Futur coup dur pour Blue Origin ? Devant l’émergence rapide des vols spatiaux commerciaux, la Federal Aviation Administration a réévalué les critères permettant d’attribuer des Ailes d’astronautes.
Et les passagers des vols suborbitaux de Blue Origin semblent a priori exclus d’office.
Qu’est-ce qu’un astronaute ?
Le débat fait rage depuis plusieurs semaines, quand Jeff Bezos, patron de Blue Origin, et Richard Branson, patron de Virgin Galactic, se sont lancés dans une course au premier milliardaire capable d’atteindre l’espace dans son propre vaisseau. Il faut dire que la frontière naturelle entre l’atmosphère et le vide spatial n’est pas abrupte, mais au contraire progressive.
Pour la Fédération aéronautique internationale, l’espace commence à la ligne de Kármán, à 100 km d’altitude. A contrario, l'altitude de 50 miles, environ 80 km, a été retenue par la FAA. Une altitude à laquelle un aéronef, comme le SpaceShipTwo, peut encore évoluer et manœuvrer marginalement. De manière très schématique, la frontière de la FAA correspond à la limite basse de la mésopause, tandis que la frontière de la FAI correspond à la limite haute de cette même mésopause.
Jusqu’à présent, des vols suborbitaux à 80 km comme sur le SpaceShipTwo, ou à plus de 100 km comme avec New Shepard, permettaient à leurs passagers d’obtenir des Ailes d’astronautes de la FAA, tandis que la FAI n’accordait son statut d’astronaute qu’aux seuls passagers de la capsule de Blue Origin. Mais les choses pourraient bien changer à l’avenir.
La FAA revoit sa réglementation
Le Bureau du Transport spatial commercial de la FAA a récemment publié les nouvelles consignes permettant d’attribuer des Ailes d’astronautes. La limite de 50 miles (80 kilomètres) est toujours de mise. Néanmoins, l’administration ajoute comme condition que les membres d’équipages devront réaliser durant le vol « des activités essentielles à la sécurité publique, ou contribuant à rendre le vol spatial habité plus sûr ». Ce faisant, la FAA cherche à rapprocher ses critères d’attribution de sa mission première, qui est de garantir la sécurité des vols commerciaux, qu’ils soient aériens ou spatiaux.
Mais cette nouvelle réglementation interroge sur les deux récents vols suborbitaux. D’après Virgin Galactic, les quatre passagers du vol du 11 juillet ont contribué à évaluer l’équipement du vaisseau, et ont conduit quelques expériences visant à démontrer les capacités de recherche scientifique suborbitale. Reste alors à savoir si cela peut être considéré comme une activité contribuant à la sécurité des vols suborbitaux.
Pour le vol de New Shepard du 20 juillet, la situation est encore plus simple. Aucun des quatre passagers n’a piloté le vaisseau de Blue Origin, et aucune activité prise en compte par la FAA n’y a été menée. De quoi exclure de facto ce vol, et les prochaines incursions spatiales de Blue Origin, du programme d’Ailes d’astronautes de la FAA. À moins, bien entendu, que cette dernière n’accepte de délivrer des Ailes à titre honorifique. Une possibilité que l’administration se réserve pour les individus ayant contribué à promouvoir l’industrie du vol spatial commercial…
Une situation on ne peut plus floue, qui tranche radicalement avec les critères d’attribution de la FAI, ou ceux de la NASA d’ailleurs.
Source : SpaceNews