Pratiquement 17 ans après le début de l'aventure, Virgin Galactic a transporté pour la première fois quatre passagers au-delà de 80km d'altitude. Le milliardaire Richard Branson, qui voulait être le premier passager, est revenu ravi de son vol. Au nez et à la barbe de Blue Origin.
Reste que ce n'est pas encore tout à fait du « tourisme »…
Vieille promesse tenue
Depuis quelques jours, Denis Tito doit se demander s'il a vraiment volé dans l'espace. Le milliardaire, qui était en orbite sur la Station Spatiale Internationale il y a 20 ans en avril 2001, a pu sourire des titres de journaux décrivant Richard Branson comme le pionnier du tourisme spatial. Reste que ce 11 juillet 2021, le fondateur de Virgin Galactic a enfin tenu sa promesse d'être le premier « touriste » de son entreprise à voler à la frontière de l'espace.
Après une campagne médiatique intense et réussie et avec plusieurs centaines de célébrités, journalistes et accompagnateurs invités au Spaceport America (Nouveau-Mexique), l'avion fusée VSS Unity a réalisé son vol avec un équipage complet. En effet, même s'il s'agit du quatrième vol à plus de 50 miles d'altitude (80 km) de l'appareil, ce dernier n'avait jamais embarqué 4 passagers jusqu'ici. Pour accompagner les deux pilotes Dave MacKay et Michael Masucci, on retrouvait donc dans la cabine aménagée le célèbre milliardaire Richard Branson, la responsable des astronautes chez Virgin Beth Moses, l'ingénieur en chef Colin Bennett et la vice-présidente des opérations gouvernementales et scientifiques, Sirisha Bandla.
Virgin Parabolic
L'avion porteur VMS Eve a décollé du spaceport America à 16 h 43 (Paris), puis a entamé une série de circuits au-dessus du désert, culminant à 17 h 23 par le largage de l'avion fusée VSS Unity. Ce dernier a ensuite allumé son moteur fusée avant de prendre de la vitesse et de s'élever jusqu'à environ 86 kilomètres d'altitude, franchissant la frontière de l'espace reconnue par les Américains… Rappelons qu'il y a débat vis-à-vis de la Ligne de Karman à 100 km, mais qu'au plan physique lui-même, cela n'a pas de changement significatif.
Après quelques minutes d'impesanteur, les quatre occupants de la cabine sont venus se rattacher à leurs sièges, tandis que le système de queue pivotante de l'appareil assurait sa stabilité. Après son retour dans l'atmosphère, VSS Unity a doucement plané pour rejoindre sa piste de départ, atterrissant sans incident, à 17 h 40 (heure de Paris).
Franchir la ligne à tout prix
Le direct de Virgin Galactic aura probablement fait écarquiller les yeux des plus assidus des habituels spectateurs et spectatrices des lancements. Stephen Colbert en présentateur principal (y compris avec ses blagues, créant un certain malaise), une communication martelant à quel point l'humanité toute entière allait être bouleversée par ce vol révolutionnaire, et une publicité explicite pour les marques partenaires (New Mexico True, Land Rover, Under Armour), voilà qui préfigure peut-être la véritable nouveauté des vols touristiques commerciaux…
À voir en tout cas comment cela va se préciser pour concerner de véritables touristes. Car malgré la communication intense de Virgin Galactic, les occupants du VSS Unity étaient tous des employés de l'entreprise (ainsi que son fondateur), et non les premiers membres des 600 (riches) détenteurs d'un ticket pour un vol suborbital. Mais l'essentiel n'était pas là, car le pari de Virgin Galactic et de Richard Branson, c'était aussi de « passer devant » Jeff Bezos et Blue Origin, dont le vol suborbital est prévu le 20 juillet. De ce côté-là, le pari est tenu.
Source : Virgin Galactic