La branche SpaceLogistics de Northrop Grumman fournit ses services orbitaux via l'exploitation des MEV. © Northrop-Grumman
La branche SpaceLogistics de Northrop Grumman fournit ses services orbitaux via l'exploitation des MEV. © Northrop-Grumman

Lancé l’année dernière depuis une fusée Ariane 5, le remorqueur spatial MEV-2 de Northrop-Grumman a réussi à s’amarrer hier au satellite Intelsat 10-02, dont il prolongera la durée de vie de plusieurs années. Cette deuxième mission réussie pour le remorqueur de Northrop-Grumman s’est avérée bien plus complexe que la mission MEV-1, lancée fin 2019.

À terme, les capacités de remorquage, de ravitaillement et de réparation développées par le groupe américain pourraient permettre de limiter la pollution spatiale.

Le remorqueur spatial vu par Northrop-Grumman

Les premiers travaux conduisant à la création du Mission Extension Vehicle ont démarré au tout début des années 2010 chez Orbital ATK, absorbée par Northrop-Grumman en 2018. À l’origine, l’idée était déjà de développer un remorqueur spatial compatible avec la plupart des satellites en orbite. Ses principales missions : le sauvetage de satellites placés sur une mauvaise orbite, la remise en service de satellites à court de carburant ou la désorbitation de satellites présentant le risque de devenir des débris spatiaux.

En effet, la date de péremption d’un satellite ne dépend pas vraiment de la qualité de ses composants, mais plutôt de la quantité de carburant qu’il transporte. Les ergols embarqués sont nécessaires pour réorienter un satellite, pour le faire manœuvrer ou tout simplement pour compenser les très légères frictions de l’atmosphère résiduelle ou des vents solaires.

En octobre 2019, MEV-1 était ainsi lancé de Baïkonour. Sa mission : rejoindre le satellite Intelsat 901, placé en orbite cimetière, et le ramener en orbite géosynchrone. La capture a ainsi eu lieu le 25 février 2020, et MEV-1 doit rester accrocher à Intelsat 901 pendant 5 ans, période durant laquelle le carburant et les moteurs de MEV-1 permettront au satellite de manœuvrer et donc de redevenir opérationnel.

Une deuxième mission bien plus complexe

La mission de MEV-2 s’établit également dans le cadre du contrat signé en 2016 avec Intelsat et visant à prolonger la durée de vie de leurs coûteux satellites de communication géostationnaire, évitant ainsi de les remplacer inutilement.

Mais, contrairement à Intelsat 901, le satellite Intelsat 10-02, capturé hier, n’était pas en orbite cimetière, il était encore opérationnel sur son orbite de travail. Dès lors, les manœuvres d’approche et de capture ont été faite avec une extrême précaution. Toute collision entre MEV-2 et IS10-02 aurait en effet pu créer un nuage de débris potentiellement gravissime sur cette orbite très fréquentée. Après plusieurs semaines d’approche, de calibration des instruments et de tests, la capture est désormais effective, permettant de prolonger l'existence d'IS10-02 d’au moins cinq ans.

Northrop-Grumman ne manque pas d’ambition pour ses remorqueurs. À terme, les remorqueurs pourraient servir de ravitailleurs en carburant, impliquant toutefois de prévoir une telle fonctionnalité dans le design des futurs satellites.

Les MEV pourraient aussi permettre de sauver des satellites placés sur la mauvaise orbite à la suite d'une défaillance du lanceur, ou bien désorbiter des satellites devenus dangereux. Enfin, les futurs MRV (Mission Robotic Vehicle) pourraient même mener des opérations de réparation de satellites, tout en déployant des remorqueurs plus légers (les MEP). De quoi limiter l'accumulation de débris et de déchets spatiaux.

Source : SpaceNews