Jeff Bezos, l'homme le plus riche du monde et fondateur de Blue Origin, a pu réaliser son rêve et voler jusqu'à la frontière de l'espace. Il était accompagné par son frère Mark, la pionnière Wally Funk et le jeune Oliver Daemen, devenu le premier passager payant de la capsule destinée au tourisme suborbital.
Les occupants de la capsule parlent d'une expérience incroyable.
New Shepard devient enfin réalité
Un temps clair et sans nuages sur des dizaines de kilomètres autour de Van Horn au Texas. C'est la vue qu'ont pu contempler les quatre passagers de la capsule New Shepard pour son premier vol habité (16e en tout), d'abord assis, puis en impesanteur derrière les grands hublots de leurs sièges. Après six années d'essais réussis et plusieurs années de retard, le programme atteint enfin son apogée avec un vol habité… Et les 9 jours de retard sur le concurrent Virgin Galactic (et son propre patron Richard Branson) n'ont finalement pas changé grand-chose à la fête. Le début d'une nouvelle ère… pour Blue Origin, en tout cas.
C'est aussi un pari réussi pour Jeff Bezos, qui était le premier à annoncer qu'il ferait partie de ce vol, et qui avait invité son frère à se joindre à lui. L'homme le plus riche du monde était aussi accompagné par Wally Funk, ex-membre des « Mercury 13 », ce groupe de femmes qui ne fut pas sélectionné par la NASA dans les premières années de la conquête spatiale pour des critères de genre alors qu'elles passaient les tests haut la main, et Oliver Daemen, premier client payant de Blue Origin. Ce dernier a remplacé au pied levé le gagnant des enchères pour près de 28 millions de dollars qui devait occuper la place et qui a finalement eu un « problème d'agenda » (!?). Lorsque leur véhicule a atteint la frontière de l'espace (la capsule est montée à 107 kilomètres d'altitude environ), Oliver, qui a 18 ans, est devenu le plus jeune astronaute de l'humanité, et Wally, à 82 ans, la plus âgée.
Qu'est ce qui monte, qui descend et qui ressemble à…
Les quatre passagers ont grimpé dans la capsule « NSS First Step » qui effectuait son 3e vol ce 20 juillet, environ 35 minutes avant le décollage. Ce dernier fut d'ailleurs retardé de quelques poignées de secondes pour quelques vérifications, puis les équipes au sol ont donné le feu vert. New Shepard a décollé à 15 h 12 pour un vol qui a duré comme prévu un peu plus de 10 minutes, dont quatre en impesanteur.
Blue Origin, qui n'a pas diffusé en direct depuis l'intérieur de la capsule (ce qui était relativement compréhensible, mais génère une coupure dans ce véritable festival de « belles images »), a ensuite observé l'étage propulsif de la fusée venir se poser sur son site d'atterrissage pour une 15e réussite d'affilée. La capsule elle-même, avec ses occupants ravis et en sécurité, est venue se poser quelques minutes plus tard grâce à ses trois parachutes. Extatique, le milliardaire et fondateur avait du mal à trouver ses mots et à cacher sa joie. Il ne s'est pas livré, comme son grand rival, à la lecture d'un message ou à un grand discours.
La meilleure expérience, jusqu'aux vols orbitaux ?
Rejoints par les équipes au sol, les passagers ont pu sortir, secouer le champagne et se féliciter d'avoir vu la courbure de la Terre avec leurs familles, leurs amis et les employés de Blue Origin.
Pour ces derniers, le marathon ne fait que commencer… Car, après ce vol réussi, deux autres sont prévus avec des passagers avant la fin 2021, dans les balbutiements d'un service commercial qui espère prendre son envol. À voir s'ils ne seront pas détrônés d'ici septembre par le prochain bond de géant pour le tourisme : un vol orbital de plusieurs jours en Crew Dragon.