Ce 5 avril, le lanceur super-lourd de SpaceX est à nouveau totalement assemblé sur le site de Boca Chica au Texas. Starship SN24 et son booster devraient bien tenter de s'envoler vers l'orbite, dès qu'ils recevront l'autorisation officielle. La fin d'une longue période d'essais, pour un programme qui va encore accélérer.
Les exemplaires suivants sont bientôt prêts.
Dans les starting-blocks (encore)
Depuis le mois de mai 2021 et le dernier essai en date de Starship pour un bref, mais concluant vol à 12 kilomètres d'altitude, la question du premier décollage orbital du vaisseau de SpaceX est sur toutes les lèvres. À commencer par celles d'Elon Musk qui, à de nombreuses reprises les deux années passées, a annoncé que le vol aurait lieu « d'ici quelques semaines ».
En vain. Il a d'abord fallu obtenir le feu vert gouvernemental pour des vols spatiaux depuis la Starbase, le site de Boca Chica au Texas, accordé l'année dernière sous conditions. Puis redoubler d'efforts sur le SuperHeavy, le booster de Starship capable d'accélérer le très lourd véhicule jusqu'à la frontière de l'espace et de revenir ensuite se poser sur son site de lancement. Enfin, il a fallu travailler sur une nouvelle génération de moteurs Raptor, la première développée par SpaceX ne convenant pas assez aux caractéristiques du lanceur. Mais cela fait presque 11 mois que les exemplaires actuels, le Starship SN24 et le booster BN7 suivent leurs parcours respectifs vers un vol orbital… Et les deux véhicules ont été une nouvelle fois assemblés à la verticale ce 5 avril 2023.
Les essais, c'est terminé
Contrairement aux assemblages précédents, on peut cette fois affirmer que la volonté de SpaceX, tout comme celle de son illustre fondateur, est centrée sur le vol d'essai orbital. Il restait toujours des étapes à terminer, comme l'installation finale des tuiles thermiques sur le Starship, ou l'essai simultané de mise à feu des 33 moteurs (finalement 30) avec le booster BN7, ou encore la mise à niveau pour renforcer la table de tir (qui ne dispose toujours pas d'un système de déluge digne de ce nom, il sera mis en place plus tard) en vue du décollage. Cette fois, du côté technique, tout semble bien en place. La « tour de lancement » qui permet avec ses bras mobiles de soulever les étages pour les placer sur la table fonctionne, et l'assemblage final a eu lieu ce 5 avril, avant des tests avec les interfaces pour le remplissage en ergols des réservoirs. Il ne manque plus que le fameux « coup de tampon » de la FAA.
Le papier pour les gouverner tous
En effet, Starship est encore un véhicule en développement, et si le site de Boca Chica est capable d'envoyer des fusées dans l'espace, le lanceur super-lourd doit obtenir une autorisation au cas par cas pour chaque essai en vol, délivrée par les autorités américaines (la FAA, ici). Ce document n'est pas une formalité, mais de nombreux observateurs proches de SpaceX annoncent d'ores et déjà que l'autorisation sera délivrée dans les jours à venir. Pour une tentative dès le 10 avril ? Des zones d'exclusion ont été émises à cette date. Les rumeurs vont bon train, un autre calendrier évoque le 16 avril, tandis qu'Elon Musk a laissé entendre qu'il aimerait bien que ce soit le 20. Il semble acquis que tout n'est plus qu'une question de jours…
Trois, deux, un… décollage ?
Attention tout de même, une tentative de vol n'indique pas toujours un décollage orbital à la fin du compte à rebours. SpaceX ne peut, avec une fusée aussi imposante, risquer de détruire ses installations en sautant les étapes : beaucoup de paramètres peuvent mener à une annulation du décollage à quelques secondes de l'instant fatidique, ou même à l'allumage des moteurs. Si toutefois Starship/SuperHeavy décolle, le spectacle sera au rendez-vous… Et il faudra souhaiter pour l'entreprise que l'ensemble puisse quitter rapidement le site de lancement. Non seulement ce dernier va souffrir d'une protection insuffisante face à la puissance des 33 moteurs du premier étage, mais SpaceX espère surtout le préserver d'une explosion en vol ou au sol après deux années de travaux et d'améliorations.
Que Starship parvienne ensuite jusqu'à l'orbite ou non, même si cela reste l'objectif final, est pratiquement anecdotique : peu d'observateurs, y compris dans l'entreprise, s'attendent à un succès total. Et d'autres exemplaires s'alignent déjà pour prendre la place de SN24 et BN7, en attendant que les équipes corrigent les inévitables erreurs qui seront découvertes au cours du vol. Que le spectacle commence !
Source : Space.com