pour obtenir régulièrement des correctifs "sous le capot", notamment en ce qui concerne la prise en charge des standards du web.

En somme, contrairement aux autres, Safari n'est donc pas régulièrement sous le feux des projecteurs. Et à en juger par sa part de marché, l'application n'en a de toute évidence pas besoin. Mais chez Apple, on le sait : il n'y a donc pas vraiment de hype sur le sujet et les nouveautés passent vite à la trappe. À l'occasion de la WWDC 2024, Beth Dakin, responsable de l'ingénierie de Safari chez Apple affirmait alors : "Si vous êtes passés à côté des dernières nouveautés implémentées au sein de Safari ces dernières années, c'est le moment d'y jeter un oeil". Et l'application a quelques atouts à revendre.

Safari - la page d'accueil

Ergonomie et prise en main de Safari

Minimaliste. C'est véritablement ce qui qualifie Safari depuis ses débuts. Et c'est sans doute la raison pour laquelle il attire notre attention de plus en plus. Oubliez les VPN embarqués, les crypto wallets et les barres multifonctions. Safari veut aller à l'essentiel en faisant la part belle à vos pages Web.

Car l'interface de Safari est condensée. Par défaut, les onglets sont fins et prennent moins de place que sur les autres navigateurs. Mais lorsque l'on active le mode compact, Apple mélange habillement les onglets et la barre de recherche. Ce mode avait été initialement activé par défaut mais Apple a dû faire marche arrière face aux critiques des aficionados des navigateurs classiques. Pourtant, lorsqu'il est activé, le mode compact est particulièrement efficace. Nous retrouvons nos onglets traditionnels et il suffit de cliquer sur le titre de l'un d'entre eux pour faire apparaitre la barre d'adresse. Cela n'a l'air de rien mais l'affichage de la page est bien plus optimisé. Vous pourrez aller plus loin avec un utilitaire comme BetterTouchTool lequel vous permettra de mapper via un geste au touchpad le raccourci clavier pour afficher ou non la barre de favoris. On obtient très vite un affichage en quasi-plein écran qui se révèle au final bien plus efficace qu'avec par exemple Arc Browser qui oblige à ouvrir et fermer continuellement un panneau latéral.

Gauche : Chrome | Droite : Safari mode normal + barre favoris

Autre élément qui risque peut-être de dérouter les nouveaux-venus : sur Safari, tout est centré : les onglets, ainsi que la barre de favoris. C'est peut-être là qu'Apple ne joue pas la bonne carte. Dès le début, la course du curseur à l'écran n'est pas naturelle. Certes on peut s'y faire très facilement, il n'empêche qu'après une ou deux décennies à passer relativement facilement d'un navigateur Chromium à un autre ou à Firefox, là il faudra un petit temps d'adaptation, surtout sur les grands écrans.

Gauche : Chrome | Droite : Safari mode compact + barre favoris

A l'instar de Firefox, la barre d'outils peut être personnalisée d'un simple clic-droit pour ajouter des accès directs à certaines options comme l'impression, le zoom, l'accès à l'historique ou même à certaines extensions. Dans la barre d'adresse, aux côtés de l'icône de rafraichissement, deux boutons sont disponibles. Le premier permet d'opérer une traduction à la volée tandis que le second est un menu via lequel l'internaute peut activer le mode lecture, effectuer une recherche dans la page en cours ou encore gérer les permissions du site et le blocage des trackers. Un volet latéral gauche permet d'obtenir un accès rapide à ses favoris (en plus de la barre dédiée), à sa liste de lecture, à des onglets partagés ou à des groupes d'onglets.

Safari - le volet latéral de gauche

Autre point non négligeable : si vous utilisez un touchpad, les gestes de types pinch-to-zoom sont ultra fluides.

Les fonctionnalités et spécificités de Safari

Apparence, moteur de recherche, confidentialité, page d'accueil….nous ne passerons pas en revue tous paramètres de Safari. Ils sont nombreux et disponibles au sein des réglages de l'application. Voici cependant quelques éléments-clés.

iCloud

Si Chrome et Edge reposent respectivement sur les services de Google et de Microsoft, Safari tire parti d'iCloud. Concrètement la plateforme d'Apple permet de synchroniser ses favoris, ses paramètres ou encore ses mots de passe entre plusieurs appareils connectés au même identifiant. En revanche, contrairement aux autres, Apple ne vous éclabousse pas de pubs pour iCloud, ni ne paramètre par défaut votre page d'accueil vers icloud.com. Tout est discret et fonctionne en tâche de fond

Au sein du panneau vertical de gauche, il est également possible de retrouver les onglets précédemment consultés sur d'autres appareils et synchronisés via iCloud. Vous pourrez également voir les onglets partagés avec vous par des tiers, par exemple depuis leur iPhone.

Safari - les onglets ouverts sur iPhone et iPad disponibles depuis le Mac

Profils

Une des fonctionnalités assez récente et relativement intéressante de Safari concerne la gestion de profils. Concrètement, il est possible d'avoir un profil pour un usage personnel et un autre pour le travail. Chacun est complètement cloisonné de l'autre ce qui signifie que vous obtiendrez deux pages d'accueil différentes, deux ensembles de favoris distincts ainsi que des extensions séparées.
Ces profils et leurs données respectives sont également synchronisés sur les appareils mobiles de la société.

En 2024, ça n'a l'air de rien, mais c'est quand même bien pratique, d'autant que certains concurrents, à l'image d'Opera ou de Firefox, ne proposent pas encore de telle fonctionnalité en natif.

La gestion des profils

Les extensions

Safari a longtemps été boudé pour son manque d'extensions. Il faut dire qu'en comparaison aux navigateurs Chromium ou à Firefox, les quelques dizaines figurant au sein du Mac App Store font pâle figure. D'autant que certaines sont payantes. Apple tente pourtant d'encourager les développeurs à porter les fruits de leurs travaux sur Safari. On y retrouve des bloqueurs de pub, des lecteurs améliorés, des outils de correction orthographique ou de personnalisation des pages Web via CSS. Mais pas grand chose d'autre. Quoi qu'on en dise, il manquera toujours la fameuse extensions jugée indispensable pour certains. Et si Apple devait migrer vers Chromium, ce serait certainement l'unique raison.

Dans mon cas, ce n'est pas très grave. J'utilise le bloqueur Ghostery ainsi que Cascadea pour personnaliser les pages Web. Le reste - comme le lecteur, la liste de lecture ou les options partage - est pris en charge nativement. Les autres outils sont gérés différemment, par exemple via Alfred app.

Disons-le clairement, l'aspect minimaliste de Safari ne cible certainement pas les adeptes de navigateurs sur-vitaminés tel que Vivaldi que certains pourraient qualifier d'usines à gaz (bah si !).

Safari - la gestion des extensions

Les groupes d'onglets

Safari propose de créer des groupes d'onglets. Il s'agit de rassembler au sein d'un même endroit toutes les recherches sur un sujet en particulier, qu'il s'agisse d'un projet personnel de voyages ou d'une thématique. Ces groupes d'onglets sont également dissociés d'un profil à l'autre et synchronisés sur iPhone ou iPad.

Safari - un groupe d'onglets ouvert

L'Apple Intelligence

A l'occasion de la WWDC, Apple a démontré tout un lot de fonctionnalités boostées avec de l'intelligence artificielle. Par exemple l'extraction automatique des informations-clés d'une page ou le résumé d'une page en quelques lignes.

A l'heure où nous rédigeons ces lignes, l'Apple Intelligence n'est pas (encore ?) de la partie et son déploiement au sein de l'Union Européenne reste incertain.

Nous mettrons donc à jour cet article lorsque des changements significatifs auront été implémentés.

Sécurité et vie privée

Depuis quelques temps déjà, Apple veut se positionner comme le porte-parole de la vie privée et de la sécurité parmi les GAFAM. Outre les diverses mesures prises au sein d'iOS et de macOS, le navigateur Safari se dote alors de quelques fonctionnalités bienvenues. On y retrouve ainsi plusieurs types de protection, au-delà du traditionnel mode de navigation privée.

Par défaut, Apple ne bloque les publicités des sites Web. À moins d'utiliser une extension dédiée, les bannières s'afficheront. Toutefois Safari bloque d'emblée le pistage et notamment le partage de votre adresse IP. Il n'y aura donc pas de reciblage. Notons que ce blocage vaut également pour les widgets des réseaux sociaux.

Plusieurs sites permettent de tester les outils embarqués au sein du navigateur, tels que Cover YourTrack de l'Electronic Frontier Foundation ou Am I Unique ? Nous obtenons des résultats plutôt mitigés.

Résultats - sans extension activée - pour Safari Version 18.0 (20619.1.22.11.3)

En revanche, le même test, effectué au sein de la version Technological Preview de Safari retourne un résultat plus satisfaisant. Il semblerait donc qu'Apple ait décidé de renforcer la protection par défaut du navigateur pour la prochaine version stable de Safari.

Résultats - sans extension activée - pour Safari 18.0, Release 199 (WebKit 20619.1.22.5)

Safari s'interface avec le gestionnaire de mots de passe du système, baptisé tout simplement Mots de passe à partir de macOS Sequoia et iOS 18. En plus d'un chiffrement des identifiants, l'outil est en mesure vérifier si ces derniers ont fait partie d'une fuite de données.

Apple a été l'une des premières entreprises à généraliser l'usage des clés d'accès - ou passkeys. Celles-ci sont jugées plus simples et plus sécurisées que les traditionnels mots de passe. Pour mémoire, les passkeys visent à simplifier et sécuriser une authentification soit via une empreinte biométrique stockée en local et pouvant être synchronisée sur différents appareils, soit via une clé physique comme Yubikey.

Safari s'interface avec Mots de passe

Enfin un autre point intéressant : il est possible de verrouiller votre session en navigation privée si vous laisser des onglets ouverts sur cette dernière.

Une sécurité limitée

Safari fait toutefois l'impasse sur diverses mesures de sécurité pourtant présentes chez la concurrence. Le protocole P2P IPFS n'est pas de la partie. Ce dernier a pour objectif de rendre le web plus sécurisé, plus rapide et plus ouvert face à la censure tout en forçant les connexions HTTPS par défaut. Par ailleurs certains concurrents, à l'image de Brave, intègrent également Tor en mode de navigation privée.

Notons également que la synchronisation des données passe forcément par la création d'un compte iCloud. Pour davantage de sécurité, il sera donc conseillé d'activer la protection avancée des données au sein de macOS ou iOS. Il s'agit d'une couche de chiffrement au repos sur les serveurs d'Apple dont seul l'utilisateur dispose de la clé.

Activez la protection avancée des données au sein des paramètres d'iCloud

Benchmarks

Les tests ci-dessous ont été réalisés sur les versions stables des navigateurs installés sur un MacBook Pro M1 avec 8 Go de mémoire vive et tournant sur macOS 15 Public beta 2. Ils devront donc être à nouveau effectués sur la version finale du système d'exploitation.

Basemark Web : performances liées à l’utilisation des applications web répondant aux standards W3C

Safari -Basemark Web

Jetstream : performances liées aux traitements JavaScript et WebAssembly

Safari - Jetstream

Speedometer : performances liées à la réactivité des web apps à partir d’interactions utilisateur simulées

Safari - Speedometer

Au travers de ces résultats, Safari semble donc être un navigateur relativement moyen en termes de performances. Ce n'est pas le plus véloce mais il n'a pas non plus à rougir

À l'usage, et en comparaison à Brave, Safari s'avère efficace dans 95% des cas. Ironiquement, les latences perçues ne sont principalement ressenties que sur le back office maison de Clubic. Il semble que le moteur Javascript de Safari (JavaScriptCore) n'interprète pas les scripts de la même manière que celui de Chromium (V8). Trop d'onglets ouverts avec des applications web gourmandes en ressources matérielles finiront donc par avoir la peau de Safari, tandis que Brave les digère aisément. Nous n'irions pas jusqu'à dire que le minimalisme de Safari vaut aussi pour votre session de surf, mais ce n'est sans doute pas le mieux armé pour les Web app complexes.

L'avis de la rédac

On aime bien Safari pour sa simplicité. Alors que les autres navigateurs tentent pour la plupart de mettre en avant leurs fonctionnalités, le navigateur d'Apple essaie pour sa part de se faire oublier avec un châssis fin et discret. Son manque d'extensions et ses performances moyennes ne raviront sans doute pas la poignée technophiles exigeants, mais le navigateur conviendra parfaitement à la majorité des internautes... à condition toutefois de disposer d'un appareil Apple.

Clubic
Safari
  • settingsMoteur de rendu : WebKit
  • extensionExtensions disponibles mais limitées
  • groupCible : généraliste
  • center_focus_strongParticularité : minimaliste & au coeur des OS d'Apple
  • devicesPlateformes : bureau & mobile
8.4 / 10

Simple, efficace, minimaliste et élégant, Safari fait le job et le fait bien. Il n'affiche pas les meilleures performances du marché, ni les pires. On regrette simplement qu'Apple n'arrive pas à convaincre les développeurs d'y porter leur extensions précédemment développées pour Chrome ou Firefox.

Les plus
  • Minimaliste et élégant
  • Support des formats JPEG XL et HEIC
  • gestion des profils efficace
  • Partage de mots de passe et passkeys
Les moins
  • Peu d'extensions