En orbite depuis décembre dernier, la petite navette de la Space Force est sur une trajectoire elliptique autour de la Terre. Mais dans les prochaines semaines, elle utilisera une technique d'aérofreinage rarement employée et en profitera pour larguer son petit module de service. Une nouvelle démonstration ?

Vue d'artiste de la navette X-37B en aérofreinage (même si là, elle n'a déjà plus son module de service) © Boeing Space
Vue d'artiste de la navette X-37B en aérofreinage (même si là, elle n'a déjà plus son module de service) © Boeing Space

La navette spatiale X-37B, en service depuis plus d'une décennie pour la défense américaine, est devenue experte pour jouer au chat et à la souris. Lors de ses dernières missions déjà, elle avait à plusieurs reprises allumé ses propulseurs pour changer d'orbite et « perdre » les agences et observateurs qui, périodiquement, l'observent, la reconnaissent et suivent ses activités.

Lesquelles consistent essentiellement à tester sur le long terme de nouveaux capteurs, des méthodes de propulsion, des matériaux spatiaux, des antennes… Bref, des matériels sensibles que la Space Force installe ensuite sur ses satellites de la défense.

Malgré tout, X-37B conserve ses réelles capacités secrètes, en matière de manœuvre comme sur ce qu'elle embarque dans sa soute ou dans son module de service. En décembre 2023, SpaceX l'avait envoyée sur une orbite elliptique avec la puissance de Falcon Heavy. Les militaires vont en profiter pour manœuvrer et tester des changements d'orbite en profitant de l'atmosphère terrestre.

Elle manœuvre, mais pas que

L'aérofreinage est une méthode simple sur le papier, qui consiste à plonger très légèrement dans l'atmosphère au point le plus bas de son orbite, ce qui permet, grâce à la friction avec les particules de l'air à très haute altitude, de freiner le véhicule, et donc de modifier son orbite sans avoir à utiliser le moteur.

Dans la pratique, c'est un peu plus complexe, car il faut d'abord disposer d'un satellite ou d'un véhicule capable de résister à ce passage dans la haute atmosphère (échauffements, vibrations possibles, etc.). Deuxièmement, il faut que l'atmosphère en question soit particulièrement bien documentée. Et troisièmement, il faut une orbite initiale qui soit suffisamment haute, sinon le freinage va tout simplement mener à un retour sur Terre.

Les rares véhicules qui font de l'aérofreinage sont généralement des sondes martiennes ou vénusiennes, ou, dans une moindre mesure, les vieux étages de fusée qui sont sur des orbites elliptiques. X-37B est donc dans une série de manœuvres particulièrement inédites. Le communiqué précise que le véhicule en profitera, à basse altitude, pour larguer son module de service qui a terminé sa mission, lequel se désintégrera beaucoup plus vite.

Elle en a dans le ventre ! Oui, mais quoi ?... © US Air Force / Space Force
Elle en a dans le ventre ! Oui, mais quoi ?... © US Air Force / Space Force

Des capacités laissées à interprétation

Il faut noter l'intéressant jeu de communication auquel se prête la Space Force en révélant cet exercice de la part de la petite navette construite par Boeing. Car les manœuvres peuvent rester secrètes des années durant, et elle n'était pas obligée d'en parler.

Toutefois, cela met en valeur la question de la gestion des débris orbitaux (le module de service n'encombrera pas longtemps l'orbite basse) autant que celle des capacités du X-37B. Et il n'est pas difficile de noter que si un véhicule a la précision de propulsion nécessaire pour se présenter précisément pour de l'aérofreinage, il est très proche de pouvoir, sur une orbite elliptique, choisir un point du globe où larguer une charge utile pour qu'elle rentre dans l'atmosphère. Le message est passé…

Source : SpaceNews