Après une nouvelle parabole franchissant la Ligne de Karman (100 km d'altitude) ce 14 avril, la capsule de Blue Origin est qualifiée pour accueillir ses premiers astronautes, lors d'un prochain vol à la date non divulguée. L'entreprise, elle, s'attèle à mettre en forme « l'expérience » qu'elle offrira à ses clients.
Et pour cause, le vol lui-même dure dix minutes en tout.
Enfin la confiance
« It's time », a posté Jeff Bezos sur Instagram. L'homme le plus riche du monde était bien au Texas hier sur le site de Van Horn, pour assister à la répétition générale de la capsule New Shepard. Après un compte à rebours allongé de presque 40 minutes (il n'y a pas vraiment de fenêtre de tir) le temps de quelques vérifications techniques, le futur véhicule habité de Blue Origin a décollé à 18h50 (heure de Paris).
Le « Mannequin Skywalker » et les tiroirs remplis de cartes postales du projet Club For The Future présents à l'intérieur ont de nouveau pu profiter de la courbure de la Terre à l'apogée après 4 minutes et 7 secondes de vol. En effet la parabole a atteint 106 km d'altitude avant de chuter vers le sol et d'atterrir dans les petits buissons du désert du Texas, grâce à ses parachutes.
Ce 15e vol réussi en six ans (déjà le deuxième cette année) n'avait rien d'exceptionnel en soi… Si ce n'est qu'il était normalement le dernier de la (très) longue préparation du système New Shepard pour accueillir des astronautes.
Accompagnement et préparations
En effet, pour les opérations astronautiques, tout s'est joué avant le décollage, et après l'atterrissage de New Shepard. Blue Origin a notamment introduit au public le rôle de « CrewMember 7 », le 7e membre d'équipage.
Il faut savoir que la capsule elle-même ne contient que six places, et que l'entreprise a choisi de ne pas intégrer de superviseur au vol spatial… Ce qui ne veut pas dire que les membres d'équipage ne seront pas formés ou accompagnés. Les « CrewMember 7 » seront en effet présents dès l'arrivée des touristes et autres futurs astronautes à Van Horn pour les instruire, leur expliquer le déroulement du vol et leur faire vivre une simulation, avant de les accompagner dans le « Village astronautique » que Blue Origin veut mettre en place autour du site.
Ces encadrants iront jusqu'à les installer dans la capsule avec les derniers conseils (« les sacs en papier sont sous les sièges » par exemple) et ils seront les premiers visages que les passagers verront à leur retour, puisqu'ils seront présents à l'ouverture de l'écoutille. Tout un programme !
Hier, on a donc observés ces fameux CrewMember 7 entrer dans New Shepard dans la dernière heure du compte à rebours, s'entraîner avec l'écoutille et répéter leurs gammes au-dessus d'une fusée déjà chargée en hydrogène et oxygène liquide.
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Pas de réservations
Reste que l'entreprise est restée silencieuse sur plusieurs points. En effet on sait d'ores et déjà que les premiers passagers seront des employés de Blue Origin… Mais la date du vol est pour l'instant un secret bien gardé (certains spéculent sur le 20 juillet, anniversaire d'Apollo 11 sur la Lune). Surtout, aucune annonce n'a encore été faite concernant l'ouverture des vols au public.
Quel « package » sera proposé, et à quel prix ? Combien de vols seront opérés par an ? Y aura-t-il de nouvelles capsules à l'avenir ? L'entreprise ouvrira-t-elle un service low-cost ? De fait, Blue Origin « envisage un avenir où tout le monde pourra accéder et travailler dans l'espace »… Mais selon le chèque qu'il faudra débourser, la clientèle ne sera pas la même.
En tout cas, malgré le temps long qu'il aura fallu pour développer son système (et qu'il reste peut-être avant que ses passagers puissent accrocher leurs « ailes » sur leurs combinaisons), Blue Origin parait en bonne position pour attaquer frontalement le marché du tourisme suborbital face à Virgin Galactic, qui a encore besoin de plusieurs vols d'essais.
Source : NASA Space Flight