Un vendredi pas comme les autres pour SpaceX… Avec ses deux derniers tirs orbitaux de 2023. Mais surtout, un décollage très important pour emporter la petite navette X-37b en orbite haute avec son lanceur lourd Falcon Heavy. Une réussite, et comme d'habitude beaucoup de questions sur la mission du véhicule.
Le décollage devait initialement avoir lieu le 11 décembre, mais un problème sur les installations au sol était survenu, qui avait retardé le décollage de la puissante fusée Falcon Heavy. Cette dernière était même revenue dans son hangar pour quelques jours, avant d'en ressortir le 28… Et cette fois, le compte à rebours est arrivé à son terme ! Le 29 décembre à 2 h 07 (Paris), la fusée de SpaceX a allumé ses 27 moteurs pour quitter le Centre Spatial Kennedy et s'envoler au-dessus de la Floride.
Les derniers vols de 2023
C'était presque le dernier lancement de SpaceX cette année, avec un vol de Starlink qui a décollé quelques heures plus tard… Pour se terminer sur un compte impressionnant : 96 tirs orbitaux de la famille Falcon (dont 4 Falcon Heavy) en 2023, et 100 % de succès. La couverture de ce vol a permis de suivre l'impressionnante performance technique des premiers étages, dont le retour et l'atterrissage réussi des deux boosters auxiliaires de Falcon Heavy, avant de laisser secrète la suite du lancement. Et pour cause, la mission de la navette X-37B est gérée par la défense américaine.
X-37B joue une nouvelle partition
La petite navette X-37B existe depuis plus d'une décennie, et elle est aussi appelée OTV (Orbital Test Vehicle). Cette mission est la 7e en tout, mais il existe deux navettes, qui se relaient et partent successivement en orbite quand elles ne sont pas en préparation dans les hangars de Boeing en Floride. Il s'agit donc du 4e décollage de cette navette en particulier (la n°2), et il est un peu particulier. En effet, tous les précédents avaient lieu avec des lanceurs de moyenne capacité, Falcon 9 et Atlas V « nu ». Suffisant pour emporter X-37B en orbite basse, où elle restait et pratiquait ses expériences durant parfois plus de deux ans en orbite (le record est de 908 jours) avant de revenir se poser de façon autonome sur la piste du Centre Spatial Kennedy.
L'utilisation de Falcon Heavy montre que la Space Force et l'US Air Force vont tester une orbite plus haute, elliptique, pour tester d'autres matériels. On sait également que depuis quelques vols, la navette dispose d'un module de service à l'arrière, qui l'aide pour sa propulsion, mais qui contient également des expériences. Il est largué juste avant son retour sur Terre et désintégré.
Quelles capacités pour la navette secrète ?
Le grand public prête régulièrement des capacités extraordinaires à la petite X-37B, qui est particulièrement résistante et facile à manœuvrer, mais n'est pas conçue pour des missions extrêmes… D'autant qu'elle est régulièrement suivie par des agences et des instituts indépendants depuis le sol. On connait même une partie des expériences qu'elle embarque dans sa soute ! La NASA a fait par exemple embarquer une expérience avec différentes graines pour évaluer lesquelles ont la croissance la plus efficace (laitue, tomate, oignions, blé, il y a 8 espèces). X-37B, sur son orbite elliptique, testera sans doute les effets des radiations sur différents composants électroniques en traversant plusieurs fois et sur de longues périodes les ceintures de Van Allen.
Il peut également y avoir des optiques particulières ou des capteurs à tester avant qu'ils soient installés dans les futurs bijoux de la défense américaine, de l'observation d'autres satellites, et un jeu du chat et de la souris.
En effet, selon plusieurs observateurs et responsables de la défense américaine, le lancement au début du mois de la petite navette réutilisable chinoise (surnommée Shenlong) n'est pas un hasard de calendrier. Vont-elles s'épier mutuellement ? C'est bien possible. Pour se rendre visite, ce sera plus difficile (leurs orbites sont trop différentes et cela nécessiterait énormément de carburant). Quoi qu'il en soit, il faut désormais compter sur deux navettes réutilisables…
Source : SpaceFlight Now