La navette X-37B lors de sa mise sous coiffe. Notez sa grande soute dorsale. © US Space Force
La navette X-37B lors de sa mise sous coiffe. Notez sa grande soute dorsale. © US Space Force

La petite navette X-37B de l’US Air Force a décollé hier depuis Cape Canaveral, pour se rendre en orbite basse. Cette sixième mission est drapée dans le secret, mais les autorités font preuve d’ouverture.

On connait ainsi une large part des expériences embarquées.

La moins connue des navettes

Cela fait dix ans que X-37B a fait son premier voyage en orbite. Construite en deux exemplaires par Boeing au Centre Spatial Kennedy, elle appartient à l'US Air Force et l'US Space Force, qui s'en servent en orbite basse (en général à moins de 450 km d'altitude).

X-37B est utilisée pour tester différentes charges utiles stockées dans sa soute qui ont, au fil des années, fait l'objet de nombreuses spéculations, même si dans ce domaine certains fantasmes dépassent de loin les capacités réelles de la petite navette.

Automatisée, X-37B est munie de panneaux solaires et peut manœuvrer seule pour rentrer se poser sur la longue piste de Floride qui accueillait il y a une décennie les navettes STS de la NASA. L'un des atouts majeurs de X-37B est son autonomie : en dix ans, les deux exemplaires ont passé 2 865 jours en orbite, soit huit ans !

La navette après son retour sur le tarmac du Centre Spatial Kennedy. © Boeing
La navette après son retour sur le tarmac du Centre Spatial Kennedy. © Boeing

3, 2, 1, c'est parti !

Le décollage a eu lieu dimanche 17 mai à 15h14 (heure de Paris) avec une journée de décalage par rapport au planning initial, la faute à une météo exécrable.

United Launch Alliance, chargée du lancement avec sa fusée Atlas V, a pu diffuser le décollage en direct jusqu'à T+5 minutes seulement, ce qui est traditionnel pour les tirs au service de la défense américaine… Aucun doute que la communauté des observateurs au sol, très curieuse quant aux activités de X-37B, essaiera de la retrouver rapidement, mais comme elle manœuvre, c'est un jeu du chat et de la souris.

Quoi qu'il en soit, le lancement s'est bien passé et la mission a pu démarrer comme prévu. Pour ne laisser aucun débris en orbite, l'étage supérieur Centaur a rallumé son moteur pour se consumer dans l'atmosphère au-dessus de l'Océan Indien.

Programme chargé

Pour ce sixième vol, X-37B emmenait plus d'expériences que jamais. Décollant sous une coiffe protectrice, les ingénieurs de Boeing ont réussi à ajouter une petite soute sous l'avant du véhicule, qui sera éjectée avant que la navette revienne se poser. L'appareil embarque également deux petites expériences de la NASA, l'une visant à évaluer le taux de radiation sur des graines en orbite basse, l'autre reposant sur une « palette » de matériaux qui seront exposés au vide spatial.

Un petit satellite (136 kg quand même) nommé FalconSAT-8, qui sera éjecté au cours de la mission, embarque ses propres expériences, tandis que dans la soute de X-37B se trouve aussi un test de transmission d'énergie à distance par micro-ondes.

Si la défense américaine n'a pas révélé la nature de toutes les charges utiles, la petite navette n'est plus au même niveau de confidence qu'au cours de ses premières années. Il faut dire qu'après une décennie, Boeing travaille à différentes évolutions pour son véhicule réutilisable. L'industriel a un peu de temps : la dernière mission de X-37B a duré 780 jours