De nouveaux véhicules font leur apparition au service des nano-satellites, pour les éjecter à un moment particulier, pour leur donner une trajectoire spécifique ou même pour les récupérer.
Transporteur au long cours
Sous la coiffe du lanceur Vega, qui n'a toujours pas pu décoller faute de conditions météorologiques favorables (les tentatives sont interrompues pour quelques jours), l'un des 53 satellites présents est un peu particulier… Il est lui-même un satellite de transport pour des satellites bien plus petits. Développé par la compagnie italienne D-Orbit, cet appareil qui mesure un peu plus que la taille d'une machine à laver (et pèse 150 kg) est nommé l'ION CubeSat Carrier. S'il n'est pas équipé de propulsion, il peut s'orienter très précisément, communiquer avec le sol et fournir l'alimentation électrique pour les satellites qu'il abrite durant plusieurs mois. Une fois en orbite, il ouvrira ses « casiers » et éjectera à la demande des CubeSats d'une taille comprise entre 1U et 12U (un U est un cube de 10 x 10 x 10 cm).
Vous allez en orbite ? Montez !
Ce nouveau type de service émerge pour des clients qui, malgré la taille de leurs satellites, sont à la recherche de solutions taillées sur mesure que ne peuvent pas toujours leur fournir les opérateurs de fusée. Difficile par exemple pour une université ou un petit pays d'identifier précisément son satellite lorsqu'il est éjecté à quelques secondes de nombreux autres, lors de leur arrivée en orbite. Et impossible pour un lanceur comme Vega, Soyouz ou Falcon 9, d'attendre plusieurs jours entre chaque éjection de satellite.
Ainsi, ces éjections avec un timing calibré et une poussée bien précise, peuvent faire économiser des portions significatives de carburant à ces tout petits satellites, ou bien leur assurer une meilleure couverture de la planète dans le cas de mini-constellations. Mieux, une plateforme comme ION permet à ses clients d'héberger uniquement une charge utile : antenne, matériau à tester, circuit électronique, récepteur, etc. En assurant pour eux tout le reste de la mission en orbite.
Un dispenseur français…
La start-up française Exotrail promet même d'aller un pas plus loin avec sa plateforme innovante Space Van. Le projet a remporté 100 000 € lors du « Challenge R&D » organisé par le CNES et repose sur cette idée de fournir à plusieurs dizaines de clients un satellite transporteur (ou « dispenseur »), cette fois équipé d'une propulsion autonome.
De quoi se déplacer pour atteindre des orbites toujours plus spécifiques et fournir un meilleur service. Plus évoluée, plus souple d'utilisation que les solutions actuelles, le Space Van pourrait décoller pour une première mission en 2023, selon le dirigeant d'Exotrail, David Henry. Et l'entreprise espère réduire le coût d'accès à l'orbite à seulement un million d'euros pour ces clients…
D'autres constructeurs envisagent déjà des transporteurs à double emploi, qui pourraient également récupérer des satellites à la fin de leur mission. Il faudra faire vite, la concurrence sur ce nouveau secteur s'annonce féroce.
Source : Exotrail