Clubic - Safari ou Google Chrome sur macOS ? C'est l'heure du versus !
Clubic - Safari ou Google Chrome sur macOS ? C'est l'heure du versus !

Organiser un duel entre Chrome et Safari est un pari audacieux, les deux navigateurs Web offrant tous deux des services proches de l’excellence. Votre cœur balance entre le leader mondial et la pomme ? Fiez-vous à notre comparatif de 2024 pour faire le bon choix !

Début 2024, Apple a officiellement levé le voile sur iOS 18, la mise à jour révolutionnaire de son système d’exploitation. Alors que de grands changements sont prévus, tant au niveau de l’interface que des fonctionnalités, la firme de Cupertino doit veiller au grain pour conserver l’avance de son navigateur sur ses terminaux. Les règles antitrust édictées par le DMA, dont l’entrée en vigueur est prévue le 7 mars 2024, pourraient en effet changer la donne. Désormais, les utilisateurs ont la possibilité de sélectionner leur navigateur grâce à un écran de choix apparaissant à la première ouverture de Safari. L’enjeu pour Apple consiste donc à convaincre les internautes de conserver son navigateur Safari, nativement intégré à l’ensemble de ses produits.

Si Google est également largement visé par les évolutions réglementaires européennes, il pourrait bien tirer parti des directives imposées à son rival en imposant Chrome sur macOS et iOS. Il faut dire que son navigateur ne manque pas d’atouts pour concurrencer Safari : interface intuitive, synchronisation avec l’ensemble de ses services, outil de traduction et, plus récemment, personnalisation de la barre d’adresse sous iOS.

Fonctionnalités, ergonomie et performances : la rédaction a tout testé pour vous aider à départager Chrome et Safari. Voici les résultats de notre versus en 2024.

Safari
Safari
  • Minimaliste et élégant
  • Support des formats JPEG XL et HEIC
  • gestion des profils efficace
Google Chrome
  • Bonnes performances
  • Simple et agréable à utiliser
  • Mises à jour régulières

Safari vs Google Chrome - La philosophie

Déployé gratuitement sous licence propriétaire en septembre 2008, Google Chrome a rapidement su conquérir le web. Près de quinze ans après sa sortie, le navigateur de Google détient environ 65% de parts de marché dans le monde, toutes plateformes confondues.

L'interface de Google Chrome

À l’origine de son succès, le déclin fulgurant d’Internet Explorer, le développement de ses propres technologies rapides et stables (dont le moteur d’exécution JavaScript V8), un projet corrélé open source (Chromium), un strict respect des standards du web, des mises à jour régulières de plus en plus fréquentes (toutes les 4 semaines). Tant et si bien qu’aujourd’hui, Chrome mène la danse. La concurrence s’en inspire, le W3C s’aligne, les développeurs codent en priorité pour lui, les annonceurs y puisent leur manne. Son intégration aux systèmes Android l’impose sur 70% des smartphones et 49% des tablettes.

Pour couronner le tout, il s’inscrit dans un écosystème très riche, comprenant divers services et applications massivement utilisés comme Gmail, Drive, YouTube, Google Search. Une concentration d’outils qui confirme la position quasi monopolistique de Google sur Internet, et de Chrome comme portail universel (Windows, macOS, Linux, Android, iOS) d’accès au web.

Safari naît presque dans les mêmes conditions que Chrome. Au début des années 2000, Microsoft abandonne peu à peu le support d’IE sur OS X. Les instabilités répétées et les vulnérabilités non patchées détériorent l’expérience utilisateur et menacent les équipements Apple.

L'interface de Safari

L’entreprise prend le problème à bras le corps et distribue gratuitement, à partir de janvier 2003, son navigateur propriétaire : Safari. Afin de ne pas répéter ses erreurs, à savoir déléguer le développement de technologies pouvant avoir un impact délétère sur les appareils construits par la firme en cas de maintenance déficiente, Apple s’attache à créer ses propres moteurs de rendu (WebCore) et JavaScript (JavaScriptCore puis Nitro), regroupés dans le projet open source WebKit, fork de KHTML. Pour la petite histoire, WebCore servira aussi de moteur de rendu pour Chrome jusqu’en 2013, avant que les équipes Chromium ne développent Blink, fork de… WebCore.

Aujourd’hui, Safari est le deuxième navigateur le plus utilisé avec 19% de pdm, ce qui correspond, peu ou prou, à la part d’équipements macOS (6,2%) et iOS (17,6%) actifs dans le monde. Une répartition cohérente compte tenu de l’intégration du navigateur aux seuls systèmes Apple (fin du support Safari pour Windows en 2012 avec la version 5.1.7 du navigateur).

Safari vs Google Chrome - Les fonctionnalités principales

On retrouve, chez Safari comme chez Chrome, une structure classique composée d’une interface de navigation, d’une barre d’onglets et d’un champ de requête fusionnant moteur de recherche et barre d’URL. Toutefois, alors que Chrome multiplie les boutons de contrôles, menus et autres barres d’outils, Safari opte pour un affichage plus épuré, mais pas forcément plus moderne, déployant un environnement propice à la concentration.

Les possibilités de personnalisation de l’interface sont également plus nombreuses chez Chrome qui, en plus des options de configuration intégrées au navigateur, profite d’un store d’extensions bien plus riche, mais moins sécurisé, que celui de Safari. Malgré tout, les paramètres par défaut du navigateur d’Apple permettent aux internautes de bénéficier d’une interface pratique et fonctionnelle dès la première utilisation, sans avoir à modifier manuellement les réglages du logiciel. On pense à la page d’accueil et à la barre de recherche de Safari qui agrègent automatiquement les favoris, pages fréquemment visitées, contenus partagés, liste de lecture et onglets ouverts sur les autres appareils connectés au même compte iCloud.

Souvent présenté comme un équivalent du compte Google, le compte iCloud permet au contraire de synchroniser ses données de navigation sans créer de compte spécifique au navigateur. Mieux encore, iCloud unifie l’environnement macOS/iOS et permet une intégration complète des apps systèmes et de leurs contenus à Safari (liens partagés dans les Messages épinglés sur la page d’accueil et dans la barre de recherche, par exemple). La synchronisation iCloud facilite, par là même, le passage sans écueil d’un appareil Apple à l’autre, alors que l’on retrouve instantanément ses onglets ouverts, ses favoris, ses mots de passe, son historique de navigation sur un Mac, un iPhone ou un iPad secondaire.

Un avantage qui a tôt fait de se muer en inconvénient, alors que Safari n’est disponible que sur les systèmes Apple. A contrario, l’architecture multiplateforme et cross-plateforme de Chrome permet aux internautes d’accéder à leur compte Google, et donc à leur synchronisation web, depuis n’importe quel système d’exploitation desktop ou mobile. On précise qu’il est également possible de se connecter à son compte Google sur un équipement appartenant à un tiers, tandis qu’il est impossible de retrouver sa configuration Safari sur un appareil connecté à un autre compte iCloud que le sien.

Chrome et Safari partagent quelques fonctionnalités dont les modalités diffèrent en surface. Dans le cadre précis de la navigation en ligne, l’option « Handoff » déployée par Apple rappelle la fonction « Envoyer à vos appareils » développée par Google.

Handoff sur Safari
Envoyer aux appareils sur Chrome

Le mode lecture (à activer manuellement dans les flags sur Chrome) simplifie les pages web et les déleste de tout élément susceptible d’en ralentir le chargement (sites compatibles seulement sur Safari, tous les sites sur Chrome).

Mode lecture sur Safari
Mode lecture sur Chrome

La gestion des onglets est facilitée par la création de groupes et la prise en charge des Previews (survoler l’onglet avec la souris pour en faire apparaître le contenu en miniature) sur les deux navigateurs, ainsi que par un affichage global sous forme de vignettes sur celui d’Apple (icône quatre carrés en haut à droite de l’interface de navigation). Chrome se démarque, quant à lui, avec le déploiement récent d’un panneau latéral renvoyant aux résultats de recherche associés à la page consultée.

Gestion des onglets sur Safari
Panneau latéral de recherche sur Chrome

Au-delà de ce bref comparatif des fonctionnalités exclusives et communes aux deux navigateurs, on insiste sur le fait que Safari sera toujours plus respectueux des environnements Apple que Chrome. Parmi les détails crispants qui pourraient détourner les utilisateurs macOS du navigateur de Google, on peut citer l’obligation de maintenir longtemps le raccourci cmd+Q pour fermer Chrome quand une brève pression suffit à quitter toutes les autres applications installées sur le système. Même constat d’agacement quand Chrome décide d’ouvrir les Préférences dans un onglet peu visuel alors que n’importe quelle autre appli se plie à les afficher dans une fenêtre de configuration lisible, rapide et facile à paramétrer.

Préférences Safari
Préférences Chrome
"Êtes-vous certain de vouloir quitter Chrome ? Sûr ? Vraiment ?"

Safari vs Google Chrome - Les performances

Les benchmarks suivants ont été réalisés sur un Mac (MacBook Pro, Apple M1 Pro, 16 Go de RAM, mémoire Flash 1 To, macOS 12.6). Les mesures ont été relevées trois fois, puis rapportées à une moyenne pour chaque plateforme de tests.

La différence de performances est subtile, indétectable à l’usage, mais Safari fait légèrement mieux que Chrome selon Basemark et JetStream. Bien évidemment, on n’en attendait pas moins d’un navigateur spécialement développé pour les équipements macOS/iOS, mais les mises à jour plus nombreuses et plus régulières de Chrome auraient pu avoir raison des meilleurs résultats de Safari.

Sans surprise non plus, Chrome est plus énergivore que Safari sur les systèmes macOS, aussi bien en termes d’utilisation du processeur que de la RAM. À utilisation équivalente (ici, quatre onglets, dont un site d’informations, deux plateformes de diffusion vidéo et un service de streaming audio), il ouvre également davantage de processus, ce qui peut, en cas de multiplication des onglets et des fenêtres, alourdir la navigation et détériorer considérablement l’expérience utilisateur dans son ensemble.

Conclusion, pour préserver les ressources de votre Mac et profiter de performances optimales, mieux vaut privilégier le navigateur d’Apple.

Safari vs Google Chrome - La sécurité

Un navigateur se postant comme intermédiaire entre l’internaute et le web, il accède nécessairement à certaines informations personnelles comme les saisies au clavier (URL, contenu des requêtes, formulaires), l’historique de navigation (sites visités, liens cliqués, temps passé sur une page spécifique), les achats effectués, les mots de passe enregistrés, etc. Au regard de ce constat, et considérant les monopoles exercés par Google et Apple dans le secteur de la Tech, choisir entre Chrome et Safari revient-il vraiment à choisir entre la peste et le choléra ?

On le sait, Google tire l’essentiel de ses revenus de la publicité. En 2021, l’entreprise cumulait un chiffre d’affaires de 257,63 milliards de dollars, dont 209,49 milliards (plus de 81%) provenant directement de ses régies Ads et AdSense. Il ne fait ici aucun doute que Chrome, couplé à d’autres services Google (Gmail, Drive, Google Search, YouTube), constitue un merveilleux outil de collecte, de traitement et de revente de données personnelles.

Evolution du chiffre d'affaires de Google entre 2002 et 2021 (milliards de dollars). ©Statista
Distribution du CA de Google par segment d'activité entre 2017 et 2021. ©Statista

De son côté, Apple, qui a généré 365,82 milliards de dollars de CA en 2021, tire la très grande majorité de ses revenus de la vente de produits matériels (Mac, iPhone, iPad, Apple Watch). Chiffrée à 4 milliards de dollars sur la même année, la publicité représente seulement 1% du CA total de l’entreprise (régie maison Apple Search Ads). Un modèle économique qui permet à Safari de communiquer sur une meilleure protection de la vie privée et d’intégrer des modules anti-suivi (Intelligent Tracking Prevention, option anti-fingerprinting). Il convient toutefois de prendre cette information avec du recul, Apple ne cachant pas ses efforts pour renforcer sa présence sur le marché de la publicité en ligne.

Evolution du chiffre d'affaires d'Apple entre 2004 et 2021 (milliards de dollars). ©Statista
Distribution du CA d'Apple par catégorie de produit entre 2012 et 2022. ©Statista
CA d'Apple généré par la publicité en 2020 et 2021. ©Statista

Bien que le point de la confidentialité revienne à Safari, Chrome remporte, à peu de choses près, celui de la sécurité. Présent sur près de 75% des appareils desktop et mobiles dans le monde (Chrome + navigateurs basés sur Chromium), Google est scruté à la loupe et n’a pas le droit à l’erreur. Pour prévenir les failles critiques, maintenir le développement de technologies sécurisées et garantir la stabilité du navigateur, Chromium, et donc Chrome, est systématiquement mis à jour toutes les quatre semaines. L’entreprise a par ailleurs mis en place un programme de récompenses incitant les contributeurs à traquer les vulnérabilités qui passeraient sous le radar des équipes de Google, et des updates ponctuelles sont rapidement déployées en cas de failles de sécurité avérées.

Des engagements de réactivité auxquels Apple a bien du mal à se tenir. Safari bénéficie bien entendu de mises à jour de sécurité et de fonctionnalités, mais à fréquence et régularité moindres. On pourrait imaginer une meilleure sécurité générale du navigateur, permettant de se passer de patchs mensuels. Toutefois, les actualités récentes démontrent plutôt une prise en charge moins efficace des problèmes de sécurité sur Safari.

Alors, Safari ou Google Chrome ?

En dépit des atouts de Google Chrome (couverture multiplateforme et cross-plateforme, cycles de mises à jour rapides, intégration à l’écosystème Google très utilisé dans le monde, nombreuses possibilités de personnalisation), Safari demeure, à notre avis, la solution de navigation à privilégier sur les systèmes macOS et iOS.

Des deux navigateurs web comparés ici, Safari est celui qui respecte le mieux l’état d’esprit Apple et les mécanismes d’usage que les internautes s’attendent logiquement à éprouver. Sa parfaite intégration aux environnements macOS/iOS couplée à la synchronisation iCloud lui permettent d’interagir avec les contenus d’autres applications installées sur le système, mais également de gérer la bascule de la manière la plus fluide possible entre deux appareils Apple. On insiste malgré tout sur les limites de la synchronisation iCloud qui impose d’être connecté au même compte sur tous les appareils utilisés pour pouvoir profiter de sa configuration Safari sur un autre Mac, iPhone ou iPad.

Bien qu’il soit mis à jour moins fréquemment que Google Chrome, Safari demeure une solution correctement sécurisée car développée et gérée en interne par une grande entreprise, et pas n’importe laquelle. On lui reconnaît par là même une gestion plus respectueuse de la vie privée et des données personnelles, tableau sur lequel joue Apple depuis quelques années, en franche opposition à Google.

Il faut enfin se rendre à l’évidence : même si les performances sont équivalentes sur Chrome et Safari, le navigateur d’Apple consomme nettement moins de ressources (threads, CPU, RAM, batterie). L’expérience de navigation est fluide et rapide, au même titre que l’expérience système, quels que soient le nombre d’onglets ouverts et le type de contenus visualisés (texte, vidéo, audio).