Malgré le brouillard qui enveloppait le site de Boca Chica (Texas), SpaceX a fait décoller son nouveau prototype du vaisseau Starship ce 30 mars. Les efforts apportés pour améliorer et régler les moteurs n'ont pas encore porté leurs fruits : le SN11 a explosé lors de sa phase d'atterrissage.
Elon Musk vise déjà les essais pour ses successeurs.
Appelez les Vengaboys !
Depuis début décembre, les tentatives d'atterrissage des prototypes de Starship se ressemblent, malheureusement pour SpaceX. Ce 30 mars, afin d'éviter des vents en haute altitude prévus l'après-midi sur le site de Boca Chica au Texas, SpaceX a tenté un décollage dès l'ouverture de la fenêtre de tir, à 8 h 00 du matin, heure locale (15 h 00 heure de Paris). L'essai, bien préparé en amont, n'a souffert d'aucun retard, et ce malgré l'épais brouillard qui rendait toute tentative d'observer Starship décoller illusoire : allumant ses trois moteurs Raptor, le prototype SN11 a rapidement gagné de l'altitude, puis coupé ses moteurs un par un, exactement comme pour les essais précédents.
À peine au-dessus des 10 kilomètres d'altitude, le dernier moteur s'arrête pour une phase de descente à l'horizontale, contrôlée par les surfaces aérodynamiques du véhicule (plans canard à l'avant, ailerons à l'arrière). Puis, à quelques centaines de mètres du sol, les moteurs se rallument pour un basculement à la verticale, et un dernier freinage… En théorie. Car comme pour SN8, SN9 et SN10, quelque chose s'est mal passé.
Monter, ça va, descendre, bonjour les dégâts
À cause du brouillard sur la zone, il est difficile de connaître la source exacte de l'explosion de Starship, mais ce dernier s'est bel et bien écrasé sur sa zone d'atterrissage. Elon Musk, prompt à répondre aux nombreuses interrogations sur twitter, a expliqué que le moteur Raptor n°2 avait souffert d'un souci lors de la montée comme lors de son rallumage, mais cela n'aurait pas du empêcher le véhicule de se poser.
De leur côté, de nombreux observateurs (y compris sur place) estiment que le système de sauvegarde a fait détonner Starship avant même qu'il puisse toucher le sol : c'est une éventualité à considérer si l'ordinateur de bord a estimé que le véhicule s'écartait trop de la bonne trajectoire, mais seule l'étude des débris sur place (et d'autres tweets ou communiqués de SpaceX) pourra répondre définitivement à cette question. Heureusement, le site étant évacué, il n'y a aucun blessé sur place.
Starship trop peur
Le rythme des essais en vol s'est considérablement amélioré depuis SN8, si bien que deux exemplaires ont tenté leur vol parabolique ce mois-ci. Pour la suite, les prototypes SN12, 13 et 14 n'existent pas ou plus : à la suite de changements de design structurel, logiciel et de moteurs, le site de production a concentré ses efforts sur l'exemplaire SN15, qui sera le prochain à être transporté sur son pas de tir pour y être mis sous pression, puis testé en vol. S'il semble que les équipes de SpaceX bloquent encore sur la phase d'atterrissage, cette dernière n'est pas optionnelle pour la suite du programme : impossible d'envisager un véhicule « totalement réutilisable » si ce dernier ne peut se poser.
Toutefois sur le site de Boca Chica, d'importants efforts sont investis sur le premier étage qui devrait un jour être capable de propulser Starship pour en faire un véhicule orbital. Le premier exemplaire de ce booster « SuperHeavy », qui ne servira finalement que pour des essais structurels et d'assemblage, est complété aujourd'hui et les équipes de SpaceX l'utilisent pour se former en vue des suivants. Elon Musk s'est même fendu d'une petite promesse de calendrier en annonçant que le prototype SuperHeavy « BN2 » pourrait être sur son site d'essais fin avril.
Source : SpaceX